Lettre de PB, chercheur, à Antoine Léon, frère Dominicain, Président des Chrétiens et SIDA et membre du Conseil National sur le SIDA. (7/8/96)
Je ne sais comment te faire part de mon trouble suite à notre échange de mercredi dernier sur le thème du sida, et plus généralement sur le thème de la maladie et de la santé. D'un coté je reconnais comme admirable l'action des personnes qui s'impliquent dans la lutte contre le sida, et qui aident ceux qui en sont les victimes - comme tu le fais par exemple - (et qui peuvent être amenées à en souffrir de par les liens amicaux tissés avec ceux qui se meurent) D'un autre coté j'ai l'impression d'avoir reçu de ta part une fin de non recevoir sur un sujet important et majeur de notre époque : la compréhension du sida (et derrière le sida, la santé des hommes, et derrière la santé des hommes, I'état de l'humanité). Sorti de l'instant de l'échange qui nous a requis tous les deux, et alors que j'ai presque terminé cette lettre, je m'aperçois mieux de la manière inconvenante du déroulement de cet entretien. Il semble que nous ayons mené une bataille d'arguments, campant chacun sur une position de départ (le mental est fort à démontrer ce qu'il veut). Je me dis que le problème n'était pas là, dans une sorte de joute oratoire. Le problème était, et reste, dans la vie difficile des gens, dans la mort anormale de beaucoup, ainsi que dans la violence1 subie (violence sournoise et insaisissable et dans laquelle on baigne dorénavant). Le problème est aussi en amont dans ce qui cause tout cela. Le problème est de rechercher des solutions humaines. Entre deux personnes comme nous, je me dis qu'il y a problème quand il n'y a pas de possibilité de mise en commun des ressources de chacun, êtres intelligents et sensibles. Quand il y a problème, il y a solution. La solution serait de s'aider l'un l'autre dans l'échange, et de devenir ainsi une ressource commune au service du respect et du devenir de l'homme et de la vie. Je dis donc des choses que j'ai à dire suite à notre échange. Je le fais ici, au risque de te surprendre. Tu utiliseras comme tu voudras ces informations. Peut-être un besoin émergera de rapprocher nos réflexions, dans un dépassement de nous-mêmes.
Je souffre de la situation présente. Je ne suis pas sûr que tu cherches vraiment à comprendre à un autre niveau d'où vient cette réalité sidaïque, de quoi elle se compose, et ce qu'elle implique si on ne l'a remet pas en questionnement. Je comprends que cela puisse être étonnant pour toi de lire cela. C'est ce que je ressens, et je l'écris, car ça me paraît important de t'en faire part. Peut-on admettre qu'il n'y ait pas un "méta-système" dans lequel le "système-sida" (pour lequel tu oeuvres) prend place et par lequel il évolue ? Je ne le crois pas. Comment dès lors oeuvrer avec justesse dans le système sida, si on ne comprends pas l'existence de ce méta-système englobant, et comment il fonctionne. Ne pas comprendre ce méta-système, c'est comme, pour un médecin, soigner la tumeur sans comprendre le corps qui la porte. Je pense que pour comprendre le système-sida (et l'affaire sida), et améliorer la situation dramatique autour de ce "fléau", il faut prendre en compte le système englobant dans lequel il prend place, ses enjeux, et ses implications. Je dirais que c'est là une question de discernement dans le global. Le discernement dans le global conditionne le discernement dans le local. C'est parce que cela me paraît important que je prends le temps de rédiger cette "lettre". Je pensais écrire 3 ou 4 pages, un texte dont on peut prendre connaissance rapidement... Voilà que j'en suis arrivé à 32 ! C'est fou ! Peut-être aussi que le sujet est un peu fou aussi ! Et moi avec !? Cela me montre que j'avais une pression interne qui cherchait à s'ex-primer. La vérité se cherche. A propos de recherche de la vérité j'admire et je ne peux m'empêcher de trouver pertinent, ce que dit ton frère et ami Pierre Claverie, dont tu nous as recommandé la lecture à l'office de dimanche. Je cite ce qu'il écrit à la fin de la première page de son texte "VIVRE ET MOURIR". "En toute vie, il y a des heures où les choix révèlent ce que nous portons en nous et ce que nous sommes. Ce sont généralement des heures sombres. Il est possible de vivre longtemps en évitant le dévoilement de la vérité (c'est moi qui souligne). Nous sommes très habiles à l'empêcher et nous nous employons généralement à le faire car elle nous gène. Souvent même, nous y consacrons le meilleur de nos énergies. Combien de masques soigneusement étudiés et ajustés, de mensonges tellement vraisemblables que l'on s'y tromperait ! Combien de discours pour cacher la misère matérielle et morale, l'injustice et la barbarie, en les habillant de (...) Parfois le masque tombe, la vérité jaillit, la réalité fait tomber le décor qui la cachait (...) Si loin et si longtemps que nous ayons fui, nous serons amenés à cette "heure de vérité". Jésus nous apprend à regarder cette heure en face et à ne pas l'escamoter. Douce ou violente, accomplissement ou arrachement, nous avons à intégrer cette mort comme la réalité la plus révélatrice du poids de notre vie." Faire l'ajustement personnel pour admettre comme vrai une autre réalité peut aussi être une mort de soi-même, ou d'une partie de soi-même, et une naissance à autre chose. Je crois que la recherche de justesse et de vérité de Pierre Claverie nous aide à comprendre cela. Il pense à la mort physique, mais on peut aussi penser à la mort à soi-même, c'est à dire à la mort du vieil homme en soi pour redevenir petit enfant. On peut penser à la mort à des idées dépassées auxquelles nous nous identifions et qui nous maintiennent dans un état insatisfaisant. En écrivant ça ici et en citant ton ami, mort pour la vérité, et pour avoir une vie de vérité, j'ai conscience d'avoir à appliquer à moi-même ce que dit Pierre Claverie. Je ne sais qu'elle est la vérité, qu'elle soit locale ou globale. Je la cherche aussi... Entre-temps, je dois cheminer, comme chacun. Pour cela, je dois m'engager, agir, prendre parti. Pas d'ajustement possible sans chemin. On ne s'ajuste pas dans l'immobilité. Je sais donc que j'ai à m'ajuster chemin faisant. C'est ma recherche. Et ta recherche à toi, c'est quoi ? Ma recherche est elle-même chemin qui s'ajuste. Celle-ci s'est d'ailleurs accélérée au Claria de par ma proximité avec toi et tes frères dominicains. Vous contribuez à ouvrir en moi un chemin spirituel, de vérité vers Dieu, et de vérité vers le monde2. Dans ce moment de la disparition de Pierre Claverie, si cher à ton coeur, j'espère de tout coeur que j'agis justement en reprenant et en citant ici les paroles de cet homme digne. Je voudrais aussi citer ici une parole de Gandhi. "Ce n'est pas parce que nul ne voit la vérité qu'elle devient une erreur". Ce qui ne va pas Dans notre échange, peut-être n'as-tu pas perçu ce qui me rend perplexe, et même malheureux, à propos du sida et des hommes qui oeuvrent de près ou de loin dans son orbite. C'est cette perplexité qui m'a fait t'envoyer les documents de Mark Griffiths, de Guylaine Lanctôt, et de Bryan J. Ellison, et avoir un entretien avec toi. Avec un peu de recul, j'éclaircis mieux cela maintenant, et je peux exprimer ce que je ressens et le dire avec une pensée qui s'est