Fiasco d'un soi disant débat

Michel Rioche
Coordinateur du groupe Médecines écologiques
Au sein de la Commission Santé des Verts
30 route des Echelettes
74380 Arthaz
Tél/Fax 04 50 36 02 16
e-mail : Michel.Rioche@wanadoo.fr

jeudi 9 septembre 2004

Cher Professeur Etienne de Harven,

Je vous remercie vivement d'être venu avec Mark Griffiths à nos Journées d'été pour participer à l'atelier sida afin de nous faire part de vos expériences professionnelles sur la remise en cause de l'hypothèse virale du sida et Mark pour la présentation de son cas personnel en tant que "survivant à long terme".

La Commission Santé des Verts est très active pour dénoncer l'impact de l'industrie pharmaceutique sur le monde médical et les pollutions de toutes sortes nécessitant la mise en place d'une politique environnementale forte. La Commission prône qu'une autre politique de santé est possible.

Le groupe Médecine Ecologique a salué le fait qu'un atelier sida ait été programmé pour les journées d'été et qu'il lui ait été demandé d'y apporter son point de vue. C'est à ce titre que je vous ai contacté ainsi que Mark afin que vous vous y exprimiez sur les thèses que vous remettez en cause, c'est-à-dire l'hypothèse virale du sida, donc sa transmission par voie sexuelle et infectieuse. L'atelier devait se faire conjointement avec la Commission LGBT et les Réseaux de santé.

Dès le départ des problèmes sur notre possibilité d'expression complète sont survenus et nous avons pensé un temps organiser un atelier séparé, uniquement avec vous. Le responsable de la commission Santé nous a alors fait la proposition de faire un atelier où l'ensemble des vues sur le sida serait exprimé, avec l'assurance que le débat se tiendrait dans de bonnes conditions et qu'il serait courtois.

Il ne vous a pas échappé que je n'ai pas pu m'exprimer, ni participer à l'animation de l'atelier. Les deux vues qui devaient se partager l'expression sont à comparer au pâté d'alouette : un cheval, une alouette. De plus, pendant l'heure qui a suivi pour les questions à poser aux deux premiers intervenants, plus de la moitié a servi à critiquer votre présentation … à venir. Le Professeur Cornillot avait bien posé le problème en demandant aux premiers intervenants ce qu'ils pensaient de la validité du discours officiel et s'ils étaient prêts à explorer d'autres voies que celles soutenues par les labos ? Fallait-il prendre du recul pour les vérifier ?

Malgré la question, les LGBTs en sont restés à la position sur le préservatif, que la situation en Afrique est catastrophique et que tout abaissement de la prévention est criminel et ne peut être que condamné fermement.

Un scientifique du CNRS a indiqué (toujours avant de vous avoir entendu), que la communauté scientifique à 99 % rejetait vos arguments; qu'il y a toujours dans les maladies chroniques des "longs survivants", des chanceux, qui résistent. Cela ne veut pas dire que le VIH n'est pas la cause du sida.

Un médecin a ensuite indiqué que vos propositions comportent un risque de démolition de l'explication que le malade a de la maladie. Cela lui permet de se battre. C'est comme dire à un africain que son boubou ne va pas le protéger. Si on fait cela on le tue.

Une personne indique qu'il est dangereux de démolir une vérité établie. Le révisionnisme est meurtrier. Il est sidéen et a besoin des réseaux.

Finalement, deux heures après le début de l'atelier, accusé avant d'avoir parlé, vous avez pu lire votre texte.

Lorsque le tour de Mark est arrivé, il a préféré ne pas s'exprimer étant donné l'atmosphère hostile de la salle. Les questions vous ont alors été adressées.

Didier Claude Rod, médecin et député européen, co-organisateur avec Paul Lannoye d'un débat contradictoire sur le sida au Parlement européen, a déclaré qu'il est difficile d'entendre que le sida ne se transmet pas sexuellement et que ce n'est pas une maladie infectieuse. Lors de ce débat le Professeur Montagnier aurait démontré faux tout ce que vous affirmez. Il n'y a pas à revenir sur ce qu'a dit le Professeur Montagnier, ni sur les photos qu'il a montrées. DC Rod s'excuse pour les insultes proférées, mais il faut se méfier des théories unicistes. Vos théories seraient dangereuses, car elles nient la réalité d'une épidémie.

Vous avez répondu sur un point, à savoir que les images observées ont été prises sur des cultures de tissus et non sur un seul malade.

Des questions et des remarques ont été faites pendant 23 minutes quand la sirène d'évacuation du bâtiment a retenti, fait sûrement lié au mécontentement de plusieurs auditeurs qui étaient sortis à ce moment.

J'ai voulu faire un résumé aussi succinct que possible représentant l'atmosphère de la séance. Je l'ai très mal vécue ainsi que les autres amis présents du groupe médecine écologique. Par contre, notre responsable de la Commission a trouvé que tout s'était bien passé puisqu'on n'en était pas venu aux mains, qu'il y avait eu un échange de vues. Il était donc normal pour lui de ne pas s'excuser des débordements survenus puisqu'il ne les avait pas perçus comme tels. Il en va sans doute de même des représentants des Commissions LGBT et Réseaux de santé qui ont pu s'exprimer à loisir, sans que la finalité de leurs activités soit remise en cause. Donc un débat qui s'est déroulé comme il avait été prévu, où les thèses officielles n'ont pas été contestées. Tant pis si une partie de la Commission santé se retrouve avec la gueule de bois; les alliances entre amis renforcent la position politique.

Tant pis aussi si l'objectif écologique des Verts de se soigner de la même manière est mis sous le boisseau. Ce serait trop dangereux pour les malades d'abandonner des trithérapies (boubous) auxquelles ils se raccrochent. Les Verts ne pourraient être accusés de soutenir les labos, car ils ne se gênent pas de les critiquer pas ailleurs.

En ce qui concerne ce qu'il s'est passé à Bruxelles, Didier Claude Rod n'a pas dû avoir la même perception que vous de ce qu'il s'y est dit, car Paul Lannoye nous a envoyé un message de soutien. Malheureusement, d'initiateurs, les Verts sont devenus fossoyeurs d'un débat qui se devait de quitter la clandestinité. Débat remis à plus tard certainement. Toutes les questions que les participants mécontents se posaient : transmission sexuelle ou non; effet complexe des trithérapies; quelle est la vraie cause du sida ? auraient pu avoir une réponse qui les auraient éclairés. Peut-être sont-ils encore plus confortables dans leurs certitudes !

J'ai transféré le contenu des cassettes sur CD au format MP3. Cela servira de référence.

Au nom du groupe Médecines écologiques je voudrais vous exprimer mes plus sincères excuses pour la façon dont vous avez été traité ainsi que Mark. Je suis franchement désolé de ce qu'il s'est passé. Je suis persuadé que vous trouverez d'autres milieux plus réceptifs.

Au vu de cette expérience, je vois deux grands chantiers à créer chez les Verts :

Je vous remercie pour votre venue ainsi que celle de Mark et d'avoir aidé à mettre le doigt où cela fait mal.

Bien cordialement.

Michel Rioche


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