Sida : La bévue du siècle ?

Gil Egger.
Geneva Home Information. 9/7/92

 

Un groupe de chercheurs américains doute que le virus HIV soit la cause du Sida. Trop d'incertitudes, des chiffres qui n'ont rien à voir avec une épidémie, bref, des questions troublantes. Donc, le procès du sang contaminé est inutile, un vaccin aussi, bref, c'est un tremblement de terre.

La maladie est apparue il y a un peu plus de dix ans. Cela a suffi pour marteler la peur dans la tête d'une génération: «Le Sida, c'est la mort». Or un test de séropositivité ne veut pas dire que vous allez mourir, des survivants sont là pour l'attester.

Les chercheurs contestataires n'affirment pas qu'ils ont raison, ils demandent que l'on réoriente la recherche. Mais le monde scientifique est d'un tel contormisme, il s'est lancé si profondément dans la seule voie du virus en excluant toute autre ouverture que personne ne réagit. Et des milliards sont en jeu...

Des faits troublants, publiés aux Etats-Unis, montrent que le virus tout seul ne suffirait pas à déclencher la maladie. Si ces chercheurs disaient vrai, la recherche sur le sida serait bel et bien la bévue du siècle!

Contestation

Un article (publié dans Policy Review en été 1990) signé Peter H. Duesberg et Bryan J. Ellison disait: «Le virus du Sida relève-t-il de la science-fiction ?». Il rappelait que le rôle du virus est obscur, on n'a jamais prouvé qu'il soit seul à l'origine du Sida. Le prof. Gallo, soi-disant «découvreur» du virus (en fait, le premier était le prof. français Montagnier) appuyait ses dires sur l'épidémiologie (étude de la propagation des maladies). Mais les chiffres sont discutables. Pour confirmer l'hypothèse que le virus HIV (ces lettres veulent dire Human Immunodeficiency Virus) est coupable, il faudrait que certains postulats soient respectés. Notamment que le germe soit trouvé dans les tissus de chaque cas de la maladie. Or, dans 10 à 20% des cas de Sida, aucun HIV n'est décelé!

Le germe doit provoquer la maladie quand il est injecté: le HIV n'a pas déclenché de maladie quand il a été inoculé à des singes et les travailleurs médicaux qui l'ont reçu accidentellement n'ont pas développé le Sida. Et, bizarre. 95% de ces travailleurs médicaux qui sont tombés malades appartenaient aux mêmes groupes à risques que la majorité des porteurs de Sida!

Définition redoutable

Le Sida n`est pas une rnaladie en soi mais il permet à des infections opportunistes de se manifester. Une liste de 25 maladies reconnues comme Sida comprend non seulement le sarcome de Kaposi, la pneumonie à P. Carinii, connues du public, mais aussi la tuberculose, le cytomegalovirus, la diarrhée, la démence, etc. Si l'on diagnostique une de ces 25 maladies seule, on la répertoriera sous son nom classique, si le HIV est présent. on l'appellera Sida... De quoi troubler n'importe quelle statistique.

Le virus est censé affecter le système immunitaire le détruisant peu à peu jusqu'à ce qu'une affection se développe. Or, le nombre de cellules affectées est très faible. Chez un malade du Sida meme grave, seule un lymphocyte-T` sur 10,000 est activement infecté. Si ces cellules mouraient toutes, cela correspondrait à la perte due à une coupure de rasage. «Il est très difficile de comprendre comment le HIV pourrait être capable de dévaster le système immunitaire alors qu'il n'infecte jamais qu'une très faible partie de ces cellules».

Le HIV est un rétrovirus. La majorité des virus tuent la cellule qu'ils infectent. Le rétrovirus copie l'information génétique de sa cellule hôte et l'insère dans l'ADN (la mémoire génétique) de celle-ci. La survie de ces cellules est obligatoire pour que survive le rétrovirus. «Il est donc peu vraisemblable que des rétrovirus soient à l'origine de maladies graves et encore moins d'affections fatales comme le Sida qui impliquent la mort d'un grand nombre de cellules. En réalité, depuis les temps les plus reculés, I'ADN de chaque être humain comporte entre 50 et 100 rétrovirus latents transmis de génération en génération».