précisée. C'est pour cela que je t'écris aujourd'hui. Je te fais part de ma réflexion après notre échange et un temps de recul. Merci d'accueillir le mieux possible mes propos, d'autant plus qu'ils sont longs et qu'ils couvrent un terrain plus vaste que le seul terrain du sida ! En plus d'être ce qu'il est dans des corps humains affaiblis, le sida est d'après moi une tumeur sociale et mondiale. Cette tumeur a pris naissance et se développe sur un corps social et mondial malsain. Elle est analogue à une tumeur qui prend naissance et se développe sur un corps humain en mauvaise santé. Le corps humain et le corps social souffrent du sida. Je reconnais, comme Pasteur à la fin de sa vie, que dans la santé, le terrain est primordial. S'il est primordial à la santé, il s'agit dès lors de l'assainir : assainir le corps humain, et assainir le corps social pour retrouver la santé. L'homme et le corps social sont en souffrance. Il y a à assainir. Pour ma part, je suis malheureux car on traite le sida comme la médecine traite la tumeur du corps: localement, sans chercher la cause de la tumeur, à savoir la mauvaise santé du corps. Je parle ici du corps physique autant que du corps social. Et je suis malheureux à propos du sida comme je le suis à propos du cancer : on le traite par la seule voie officielle, sans que les voies alternatives aient leur mot à dire. Or la voie officielle montre sa faillite dans le cas du cancer (I'épisode de l'Arc n'en est qu'un révélateur). Traitement local (symptomatique) et voie unique officielle de traitement sont deux moyens insuffisants face à cette situation complexe et confuse. - Le manque de vision globale amène des non-sens. Une vision holistique de la réalité qui prend aussi en compte le local me paraît plus sensée pour trouver le sens. Mais veut-on faire l'effort de penser à la fois le tout et les parties, et sortir des schémas linéaires réducteurs ? - Fonctionner dans une voie étroite institutionnalisée me paraît insensé. Les voies alternatives d'autres traditions et celles de sans grades de la santé qui recherchent, en général exclus de l'establishment, sont pourtant proches de l'homme et de sa vraie nature. Ces voies respectent l'homme en cherchant à le comprendre, globalement, et localement. Elles montrent des résultats intéressants. Mais veut-on les voir, ces résultats ? Je me plains aussi parce que j'ai le sentiment que toute cette souffrance du sida est le résultat d'un système "socio-politico-médical" englobant qui est pervers. Je pense que les fondements de ce système sont malsains. Je pense qu'il faut les améliorer, les faire disparaître si nécessaire, et pour cela, en amont, les comprendre. Je souffre d'autant plus que je vois que le mal qui déséquilibre l'homme et le corps social n'est pas pris à la racine. Et que ce mal alimente le mal sans qu'il soit vraiment dénoncé. Quand il y a dénonciations, celles-ci sont prises en compte, mais rentrent dans le ventre mou du système, et s'y perdent, par inertie et par manque de réactivité du système à se remettre en cause lui-même. Ma conviction est que le "sida officiel" -celui de la vision officielle de l'establishment sur la maladie-, alimente le système plus vaste que je dénonce ci-dessus. Ce système est à l'origine de l'état lamentable de notre planète et de l'humanité.
Le sida est un symptôme dans notre société.
Un traitement symptomatique est insuffisant. Je souffre aussi parce que le sida fait vivre et légitime l'action de beaucoup de personnes et d'organismes liés au sida. Le malheur des uns profite aux autres. Ne doit-on pas reconnaître que la souffrance fait vivre ? Ceux qui "tirent profit" du système sida (personnes ou organisations), le font inconsciemment et en toute bonne foi (pour la plupart). Ca n'est pas étonnant car ils ont été façonnés par le système. Par exemple, comment ne pas tirer parti du sida quand on est une multinationale pharmaceutique, en concurrence avec d'autres, avec comme seuls critères de performance des critères économiques (rentabilité, croissance avec profitabilité, et aussi l'emploi, mais l'emploi à une priorité moindre que la rentabilité) ? Et les dirigeants ? Quelle humanité gardent-ils de leur long parcours d'obstacles, depuis leur plus jeune enfance, pour arriver aux hauts postes qu'ils occupent. Quelle est leur sensibilité à l'humain ? Quels liens humain, sinon affectifs, ont-ils avec leurs clients malades inconnus ? Si le pouvoir corrompt comme on le dit, ont-ils succombé ? Comment dirigent-ils de telles entreprises qui influent sur la marche du monde ? Sont-ils en paix profonde avec eux-même (et donc avec les autres et le monde) par l'accès à leur être profond ? Celui-ci s'exprime-t-il dans leur travail ? Et nous ? Sommes-nous sensibles à notre souffrance, et à celle des autres ? Que faisons-nous dans le système, qui le maintienne ou le renforce ? Quelle conscience avons-nous de tout c,a ?
Quelle est la responsabilité de chacun dans l'état
du système et les souffrances qu'il peut occasionner ?
Les hommes ont-ils vraiment le contrôle du système
qu'ils ont créé ?
En me référant au fameux "...science sans conscience
n'est que ruine de l'âme" de Rabelais, je dirais :
"Action sans conscience n'est que ruine de l 'homme". Peut-être as-tu aussi senti de ma part un parti-pris inverse du tien. Je n'ai en tout cas pas cherché à te convertir à d'autres croyances. Tout au plus ai-je essayé de t'ouvrir à une autre réalité, le temps que tu en juges. Or, rentrer dans une nouvelle réalité demande qu'on lâche prise de ses croyances pendant un temps. Il me semble qu'au contraire, tu as analysé mes apports, écrits et verbaux, en référence à la seule vérité officielle et en cours, dans laquelle d'ailleurs s'inscrit l'action de Chrétiens et sida. Or ce sont les fondements du système en place, avec sa pensée unique qui l'anime, que je questionne ici, et sur lesquels j'attire ton attention. Et c'est cette pensée unique que je dénonce, comme beaucoup, parce qu'elle alimente les déséquilibres dramatiques dont le monde souffre.
Questionner le système sida, comme tout système
dans lequel on vit. On ne peut le questionner si on reste enfermé dans la pensée en vigueur dans le système. Pour deux raisons: d'abord parce qu'on ne peut penser un système en étant dedans, ensuite parce qu'un système en place n'autorise pas n'importe quelle remise en question, cela par souci homéostatique du système (le système veut se maintenir en vie, avec ses caractéristiques). On doit donc penser hors de la pensée du système pour pouvoir en juger la valeur et la validité. Mais alors comment sortir d'un système dans lequel on baigne, le temps nécessaire pour l'analyser et y porter un regard critique ? Comment examiner les présupposés de cette pensée, et les fondements du système ? La question qui vient ensuite est : si le système est insatisfaisant, comment décider ensuite, et quelles décisions d'actions prendre, pour faire émerger les nécessaires changements ? On peut s'apercevoir à moment donné que c'est moins le système qui est à questionner, que soi-même. On se pose alors d'autres questions. Que dois-je changer en moi pour être capable de questionner correctement le système ? En quoi un changement de comportement de ma part peut influer sur le système et le changer ?
