La prévalence du VIH en Inde était très surestimée

Back from the death.
D Kumar. India Magazine, 25/02/2002.

 

Depuis plusieurs années, les ONG estimaient que l'Inde risquait de devenir le pays le plus touché par le SIDA. L'UNAIDS se trouve actuellement obligée d'admettre que ses estimations de la situation étaient grossièrement erronnées.

En 1986, le premier cas de SIDA a été rapporté en Inde. Dès l'année suivante, l'UAIDS estimait à 519.000 le nombre de séropositifs, leur estimation étant de 8.130.000 cas en 1998, et de 8.500.000 cas en 1999. On attendait 310.000 décès pour cause de SIDA en 1999, et 558.000 orphelins pour la même cause. D'un autre côté, le NACO (une ONG indienne) rapportait un total de 1759 décès dus au SIDA entre 1986 et décembre 2000.

Etant donné les importantes variations constatées dans les estimations des diverses ONG, le Ministère de la Santé de l'Inde a décidé, à partir d'août 2000, de lancer une grande campagne de dépistage systématique. Le résultat en a été stupéfiant. Elle a retrouvé une prévalence de la séropositivité de 0,35% dans la population générale, et de 0,40% dans le Manipur, province censée être la plus touché, avec une prévalence estimée à 18% par les ONG.

Ces dernières années, la prévention et le traitement du SIDA étaient devenus la priorité en matière de santé publique. Les autres programmes sanitaires, concernant le traitement de maladies telles que la malaria, la tuberculose, le kala azar ou la lèpre étaient passés à l'arrière plan. La constatation d'une prévalence réelle de contamination par le VIH considérablement inférieure aux estimations va probablement remettre en question de façon drastique les priorités gouvernementales.

Mises en accusation, les ONG se rejettent l'une sur l'autre la responsabilité des évaluations grossièrement erronées. Un certain nombre de responsables d'organisations et associations indiennes estiment que ces erreurs étaient tout à l'avantage des ONG internationales et des multinationales pharmaceutiques, qui avaient ainsi l'occasion de conquérir un vaste marché pour leurs services et leur produits, et de faire d'importants bénéfices au détriment non seulement des finances publiques indiennes, mais aussi des fonds accordés par la Banque Mondiale pour la lutte contre le SIDA, et des dons provenant de la générosité publique dans le monde entier.

L'un des plus gros problèmes pour les services de santé est maintenant le nombre très important de petites associations et organisations locales de lutte contre le SIDA qui ont été créées. L'Inde est un pays très peuplé, multiethnique et fortement décentralisé, et toutes ces organisations constituent une infrastructure difficile à gérer et responsable d'un important gaspillage de ressources. Il sera difficile d'y remédier. Le seul point positif actuellement est que les chiffres réels en ce qui concerne le SIDA sont très éloignés des estimations officielles. C'est maintenant au Ministre de la Santé d'agir.


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