Vaccin: attention!

Une voix apporte de l'eau au moulin de ces scientifiques. Le vrai découvreur du HIV, Luc Montagnier, estime maintenant que le virus tout seul ne peut pas être la cause du Sida. De plus, certains séropositifs pourraient échapper à la maladie, declare-t-il. Cela impose une extrême prudence dans l'utilisation d'un vaccin, selon Montagnier: «Ce serait peu dangereux pour ceux qui n'ont pas encore vu le HIV, mais pour les séropositifs je ne pense pas que ce serait une très bonne idée de les réinjecter avec la protéine du virus, cela pourrait les rendre plus malades».

Autre publication spectaculaire, celle du Lancet (qui fait autorité) où des chercheurs américains concluaient que le sarcome de Kaposi n'était pas forcément causé par le HIV. Cette maladie avait en effet été souvent diagnostiquée indépendamment du virus chez les homosexuels américains. Autre anomalie, pourquoi une épidémie se serait-elle cantonnée à une très forte proportion chez les hommes (près de 90% aux USA)? Et pourquoi dans des groupes aussi restreints, même après dix ans?

Malaise

Autres articles, publiés le 26 avril et le 31 mai 1992 dans le Sunday Times par Neville Hodgkinson, correspondant scientifique. Peter Duesberg affirme que le fameux virus n'est sûrement pas nouveau, «il est peut-être aussi vieux que l'Amérique». Duesberg a été applaudi comme un brillant chercheur mais là, on ne l'a pas cru. Or, note l'article, «un nombre grandissant d'experts ayant constaté, comme l'avait prédit Duesberg, que le Sida n'explosait pas parmi la population générale, ressentent un malaise face à l'insistance de l'approche anti-virale de la recherche sur la maladie». A tel point que 50 d'entre eux ont créé une commission internationale pour la «Réévaluation scientifique de l'hypothèse VIH-Sida». Un des docteurs affirme que l'approche centrée sur le virus n'a eu que trois résultats. «un vaccin qui n'existe pas, I'AZT qui est un génocide iatrogénique (réd: c'est-à-dire provoqué par le médecin) et l'utilisation d'un préservatif, ce qui n'est que bon-sens».

L'article cite encore le chiffres des séropositifs atricains, au nombre de 6 millions. La maladie s'est déclarée chez 120,000, ce n'est de loin pas l'explosion attendue, de plus, bizarrerie encore, les maladies sont differentes de l'Occident et sont souvent de vieilles maladies africaines comme les fièvres, diarrhées, tuberculose. Elles sont habituellement liées à la malnutrition, aux infections parasitaires et aux mauvaises conditions sanitaires. Elles sont re-diagnostiquées comme Sida parce que les malades peuvent être porteurs du HIV...

Aux Etats-Unis le nombre de séropositifs est stable, 1 million environ. 97% de tous les malades proviennent des groupes à risques, drogués intraveineux hétérosexuels, homosexuels masculins gros utilisateurs d'aphrodisiaques oraux («poppers») et d'autres drogues, hémophiles, bébés nés de mères droguées et receveurs de transfusions sanguines. Cette absence de progression ne peut être expliquée par le préservatif et la prévention puisque les maladies vénériennes et les grossesses non souhaitées augmentent...

La thèse du risque

La théorie du virus, si elle est fausse, sera bien le scandale médical du siècle. Ce sera aussi l'occasion d'en tirer des leçons, non seulement pour le corps médical et scientifique mais aussi pour tout le monde. Les chercheurs qui critiquent cette théorie proposent la thèse du risque.