Quand on souffre d'un système, questionner le système,
et se remettre soi-même en question. Où est l'architecte de la construction ? Y a-t-il un pilote dans l'avion qui nous mène ? Sans répondre à ces questions, on peut constater les résultats du système à l'oeuvre. Le monde, les sociétés, et les hommes sont déséquilibrés (de différentes manières). Les faibles, mais aussi les puissants, sont broyés dans leur nature humaine. L'homme, et son espèce sont menacés3 . La menace est extérieure : elle pèse sur notre écologie planétaire, régionale, et locale. Elle est aussi intérieure : notre écologie interne, à chacun et à l'espèce, aux niveaux de nos gênes, et de notre corps. A voir ces résultats, il paraît difficile de ne pas admettre qu'il s'avère inhumain. Les effets déséquilibrants du système (et de la pensée unique qui l'anime) croissent, hélas ! Et ils sont d'autant plus menaçants qu'il semble qu'il n'y ait pas d'alternative. Media et techniques de communication aidant, le fonctionnement du système "libéral" (dans lequel prend place le système sida) qui se répand mondialement, est subtil et fort à se maintenir, comme l'est généralement ce qui est pervers.
Notre système libéral (dans lequel s'insère
le sida) libère-t-il ? C'est ainsi, que, paradoxalement, cette liberté apparente renforce le système qui enserre. Nous concernant personnellement dans nos vies, nous sommes anesthésiés de fait dans un système doux et totalisant qui répond à tout et de tout. Nous y avons apparemment beaucoup de choix pour notre vie (en tout cas en occident développé). Ces choix nous font ainsi nous sentir libres. En fait, ces choix sont des faux-choix : nous sommes comme endormis par le système qui oriente nos comportements par son omniprésence. Sans que nous n'en ayons conscience, le système ne nous laisse pas le choix principal: le choix d'être nous. Nous sommes dépossédés de qui nous sommes, au fond et au tréfonds de nous même, par la superficialité de la vie qui nous est proposée. L'appel à la consommation, soutenu par la puissance de la communication, nous dépossède de nos vrais désirs d'homme. Il me paraît difficile d'affirmer que dans notre système libéral, la liberté est libre. Elle n'est pas libre, elle est forcée. Nous sommes en soumission librement consentie. C'est là le brillant résultat de l'action du marketing et des médias. La liberté est encore et toujours à défendre.
Que faire dans un système dit libéral ? Ceux qui se moulent dans le système n'ont pas toujours conscience qu'ils deviennent ce que le système fait d'eux, et non ce que eux-mêmes voudraient devenir. Ils sont un effet du système, plus qu'il n'en sont un acteur. Pour ne pas subir le système, il faudrait agir. Mais agir c'est s'exposer. On est exposé au doux totalitarisme de cette pensée unique défendue par la complicité inconsciente de la plus grande masse et de chacun. On risque l'exclusion douce, d'une manière ou d'une autre, par non-conformité ou incompatibilité avec le système. Certains qui sont mécontents, mais qui ne veulent pas s'exposer, prennent le profil bas sécuritaire : ne pas se faire remarquer et, s'ils savent repérer les faiblesses du système, en profiter au maximum. Par une sorte de phénomène compensatoire à la pression du système, au lieu de s'exposer, ils se posent en profiteurs cachés du système qui s'impose à eux. Ce faisant ils renforcent le système, I'obligeant à lutter contre les profiteurs de base.
La question reste : comment vivre et être soi dans notre
système libéral?
Les choses restent en l'état à cause d'enjeux
importants. - Enjeux personnels pour les différents acteurs. Les acteurs concernés par le sida (et plus largement par la santé) sont les malades, mais aussi les non-malades. Ils perçoivent une menace. Ce sont aussi les dirigeants d'industries ayant lien avec la sida, des dirigeants politiques, d'administrations, ou de syndicats, et les responsables d'associations oeuvrant dans le champ du sida (et de la santé). Les positions acquises (statutaires, financières, de pouvoir) par les acteurs ne sont par facilement remises en cause. - Enjeux sociaux locaux et globaux. Les modes naturels de vie en commun sont remplacés progressivement par des comportements artificiels issus de décisions médicales plus "scientifiques" que humaines. L'artificiel est plus facilement objectivable et manageable que le naturel. - Enjeux humains, de court terme pour la santé de certains. La "santé" est décidée et orientée par d'autres, sans réelle participation ni choix effectif des intéressés, malades réels ou potentiels. - Enjeux humains, de long terme pour l'évolution de espèce humain. Notre patrimoine génétique est menacé quand les fonctions biologiques et physiologiques sont remplacées de fait par des artefacts qui créent autre chose que ce qui a été mis en place par la nature au cours de l'évolution. Mais lutter contre ces dérives qui pèsent sur le court et le long terme est un travail titanesque. Le système a son inertie propre qui est collossable4 . Comment réorienter la direction du mastodonte ? Jésus s'y est frotté avant nous... D'autre part, qui n'a pas peur ? On perçoit l'enjeu humain crucial quand on pose la question de la peur face au sida. - Enjeux financiers pour les industries liées à la santé. Leurs critères sont avant tout des critères économiques et non des critères humains. La santé financière prime sur la santé humaine. La concurrence entre firmes disperse les moyens au lieu de les concentrer. Les entreprises concourent entre elles au lieu de concourir au bien commun (notamment au sauvetage des hommes et femmes qui en ont vraiment besoin : tiers et quart mondes). Les industries de la santé, de par leur obligation de performance économique, contribuent aussi à creuser les écarts entre pauvres et nantis, entre pays riches et pays pauvres... créant ainsi davantage de misère et donc de maladies (à soigner, ce qui fait encore rentrer de l'argent). Ce sont les nantis qui ont les moyens d'agir sur le système en place (le veulent-ils ?). Les autres sont occupé à consommer. Ceux qui ne consomment pas sont dans la misère et la pauvreté, à s'occuper à survivre. Mais qui ne consomme pas du tout ? Les pauvres sont aussi un marché exploitable, d'une manière ou d'une autre, y compris par les industries de la santé elles-mêmes (on pense aux "impératifs" des vaccinations), parfois par des "oeuvres" humanitaires. - Enjeux politiques. Il s'agit pour les dirigeants en place de contrôler et d'orienter les opinions dans le sens qui maintienne en place le système qui sert les dirigeants (en honneurs, pouvoir, et argent) et qui maintienne ceux-ci en place, entre eux, et dans un monde clos agréable (nomenklatura). - Enjeux médiatiques. Les médias sont les leviers majeurs d'une pensée unique. On sait ce qui les intéresse: faire sensation, capter l'attention, forcer la propension à consommer, et fidéliser le spectateur. L'humain et le social ne les intéresse vraiment que si ça sert ces intérêts. Sinon ça n'est pas présentable, ou alors il faut travailler la présentation pour la rendre présentable. Les médias présentent l'information comme ça les arrange, pratiquement en référence à leurs seuls critères d'audience (donc financiers). Les médias croient que leur mission est d'influencer par la présentation d'événements. N'est-elle pas plutôt de rendre compte de la réalité, avec un souci de recherche de vérité pour