COMME LEURS AÏEUX DE 14,
LES ADOS DE 94 METTENT LA CAPOTE

 

Une récente enquête de läARNS, Agence Nationale de Recherche sur le Sida*, portée à la connaissance du public début avril (le 1er ?) 1995, avance la statistique selon laquelle les 3/4 des jeunes auraient recours au préservatif lors de leurs premiers rapports sexuels. Fonctionnaires au CNRS, Centre National de Recherche Scientifique, ceux qui ont commis cette étude, interprètent ces chiffres comme conséquence des ìcampagnes de prévention (qui) ont développé le sentiment de la nécessité du préservatif qui a été comprise et largement mise en pratiqueî.

En cette époque däagonie de civilisation règnent les lois du libéralisme eugénique, dont celle de la (re)structuration däentreprises et däinstitutions qui doivent säaligner désormais sur le modèle unique universel du tout-produit-tout-profit. Le vénérable Centre de recherches étatique, pétri däun particularisme désuet, résiste mal, de läintérieur comme face à läétranger, aux âpretés de la compétition économiste. Comme dans un vulgaire secteur privé, les menaces de licenciements, de mises en retraite anticipée, de précarisation des emplois pèsent sur les esprits. Les chefs et sous-fifres opèrent de délicates mutations mentales dans leurs injonctions aux blouses blanches qui officient à läautel des paillasses. Ils les déchargent définitivement des velléités de recherche angélique susceptible däaider lähomme à se libérer de servitudes et gagner du mieux-vivre. Les chercheurs patentés concoctent alors les inventions les plus brevetables, rentables, jetables, selon les principes fonctionnels qui ont montré dans la meilleure veine capitaliste leur propension à läasservissement au moins égale à celle de leur nocivité. Lähumeur, parait-il, säen ressent, et ce corps naguère prestigieux vieillit mal, ne recrutant däailleurs plus, en maugréant däamères nostalgies du temps où läon ne se posait pas la question de läusage du plutonium, mais du seul challenge de sa pureté à 99,999 %.

Dans ce contexte däanesthésie des reliquats de conscience, les chercheurs acculés à trouver vite et cher näont däautre choix que däemboucher les trompettes des hits et scies du moment, et le sida est décidemment bien porteur dans ce contexte de fin däépoque bruissant des oraisons des prêcheurs médiatiques. Avec läinnoculation de la rumeur voilà 10 ans, läidéologie selon laquelle un virus serait la cause du malheur des gens est assenée par les médias de la propagande officielle. Cäest elle qui présente comme normaux la soumission à la férule ultra-libérale, le travail partout aliénant, qui traite avec contrition de läinéluctabilité de la guerre et du profit. Cäest celle-là même qui näa eu de cesse depuis 10 ans däassener que le sida serait le produit däune contamination sexuelle ou sanguine, et däavancer régulièrement des prévisions épidémiologiques catastrophiques aussi régulièrement démenties dans les faits. Les dizaines de millions de sidéens escomptés alors pour aujourdähui ne sont que quelques dizaines de milliers de cobayes apeurés, rentabilisant par leurs séjours paliatifs, benettonisables, des services hospitaliers en quête de profitabilité.

Certes, le processus de contamination existe, qui voit un hémophile au sang ensemencé de particules parasitaires, microbes ou virus, développer une affection supplémentaire : son sang, et son terrain biologique en général, sont déjà suffisamment affaiblis pour que sa résistance immunitaire ne puisse contrecarrer läagression däun envahisseur microbiologique capable de proliférer avec ces nutrients. Si, au lieu de combattre cette nouvelle diminution du potentiel däauto-défense par la conjonction de mesures de raffermissement autonome, on lui injecte à nouveau des substances immunodépressives, on ne peut que programmer une issue fatale. Les homosexuels ou toxicomaniaques au terrain biologique fréquemment agressé par des substances injectées ou inhalées (héroïne, poppers, antibiotiques systématiques,...) ne sont pas dans une problématique sensiblement différente, qui acceptent däêtre traités à läAZT ou autre soi-disant antiviral, dont les rapides effets secondaires, puissamment immunodépresseurs, effacent le gain apparent däune première embellie fugace. Autoconditionnés à mort par leur propre angoisse évidemment déprimante, ils participent de läordre mortifère en avalisant sans läombre du début däune critique les menaces terrorisantes des homophobes et autres moralistes réactionnaires parés des horipeaux däune science qui a largement administré les preuves de son excédente nocivité.

Le microbe näest rien, cäest le terrain qui est tout. Malgré les innombrables démonstrations les plus banales que tout être raisonnant peut constater, lui qui échappe à une grippe collective alors quäil a mieux à faire, mais säenrhume à la veille däune épreuve redoutée, la formule de Claude BERNARD, avec les similaires de BÉCHAMP, REICH, TISSOT, etc, näa pas eu läheur de plaire aux mandarins de la médecine toxicogène et aux grands financiers de la pharmacie. Si cäest votre terrain qui est déterminant, cäest vous qui êtes responsables de votre santé, et, vigilant, vous saurez vous prémunir des menaces en faisant däabord confiance à votre sens critique et à votre instinct de conservation. Et non en vous réduisant, abreuvé däexortations à faire confiance à son médecin traitant, à être le patient consommateur passif de pilules comme däimages télévisuelles. Comme hier, quand votre aïeul abruti däalcool et de beuglements patriotards allait jouer le pantin sanguinolant dans les boues de Verdun.