cerner le mieux possible cette réalité, et avec une obligation de transparence sur les moyens utilisés pour le faire ? - Enjeux mondiaux. On n'a pas toujours conscience que le paradigme médical est surtout un paradigme de guerre: attaque du corps par des agents extérieurs (microbes, virus, et maintenant protéines, comme le prion dans la maladie ESB de la vache folle et la maladie de Kreutzfeld-Jacob des humains), défense par des armes médicales (les médicaments), analyses de terrain (biologique), bombardements radiologiques... et si peu un paradigme de coopération. On vit depuis la nuit des temps dans ce paradigme de guerre. C'est un paradigme d'agitation et de concurrence qui donne l'impression (la sensation, et même le frisson) de vivre... La violence qu'il véhicule est intégrée dans la vie et normalisée (il suffit de constater le développement des services sociaux qui luttent contre les effets de la violence dans les familles et dans la vie sociale). Le paradigme de guerre (et de concurrence) incite à prendre des responsabilités et du pouvoir. Il vaut mieux avoir du pouvoir plutôt que de subir celui des autres. Ce paradigme permet à quelques happy few d'avoir le pouvoir sur la masse inerte des suiveurs rendus dociles. Il semble d'ailleurs que l'on ait maintenant les moyens de limiter en nombre la masse des suiveurs, et d'exproprier (comme ça s'est toujours fait) sans avoir à faire des guerres sanglantes. C'est ce qu'affirme Guylaine Lanctôt dans son livre "La mafia médicale". On peut imaginer facilement que les manipulations génétiques, la chimie et la biochimie, ouvrent beaucoup de perspectives à l'avidité du pouvoir... En tout cas, I'influence (rendue sournoise et sophistiquée par l'outil de la communication), dont le terrain d'action est le psychisme, remplace de plus en plus l'affrontement physique sur le terrain classique. Avec les moyens de la communication et des médias, I'époque moderne a sophistiqué les moyens de prise et de maintien du pouvoir... Cette réalité humaine et sociale, comporte aussi un enjeu personnel fort : c'est l'enjeu des remises en questions de soi. On est rarement prêt à se remettre en question. - On est attaché à ce qui nous est cher, et on ne veut pas s'en séparer. De même, on tient à ses croyances et à ses modes de vie, et on n'est pas prêt à en changer. - Nos habitudes - y compris nos habitudes de pensée - deviennent porteuses de notre identité avec le temps. Elles nous rigidifient si nous n'en prenons garde. Notre identité devient nos habitudes. Rares sont ceux qui sont prêts à changer leurs habitudes car ils s'identifient à elles. On veut bien en discuter. On veut bien aussi admettre (intellectuellement) qu'elles ne sont pas idéales. On peut aussi accepter des prises de conscience à un niveau plus profond. Mais quand ça nous dérange trop, on refoule !
Les enjeux sont nombreux qui tendent à maintenir les
choses en l'état. Et pourtant, tout bouge autour de nous. On crée beaucoup à notre époque. C'est vrai, mais on crée toujours à l'intérieur du même paradigme. Et, produite par le paradigme, les créations ont tendance à le renforcer en retour. C'est à croire que la pensée humaine ne peut se renouveler Peut-on rêver à un changement de paradigme ?
Des évidences d'insatisfaction - Les premières évidences sont les résultats atteints par le système en place, issus de sa longue l'histoire. Les évidences sur le sida en sont une parmi tant d'autres. Quels sont les résultats atteints au regard des moyens mis en oeuvre. Et pour le cancer, dont on promet depuis des décennies que l'on est sur la bonne voie, et qui, malgré cela, se répand ? En comparaison, étudie-t-on les résultats atteints par des solutions alternatives? Que donne par exemple le programme LIFE pour le sida ? Cherche-t-on à mesurer l'impact d'une mauvaise alimentation sur la dénaturation et la dégénération de l'homme (baisse de son système immunitaire, et dégradation de son patrimoine génétique) ? - Une autre évidence est la perte assez généralisée du sens. Sens de la vie de chacun, et sens dans lequel va le monde, et l'humanité. Qui peut répondre sur ces deux questions, pour lui et pour son environnement proche et lointain ? - J'ai cité plus haut de grandes évidences (les résultats atteints par le système) Les évidences d'insatisfaction et les résultats insuffisants montrent l'importance et l'urgence d'un changement.
Tout change autour de nous. Mais l'immobilisme reste. On peut avancer diverses raisons de cet immobilisme général constaté. - L'efficacité de la société de consommation et de communication à maintenir à niveau gérable les contestations éventuelles. Elle les recycle au profit du renforcement du système en place. - A titre individuel, on ne peut accepter des changements personnels qui remettraient trop en question qui nous sommes, dans notre structure, dans notre histoire, et dans notre culture. - A titre individuel encore, on peut tenir à sa position sociale et à son statut au point de ne pas risquer d'y porter atteinte. Surtout s'il y a du pouvoir, du prestige, et de l'argent qui y sont attachés. Avoir une attitude rebelle au système qui nourrit (et qui surveille) serait suicidaire. - On peut aussi se cacher la réalité pénible du monde. On ne veut pas en souffrir davantage qu'on en a souffert quand on était bébé ou tout petit (à cause notamment, et plus souvent qu'on ne croit, de traitements irrespectueux du tout petit par la mère, et/ou le père). C'est alors le refoulement de ce qui ferait re-souffrir. On préfère avoir la présence du connu de soi-même, plutôt que de se rendre présent à l'inconnu menaçant des autres et du monde. - Dans le même ordre d'idées, on peut vouloir rester l'enfant, ou l'adolescent, que nous avons été. (Inconsciemment, et souvent), on ne veut pas vivre les expériences qui font mûrir l'être, et dont on sait qu'elles risqueraient de faire perdre un (pseudo)paradis. On préfère souvent ne pas vivre avec tout son être, plutôt que de l'exposer aux dangers du monde. On préfère se construire et vivre dans un monde limité et sûr, et n'avoir qu'un abord intellectuel de la vie et des dimensions du monde. En quelque sorte, on préfère rester petit enfant. Alors qu'on devrait chercher à le redevenir, petit enfant (au sens de l'Evangile). Mais on ne peut le redevenir qu'après avoir pris concrètement la mesure du monde et de ses enjeux, et après avoir assoupli et dépassé ses programmations d'adulte par un travail sur soi en liaison avec ses expériences de vie. Redevenir ainsi petit enfant est la condition pour pouvoir porter un regard vierge sur les choses (et non à partir du système extérieur dans lequel on baigne). Et, paradoxalement, ce regard ne peut être compétent à observer la vérité des choses que s'il utilise les ressources apportées par les expériences passées. Continuer à grandir à partir de l'enfant que nous sommes, sans se rigidifier par les vicissitudes et le répétitif de la vie adulte, est un défi que peu d'entre nous relèvent. - Il y aurait bien d'autres raisons à ne pas vouloir se bouger, et notamment celle de s'imaginer qu'on ne peut aller seul à contre-courant de l'inertie du monde dans laquelle tout le monde se moule. Imaginer qu'on ne peut rien faire seul, c'est croire que l'action d'un seul ne vaut rien, ou qu'en tout cas elle ne peut avoir d'impact sur le plan global. Pourtant chaque bulletin de vote compte dans l'urne de la vie.