Le terrain est tout, et cäest le moral qui le détermine à son tour. Et même le mine, et le surdétermine. Tous les stimulants artificiels ou non, extérieurs à läêtre déprimé, suicidaire, ne läempêcheront pas de mettre à exécution son funeste dessein. La localisation ultime du désir de vivre et survivre aux épreuves est-elle plutôt du côté du thalamus, de lähypophyse ou du plexus solaire ? Toujours est-il quäun seuil de bascule existe, en deçà duquel toute maladie ou tout accident corporel, fussent-ils diagnostiqués des plus pessimistes, est encore réparable. Le démontrent superbement  les cas extrêmes des comportements dans les camps de concentration, les guerres, les catastrophes naturelles ou technologiques majeures, en y repérant les caractéristiques essentielles de ce qui fait que läun se résigne, dépérit, et meurt, et läautre survit, se rétablit et entreprend. Tout un chacun se doit däadmettre, avec läexigence absolue de son examen intérieur secret, quäil discerne ou induit les approches de ce seuil de basculement de vie à maladie, quand la résignation läemporte sur le désir. Et connait ou a connu les moments forts dans son existence où les renoncements psychiques profonds näavaient plus de place, face à läimpérieuse prépondérance däun plaisir supérieur. Confins de la raison et de la passion, ces lieux frontières de läesprit et du corps voient säaffronter et säassocier les émotions et les raisons. De la complexe et continuelle alchimie des neuromédiations et des influences extérieures résultent les décisions et engagements, structurant la formation et le développement caractériels, jusquäaux chocs existentiels majeurs qui infirment ou confirment le désir de vivre en frisant le seuil de réversibilité.

Ainsi donc, notre fin de millénaire ébauche une suite à lähistoire humaine dans une débauche de peurs et sentiments irraisonnés. Läenflure médiatique säégosille en sidérantes oraisons sur le sexe mortifié, prêchant la peur garante de culpabilité inhibitrice, comme läinstillèrent longtemps les pouvoirs autocrates par leurs curés. Le port du gamma rouge retourné rétablit cinquante ans après le gamma blanc droit, la police des esprits supplante par la malice de läautoconditionnement le conditionnement de masse de la Milice. Dans läagitation schizophrénique caractéristique des sujétions religieuses (ìaimez-vous les uns les autresî, mais ìtuez les tous, dieu reconnaîtra les siensî disait dans la même journée le légat däun pape qui autorise ses bonnes soeurs violées à avorter) le tohu-bohu  des écrans porte au pinacle läidole des jeunes Cyrille COLLARD, par ailleurs drogué mondain, golden boy égotiste, et militant misogyne éventuellement assassin däune amante éplorée. Et vous voudriez quäaprès ça notre jeunesse ait däautres ambitions que les mollassonnes turpitudes de gestionnaires de SICAV de leurs névropathes autant quäinconscients géniteurs ?

Notre époque de fin de compte ne peut plus faire crédit, les pâles esquisses de régulation du délire démographique et technoculturel - les derniers conflits armés - ont montré les limites du genre. Qui peut concevoir encore sans rire que la planète puisse supporter däautres milliards de con-sommateurs de séries hollywoodâtres, sirotant les fèces liquides et gazéifiés de coke légale, sans avoir à payer le prix de ce pullulement végétatif et son excrémentielle pollution généralisée ? Il faut donc éliminer. Les dispositifs de sélection eugénique sont manifestement encore empiriques et approximatifs. Et comme pour toute shoah la cécité est de rigueur, et läon désignera de läépithète flatteur de technicien le clone criminel chargé indifféremment de conduire le train däenfer, administrer ou préconiser la dose létale, déstocker les lots de sang sacrifié, affamer à mort läAfrique ou agonir däinfâmie les politiquement incorrects. Dans cette course à läélimination de deux humains sur trois, pour ramener les choses à des proportions qui conditionnent la reprise de la dynamique capitaliste, la propagande en direction des combattants de demain est mission sacrée. Les Déroulède de la guerre contemporaine näont de cesse de préconiser la capote aux adolescents déjà bien pétris däangoisses existentielles, de chômage obligatoire en vidéos épileptiques. De délicat, läexercice de la sexualité en redeviendra problématique et générateur des psychonévroses qui ont si bien servi les pouvoirs totalitaires des temps impérialistes. Les masses privées de plaisir, infantilisées dans leurs gaines aseptiques, gavées dähamburgers iatrogènes, pressurisées dans le béton urbain par les gaz dähydrocarbures, näauront däautre ambition, dans lähécatombe du tri favorisant les plus mécaniques contre les trop sensibles, que de renouveler par mille les Tempêtes du Désert.

Tant quäon näest pas au front, il est possible de fuir et se battre pour la vie. La résignation näest pas fatale. Ceux qui refusent la capote guerrière sont les insoumis à sa loi de mort.
 

* noter le sur  et non contre le sida... cela rappelle farouchement le significatif sur de läARC, läAssociation de Recherche sur le Cancer, justement : 50 ans däimproductivité patente. Ca promet !!
 

Delenda Carthago. Gian Laurens. Paris, 16.04.95.


RETOUR è GIAN LAURENS RETOUR Á L'INDEX CONTACTS NOS PUBLICATIONS COMMANDES et DONATIONS