En exposant, je m'expose. J'hésite d'autant moins à écrire tout cela que je sais que le destinataire de cette lettre est un homme averti. Sa formation, son expérience, et ses responsabilités en témoignent. Ainsi que son choix de vie. L'Ordre des Dominicains constitue une lignée spirituelle et intellectuelle qui n'hésite pas à appeler un chat un chat ! Maître Eckhart en est un exemple illustre. Ce sont là mes écrits, et seulement mes écrits.
Défendre la cause et la nature de l'homme. Plutôt que de dire ce qui ne va pas, et si j'avais à choisir, je préférerais formuler ici des ambitions pour le futur de l'homme, et imaginer des moyens pour y arriver. Mais on sait bien que rien ne peut vraiment se décréter quand à la destinée de l'homme nous échappe. Nous ne pouvons que nous inscrire dans l'ordre de l'univers en cherchant à la comprendre et à l'accompagner le mieux possible, c'est à dire en cherchant le sens. Si je pointe ce qui ne va pas, c'est que je sens que ce qui se passe n'est pas sensé. Ca n'est pas la vérité. Pointer ce qui ne va pas peut aider à avancer sur le chemin de vérité. Nous avons à progresser dans la quête du sens. En attendant de reconstruire ou de trouver un sens, nous devons prendre conscience que ne traiter que les symptômes d'un système défectueux peut apporter du soulagement, mais n'améliore pas son fonctionnement. Ca peut même le renforcer. Nous devons chercher les causes profondes de ce qui ne va pas. Nous devons le faire en ayant en permanence présent à l'esprit la cause et la nature de l'homme.
Le cap à suivre ? La cause et la nature de l'homme. La cause et la nature de l'homme sont au fond de chacun de nous, et de l'autre, et non dans l'ego et dans l'intérêt matériel et sensoriel de surface.
L'ego est utile à la marche lors du cheminement. Mais il
ne peut nous guider sur La cause et la nature de l'homme sont d'essence divine !
Le cap à suivre se lit sur le compas divin.
Travailler sur soi pour faire bouger le système Seul on peut améliorer la situation : en travaillant sur soi, pour se libérer intérieurement de ce qui nous retient, et pour devenir souverain de soi à l'extérieur.
Travailler collectivement à changer les choses ?
Oui, mais il y a danger à institutionnaliser l'action collective. Je pointe ici la propension à l'échec des actions collectives initiées par des personnes qui n'ont pas fait certains dépassements personnels. Notre passé nous le montre largement. - Si les actions collectives ne sont pas menées par des personnes maîtresses et libres d'elles-mêmes, des effets pervers naissent qui sont liés à des phénomènes de prises de pouvoir, de prestige, et d'argent (quand il y en a en jeu). La caractéristique du pouvoir est de pouvoir ! Il fonctionne sur la modalité de possibilité. Chez des personnes faibles, peu scrupuleuses, ou peu structurées, quand tout est possible par le pouvoir, la contraignante modalité de nécessité disparaît, et avec elles les nécessaires valeurs de respect de l'homme. C'est alors que les dérives perverses apparaissent (abus de pouvoir, corruption, malversations...). Parallèlement aux prises de pouvoir se développe une "masse militante" rendue de plus en plus dépendante. Les militants de base se retrouvent progressivement frustrés de leur espoir mis dans leur militantisme, et dans le même état de "moutons" (forcément suiveurs) que celui qui les faisait souffrir avant. Plus sollicités par l'extérieur d'eux-mêmes que par leur propre intériorité, et sans ressources personnelles suffisantes pour lutter contre les abus de pouvoir (autres que de quitter l'action militante), les militants de base sont encore et toujours usurpés de leur sentiment de vivre en étant eux-mêmes (en accédant à leur identité profonde). Enfin, dans un contexte de pouvoir, les militants s'aperçoivent aussi qu'ils n'ont pas avec les autres personnes militantes de leur environnement les liens de confiance et de respect qu'ils recherchaient plus ou moins inconsciemment.
Aucun motif ne légitime des sacrifices humains. En s'institutionalisant (en devenant des "systèmes"), les actions collectives peuvent dépersonnaliser l'action et déshumaniser l'humain. Les personnes au sein du collectif risquent de devenir de simples instruments, et d'être dessaisies d'elles-mêmes, au profit du système. Les actions collectives peuvent perdre de vue leur raison d'être initiale, pour en arriver à ne penser qu'à elles-mêmes, à leur vie, à leur survie, et à leur promotion, en tant que collectif vivant. On peut penser à un exemple récent d'association montrée du doigt par Monseigneur Lustinger dans une histoire d'immigrés parisiens. Un corps collectif qui perd de vue sa raison d'être et n'est plus animé que par le souci de se maintenir et de perdurer est comme un homme qui ne vit que par l'ego, sans référence à l'être. Dit autrement, une action collective créée en corps institutionnel court le risque de l'égarement, comme l'homme peut s'égarer dans sa vie. En s'institutionalisant, une action collective coure le risque de devenir comme le système qu'elles dénoncent.
Chacun doit être libre de son action. Je dirais ici qu'un commandant de bateau doit connaître et reconnaître l'environnement dans lequel son bateau navigue, et il doit s'attendre à l'inattendu. Car la mer ne pardonne pas les erreurs. Il en va de la vie et de la mort, du bateau et de son équipage. C'est pour ça qu'un commandant consciencieux ne prévoit jamais assez ce qui peut advenir, et même, il cherche à prévoir l'imprévisible. Je peux dire ça car j'ai été commandant. De l'information existe, à disposition de ceux qui veulent porter d'autres regards sur la réalité humaine et sociale. Libre à chacun d'y accéder. Si l'information n'existe pas il doit la susciter. Chacun est commandant du véhicule de son être et de ses actions. Il est le seul maître à bord (après Dieu) pour naviguer sur la mer de la vie, de sa vie, avec l'information qu'il a acquise.
C'est à chacun de mener sa barque. J'ouvre une parenthèse ici, pour faire remarquer que de dire "chacun doit être libre de son action" fait peser sur les destinataires de cette phrase un non choix: la personne ne peut faire autrement que d"'être libre" (comme il lui est demandé). Obéir en devenant libre va à l'inverse de la liberté. puisque la personne doit s'exécuter (on peut concevoir que certaines personnes veulent ou ont besoin d'être dépendantes). C'est un paradoxe (paradoxe du "sois autonome" de Paul Watzlavick). Je pointe là la nature paradoxale de l'homme. Cette nature paradoxale vient d'après moi de l'acte de la création de l'homme (tous les hommes et chacun de nous). L'homme est créé. Il ne choisit pas de se créer lui-même. Il subit la loi de la création. C'est la loi divine qui s'impose à l'origine par la création. Après sa création, I'homme créé subit dans sa vie des lois. Ce sont aussi les lois divines (on peut les qualifier d'universelles). Ces lois imposent le dépassement de l'ego et de sa liberté (qui est cadrée et contrainte) pour retrouver l'Être et lui obéir (librement). Obéir ainsi aux lois divines est la vraie liberté. Là est, me semble-t-il, le paradoxe fondamental et fondateur.
Parler d'un parole d'homme libre Je sais surtout que j'ai de l'admiration pour lui a priori (cet a priori est comme l'essai au rugby: il est à transformer. Je l'admire car voilà quelqu'un qui a fait une belle carrière (il fait partie de l'Académie des sciences des Etats-Unis, et il est reconnu internationalement comme spécialiste de rétrovirus), et qui n'hésite pas à prendre une position difficile à tenir, seul (ou presque) face au monde. La parole de Duesberg est humaine et directe. Il n'utilise pas la langue de bois. Il répond lui-même de ses paroles et de ses actes. C'est un Être responsable autonome (et solidaire d'un courant de pensée), dans un monde difficile aux enjeux mêlés et complexes. En face de lui qui y a-t-il ? Il y a avant tout des porte-parole. Ce sont les porte-parole de la vision orthodoxe du système. Ils sont soutenus par ce système, le "système sida officiel" qui les fait vivre, les rassure, et les protège. Les porte-parole sont les dirigeants politiques, les responsables, ou de simples représentants, d'industries pharmaceutiques, les responsables d'association ou de syndicaux. Les porte-parole sont aussi des malades et des non-malades qui resservent ce qu'on leur a inculqué: le point du vue officiel du système sida. Ils intègrent et défendent d'autant plus ce point de vue qu'il leur semble avoir cours partout, que la peur, et parfois l'urgence, les pousse à accepter ce qui se présente de manière un tant soit peu logique, surtout si c'est appuyé par des "notables" et haut-placés en qui on a a priori confiance (n'oeuvrent-ils pas pour la santé ?). Ca n'est pas la parole propre des porte-parole qui parle. C'est celle, impersonnelle, du système auquel appartiennent les personnes qui sont porte-parole. Ces personnes répondent du système, et moins d'elles mêmes. On ne leur demande d'ailleurs pas de parler en leur nom propre. Irresponsables qu'elles sont, mais cependant responsable de leur carrière( et la défendant légitimement), elles préfèrent utiliser la langue de bois qui ne les engage pas, tout en contribuant à la défense du système. Les porte-parole me font penser aux Pharisiens et aux Saducéens. Dignes et sûrs d'eux, ils ne remettent pas en question ce qu'ils vivent et leurs croyances. Et ils en arrivent à exclure la vérité et l'amour, pris qu'ils sont par le système qui les a façonné et dans lequel ils se sont investi. Si le système est sain, ça va Mais s'il n'est pas sain ? Si au contraire il est pervers, s'il ne respecte pas les personnes au premier chef, et s'il agit au service d'une minorité qui contrôle le système (consciemment ou non), que se passe-t-il alors ? La réponse est que les déséquilibres de toutes sortes s'accentuent (surtout si le système est en situation de monopole), malgré les quelques coups de pique de dissidents marginaux. J'aurais pour les porte-parole du sida officiel une admiration équivalente à celle que je porte à Duesberg, si je savais que ce qu'ils disent ne vient pas de systèmes (extérieurs à eux) dont je ne serais pas sûr de la vérité des finalités humaines et sociale. Pour les admirer, j'aurais aussi besoin de constater qu'ils prennent position à partir d'eux-même, de leur conscience, et après avoir fait le travail de discernement personnel qui questionne les vérités dans lesquelles ils baignent sans s'en rendre compte. Luc Montagnier me semble aller dans une voie admirable, mai il est encore un peu timide dans ses prises de position.
Le rôle des porte-parole est de conforter le système,
non d'informer objectivement le public.
Le processus ancestral de sacrifice du bouc émissaire
doit s'arrêter. Si on ne trouve pas, on n'avance pas, et on continue à vivre dans le mystère, et dans la mystification. Tout en se donnant bonne conscience par la mise au bûcher d'une sorcière de plus (un sorcier dans le cas présent). En écrivant cela, je pense à René Girard (livre "Le bouc émissaire"), et à son interprétation des mythes et de la violence, du sacrifice émissaire et du sacré, et du passage de Jésus sur terre. Après 2.000 ans, la raison du besoin d'un bouc émissaire serait-elle toujours la même, se perpétuant à travers les siècles ? Serait-on toujours dans le même système d'humanité que celui que Jésus a dénoncé ?
Sortir de la mystification demande de chercher avec rigueur
la vérité. Quand l'homme est menacé, on fait feu de tout bois pour le sauver.
Le message du Christ Je voudrais d'abord me référer au témoignage de Jésus. Puis je ferai part d'une réflexion sur Chrétiens et sida. - Jésus s'en prend aux marchands de Temple. Ce faisant, il reconnaît le monde affairiste de l'époque et le dénonce. Dans cet épisode il s'attaque à la corporation officielle en place, corporation qui invite au salut par l'argent. Je vois une certaine analogie entre l'importance de l'argent pour les marchands du temple, et l'importance de l'argent pour la lutte contre le sida (argent qui n'est pas perdu pour tous) et dans le monde actuel. Pas d'argent, pas de lutte, et on n'est ni heureux, ni sauvé. Les habitants de l'Afrique n'ont pas droit, comme les riches occidentaux, aux gros animaux à sacrifier pour être sauvés, mais aux plus petits, si tant est qu'ils peuvent s'en payer... Les habitants du quart monde n'ont droit qu'à la bonne sollicitude des autres, dont beaucoup s'achètent ainsi une bonne conscience (ce qui est encore une histoire d'argent). La recherche de la santé (humaine et sociale) est la religion de notre époque. (le veau d'or l'accompagne cependant encore et toujours). Dans cette religion, on se relie à son corps et aux choses, et on se coupe des hommes et de Dieu. Dans cette religion, les actions religieuses consistent notamment à panser les plaies (sans penser aux causes). La structure actuelle de la santé dans notre monde (et ses aspects financiers) vaut bien la structure religieuse (et ses aspects financiers) de la Jérusalem de l'époque du Christ.
L'échange marchand est au service des hommes, non du
profit. Ce faisant, il me semble qu'il pointe aussi l'indispensable prééminence de l'homme sur les systèmes (en l'occurrence les systèmes collectifs qui dérivent en système de prise et de maintien de pouvoir, au détriment de l'homme). Jésus a reconnu les hiérarchies en place, mais y a toujours privilégié l'homme. Il a défendu les hommes contre les systèmes qui défendaient (de fait) aux hommes d'être eux-mêmes et libres. Quand il a lui même créé un collectif (le groupe de ses apôtres), il a toujours été un parmi les autres. Ce qu'il a créé n'est jamais passé à coté de sa raison d'être, à savoir le bien et l'amour des autres, et la reconnaissance de Dieu. Enfin, chacun dans le collectif était libre (au sens élevé du terme) et s'y retrouvait dans son être.
Les systèmes sont au service des hommes. - Jésus ne juge pas les gens. En revanche, il me semble qu'il juge les systèmes et ceux qui ne sont pas eux-mêmes à cause de leur appartenance au système (qui les détourne de l'amour de Dieu et des autres). Juger les créations des hommes, pas les hommes. Chrétiens et sida s'engage, en prenant comme base de son action la version officielle du sida. Sa charte le stipule dès la première phrase. Ce faisant, I'association devient partie prenante au système en place. Sa destinée se lie ainsi à celle du système qu'elle synchronise. - L'engagement de Chrétiens et sida va jusqu'à sensibiliser, informer, faire des formations, expliquer ce qu'est le sida, y compris penser la maladie et lutter contre elle. Ces actions se mènent par Chrétiens et sida parallèlement à l'annonce de la bonne nouvelle, au soutien spirituel, et à la veille de l'exigence évangélique. Je vois dans sa charte que l'association n'engage pas les Églises par ses actions. Mais par ailleurs, je constate que tu es membre du Conseil National du sida, et que tu sembles faire le lien avec la Conférence des Évêques. Ce qui tendrait à faire croire que la position de l'Eglise se retrouve dans l'action de l'association. Et si la version officielle s'avérait mauvaise parce qu'un beau jour, on analyserait le phénomène sida différemment? Je me demande s'il n'y a pas dans Chrétiens et sida un engagement partial pouvant être préjudiciable à la transmission du message chrétien si la version officielle s'avérait caduque. Il me semble qu'on ne peut en même temps dénoncer les déséquilibres socio-économiques du monde (ce qui est fait par la doctrine sociale de l'Eglise), et prendre parti pour un pan de la vie socio-économique qui alimente ces déséquilibres. Toute décision d'action expose. Et on est forcément exposé car on ne peut pas ne pas décider (vivre c'est décider). Mais à vouloir décider d'être à tout prix dans la mêlée, on risque de prendre des coups. - Chrétiens et sida ne devrait-elle pas rester au dessus de la mêlée ? Une association d'aide qui se dit porteuse (officielle ?) du message du Christ, soutient et informe sur la dimension spirituelle et d'amour dans la relation à Dieu et dans la relation à l'autre. Elle le fait en liaison et en pertinence avec ce que les personnes concernées vivent, quoi qu'elles vivent. Elle est sensible à la souffrance. La raison d'être d'une telle présence à l'autre dans la souffrance ou en demande de lumière, est de l'accompagner, spirituellement et dans l'amour, pour que se réalise le projet de Dieu. Cette raison d'être ne donne-t-elle pas l'ardente obligation de s'assurer, par tous les moyens (chrétiens) possibles que ce à quoi on contribue par son action n'accentue pas au contraire les souffrances humaines ? Dans le monde complexe qui est le notre, rentre-t-il dans cette raison d'être d'accompagner des systèmes (et donc d'en devenir partie prenante), systèmes dont on peut voir qu'ils n'amènent l'homme où on n'aime pas le voir (à la peur, à la misère, à la faim, à la maladie, à la mort prématurée) ? - Le souci et le besoin de l'Eglise d'être présente et de "se mouiller" dans l'action sur le terrain auprès des personnes en recherche de Lumière, et la stratégie d'être au coeur de ce qui se passe pour faire évoluer de l'intérieur dans un sens chrétien les situations de détresse pour l'homme, me semblent comporter des risques pour l'intégrité du message du Christ. A l'inverse, il y a un risque d'intégrisme et d'attitude dogmatique si on défend l'intégrité de ce message sans avoir de contact avec le terrain et d'implication dans des actions concrètes. Que serait une troisième voie, une voie du milieu ? Je cite Roger Garaudy qui écrivait il y a près de vingt ans. "Constantin, I'empereur des Romains, transforma la foi en un Christ qui se révélait dans la misère de la Croix, en l'église d'un Dieu tout puissant garant des misères humaines. Le temps n'est pas loin où le Christ apparaîtra dans une mosaïque sous l'uniforme d'un général byzantin. Les persécutions contre le christianisme n'avaient pas réussi à le détruire. Sa transformation en religion d'Etat y parvint, en le pervertissant par le rationalisme grec et l'organisation romaine." (livre "Comment l'homme devint humain"; Édition J.A. 1978, page 124)
L'action n'est juste que par la recherche constante de la vérité,
et par la cohérence dans l'instant et dans le temps de
ce qui la compose.
Vivre la transparence Polémiquer n'a rien à faire ici. Je suis animé par mon souci de poursuivre mon chemin spirituel dans le monde de manière cohérente. Cela fait partie de ma recherche de vérité. Pour cela j'ai besoin de comprendre, et je mets en oeuvre les moyens nécessaires. Je suis aussi animé par le respect de l'autre, mon lecteur en l'occurrence. Je cherche à être transparent à lui, pour qu'il puisse accéder en moi au-delà de la surface, en comprenant mieux ce qui me fait écrire et agir ainsi. Dans la mise en oeuvre de moyens, il y a la présente lettre. Je m'aperçois que j'y évoque davantage l'homme que Dieu. Je montre probablement un plus grand espoir dans l'action humaine concrète que dans l'attente d'une solution divine qui viendrait comme un miracle. Je n'ai pas, ce faisant, le sentiment de m'écarter de l'Esprit sain(t) et de Dieu.
Vivre Dieu, par l'esprit, dans l'amour . Pour me faciliter mon repérage personnel, je place l'Esprit en deux "endroits". Chacun d'eux est un espace de rencontre où souffle l"'énergie" symbolique (qui relie et unit) ou diabolique (qui sépare). Chacun de ces deux lieux de rencontre est un entre-deux qui organise la rencontre entre soi et l'autre (avec Dieu en l'autre) d'une part, et entre soi et Dieu en soi d'autre part. Dans l'entre-deux, il peut y avoir de la lumière, des ténèbres, des étincelles... Le chemin personnel de vérité se construit par ces rencontres. - Dieu est au delà de ces entre-deux: en l'autre, au plus profond de lui (derrière ce qui apparaît de celui-ci), et en nous, au plus profond de nous-même (derrière notre ego). Dans cette représentation j'ai tendance à l'appeler Dieu l"'Être profond". C'est l'Âme. C'est, en première approximation, ce à quoi accèdent les grands mystiques. Le dialogue d'amour est en soi (avec Dieu), et hors de soi (avec l'autre).
La transparence est le dévoilement de Dieu en soi.
Des documents pour poursuivre le chemin Il y a un complément à ce que j'ai dit lors de notre échange sur Pasteur : un aperçu sur le paradigme pasteurien de médecine de maladie, et sur le paradigme opposé de médecine de santé. Cet extrait me semble poser la question : Pourquoi n'y aurait-il pas un jour une "révision historique" de ce qu'apporte la médecine pasteurienne (comme il y a eu une révision historique de ce qu'a apporté le communisme) ? Pasteur pourrait-il être déboulonné un jour, comme d'autres "grands serviteurs du peuple" I'ont été avant lui ? Je t'envoie aussi cette fiche sur la vaccination5 . Serait-elle moins sensible pour toi que l'extrait sur le sida que tu as déjà ? Parmi les questions que l'auteur pose, il y a celle, majeure, du risque pour l'espèce humaine de la vaccination et de ses excès. Il y a aussi celle des inégalités entre peuples, et celle d'un néo-colonialisme camouflé et rampant. Quels crédits peut-on accorder à ce que l'auteur affirme ? Il est difficile de répondre. Il est également difficile d'imaginer et d'admettre des choses qui peuvent se passer dans les sphères du pouvoir quand on n'y a pas jeté soi-même un regard effectif, sinon mis les pieds. Ces deux documents sont extraits du livre de Guylaine Lanctôt, "La mafia médicale". Je peux aussi t'envoyer cette photocopie "LES NOUVELLES CONSCIENCES", que j'ai eu récemment. Je m'y retrouve bien. Ca n'est pas la formulation un peu "New âge" qui me plaît, mais plutôt la conformité au message du Christ qui m'apparaît dans le texte. Je t'envoie ces documents sur ma propre initiative. Et j'ai conscience que cela peut ne pas t'intéresser, ou ne pas rencontrer chez toi de forte priorité. Aussi je ne m'offusquerais ni ne te jugerais si tu n'en fais rien ! Je pense cependant qu'il serait dommage que tu ne prennes pas connaissance un jour de ces documents... avec un regard vierge. Si tu as en toi un doute, ou un poids trop lourd, de par l'existence (et l'exigence ?) de ces écrits, peut-être peux-tu envisager d'en faire part à d'autres personnes averties, ouvertes, et au regard d'enfant. Je n'y verrais pas d'inconvénient. Un dernier document est d'une autre nature. "Tendresse et spiritualité" est comme un poème sur le divin, en l'homme, et dans la rencontre. J'espère que tu l'apprécieras. Me concernant plus spécifiquement, j'ai besoin de continuer mon information, et de le faire sur le terrain. Je fais en sorte de rencontrer des gens qui ont le sida6 . J'ai besoin maintenant de m'impliquer dans le relationnel et dans l'action, sous une forme ou une autre. Si tu as des avis ou conseils à me donner pour cela, je suis preneur. Fin septembre, je rencontrerai aussi mon ami Mark Griffiths pour approfondir et vérifier si possible ce qu'il avance. Je vais aussi me renseigner plus concrètement sur les vaccinations. Il y a des associations qui mettent leur énergie à lutter contre. Des rapports et des livres ont été écrits la-dessus.
La santé de l'homme
- C'est un sujet qui s'ancre dans la réalité concrète
et quotidienne vécue par C'est donc un vrai problème et ce problème est lié au futur de l'homme. C'est aussi un problème que chacun peu appréhender à sa mesure et, j'en ai la croyance, résoudre pour lui. Ce faisant il peut faire avancer par son témoignage la cause sociale aussi bien que la cause divine. - Je crois qu'il est possible de savoir assez bien de quoi on parle quand on parle de la santé (car on peut se référer à des faits concrets, même s'ils sont parfois difficiles à trouver, à relever, et à dire). On doit alors pouvoir développer des perceptions communes (une vérité non dogmatiques ?) de la réalité, cette réalité touchant toutes les sphères de la vie individuelle, sociale, économique, et politique. Si notre santé est le résultat de ce qui nous nourrit - à savoir ce qu'il y a dans notre assiette, mais aussi, notre nourriture affective et spirituelle -, notre santé est en ligne direct avec l'Être et avec Dieu. Sainte Hildegarde de Bingen l'a dit il y a près de mille ans ! La santé est globale. Elle est donnée à l'homme qui la reconnaît et la respecte.
Notre échange: comprenons-nous bien. Il serait dommage aussi que nous devions faire un constat d'incompréhension de ce que dit l'autre. Je serais désolé de sentir une réserve et une incompréhension de ta part à mon égard. Si tu en as j'espère que tu pourras m'en faire part, et que cela pourra se faire le plus simplement possible, et avec confiance. Nous nous écouterions alors bien humblement, avec admiration pour l'autre. J'admire ton enthousiasme et ton dévouement. J'aime bien la manière simple et directe que tu as dans tes rapports humains. Je reconnaît ton effort à remplir ces rapports d'humanité, d'amitié, et de vérité. J'espère que tout ce que j'ai écris là a un sens, en plus d'en avoir pour moi, et que ce sera utile à la recherche de la vérité. Mais je me demande si c,a n'est pas avant tout un fouillis inextricable, au lieu d'être une présentation simple (systèmique) d'une réalité complexe, mouvante, et sensible. C'est au lecteur d'en juger. Ce que j'ai écrit est loin de me satisfaire, et je trouve que je me suis lancé dans une drôle d'aventure en écrivant tout ça... Je me rassure en me disant que l'ordre émerge malgré tout du désordre... et je t'encombre et mets du désordre chez toi avec tous ces documents dont tu te passerais probablement ! Sois assuré de ma fidèle amitié. P.B. à Antoine Léon. La Tourette, 69210 Eveux. Le 7 août 1996. (A ma connaissance cette lettre est restée sans réponse... M.G.)
1 Je remarque que cette violence mentale et psychique vient en complément et en remplacement de la violence physique. Cette forme de violence accompagne maintenant la nouvelle ère de la communication dont la matière première est l'information, comme la violence physique accompagnait l'ère de la transformation de la matière qui est passée au second plan. 2 Pour illustrer cette histoire personnelle qui s'accélère, et faire comprendre d'où je suis parti, je dois dire que je n'ai pas le souvenir d'avoir ouvert de moi-même l'Evangile avant l'été 94. Et je dois dire que j'ai commencé à chercher à comprendre ce qui se passe dans le domaine de la santé''é seulement en été 95, lors de mon premier jeûne (jeûne à l'eau pendant deux semaines). Je dois cependant dire aussi que j'ai commencé concrètement à chercher ma vérité, quand j'ai décidé de quitter la Marine Nationale, il y a 20 ans, alors que j'y faisais une belle carrière. J'ai rapidement su que j'avais pris cette décision parce que je voulais être davantage moi-même, au delà des programmations parentales, et dans un milieu qui me convenait mieux. 3 Peut-on décemment penser que l'espèce humaine est menacée ? Je ne le pense pas vraiment, sauf à faire sauter la planète. L'homme vivra car sa poussée de vie est indestructible. Mais à quel pris humain et social, la vie humaine devra-t-elle sa survie si les choses continuent comme ça ? 4 Je crois que le système est malgré tout un colosse aux pieds d'argile. 5 Je suis particulièrement sensible au problème de la vaccination. En 1968 je suis rentré de campagne de deux ans en Afrique. Pendant ce séjour j'ai eu deux enfants. Le premier, né en mars 67 était mongolien (il est tout à fait exceptionnel qu'une mère de 23 ans ait un enfant mongolien). La première curiosité du médecin à notre retour en métropole en 68 à été de savoir si la mère avait été vaccinée au début de sa grossesse... et cela avait été le cas: elle avait eu en très peu de temps tous les vaccins obligatoires pour les ex-colonies. On ne peut pas en tirer de certitude quand à l'effet des vaccins sur le foetus, mais cela est quand même troublant. J'étais sensibilisé tôt au sujet de la vaccination: ma mère a toujours fait en sorte d'éviter que nous soyons vaccinés, nous ses enfants. J'ai eu mon premier vaccin au Prytanée militaire juste avant d'avoir 20 ans. 6 J'ai connu un jeune sidéen, mort il y a 18 mois, avant que je ne m'intéresse de près à ça. D'après moi, cet homosexuel de moins de 30 ans est davantage mort de sa difficulté à vivre son homosexualité et la relation particulière à sa mère, qu'il n'est mort du sida. Le sida n'a été pour lui qu'un moyen: celui d'en finir avec un enfermement psychique dont il ne pouvait s'extraire. La manière dont il n'a pas cherché à comprendre le sida, ni à se soigner en a été la preuve. Je me suis dis que c'était là un symptôme de la perte de sens, et de la cruauté du monde dans lequel nous sommes.
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