Si le virus n'est qu'un témoin mais non une cause, où chercher les causes? Le prof. Duesberg avance une hypothèse. L'explosion de l'utilisation de drogues «récréationnelles» et l'utilisation d'un produit qu'on a présenté comme anti-Sida, I'AZT. Un homosexuel newyorkais très actif disait que lorsqu'il s'éclatait dans les saunas, il avait 3000 contacts sexuels par an. Avec les ressources naturelles de votre corps, vous vous endormez après un ou deux contacts, il faut donc des stimulants comme ces sprays appelés «poppers» et qui permettent 100-120 contacts en deux ou trois jours. Ces drogues ont non seulement des composés cancérigènes mais qui mutent, s'oxydent et abîment le corps et son ADN (sa mémoire génétique).

««Sida sur ordonnance»»

Les drogues dures, la cocaine, très prisée dans les milieux branchés, I'héroïne etc. entraînent la dépendance. On ne mange plus, on ne dort plus. Les vitamines, les protéines manquent et vous attrapez une pneumonie. Avec le virus HIV que l'on va détecter, on vous donne de l'AZT et le reste de vos défenses immunitaires va s'effondrer. Ce médicament a en effet le défaut de ne pas seulement affecter les cellules porteuses du virus, mais aussi les autres. Les premiers effets, apparemment bénéfiques, viennent de la réaction du corps devant une agression. Duesberg n'y va pas par quatre chemins, I'AZT est «le Sida sur ordonnance».

Les hémophiles? Leur maladie, mortelle, est déjà une déficience immunitaire. De plus, on sait que les transfusions répétées sont immunodépressives. A leur corps défendant, ils appartiennent à un groupe à risques.

Autre fait significatif. Deux journaux spécialisés (New England Journal of Medicine et Center for Disease Control) I'ont écrit: chaque année environ 700,000 personnes meurent des suites de traitements médicaux. Combien de personnes le Sida a-t-il tuées? Depuis 1981, quelques dizaines de milliers. Parmi elles, combien l'ont été à cause de la peur?

Le comportement à risques est simplement une attitude anti-naturelle. Revenir au bon sens, retrouver quelques règles de vie ne devrait pas poser tant de problèmes. L'une des causes de mortalité les plus importantes, soit directe, soit en induisant des maladies, c'est le stress, c'est-à-dire les émotions. Vous ne pourrez pas changer les règles de circulation, la géométrie des appartements, le niveau du bruit. Alors, changez votre façon de voir les choses, trouvez les voies d'une nouvelle sagesse. Lutter en buvant de l'alcool, en fumant, en mangeant mal, en prenant des calmants est le début du risque...

Le Sida est porteur d'un message. Un message que nous pouvons recevoir de la part de séropositifs qui sont sortis de leur comportement destructeur et qui vivent bien. Certains ont même dépassé la peur. Nous aurons l'occasion de vous les présenter.

Gil Egger. Redacteur en chef. Email ici.

P.S. L'édito qui accompagne l'article :

On a pourchassé pendant une dizaine d'années un microbe, pensant qu'il était responsable d'une maladie appelée pellagre. C'était dans les années 20, et on a finalement découvert que la cause en était une carence en vitamines! La recherche médicale aime que les «petites bêtes» soient responsables de nos maux. Hélas! elles ne sont pas toujours coupables.

Le cas du Sida ouvre de nouvelles portes. On consacre des centaines de millions, des milliards de francs à la recherche sur le virus. Les résultats sont d'une minceur attristante. Or, on sait au moins une chose: à l'évidence, il s'agit d'une maladie influencée par le comportement. En prenant des risques, on s'expose. Nous avons la chance de connaître bien ces risques. En Occident, il est même facile de les écarter. Dans le tiers monde par contre, la malnutrition, les conditions d'hygiène, les parasites et les maladies exotiques ne s'élimineront pas d'un trait de plume.

Raison de plus pour poser de nouvelles bases. Le Sida est la maladie de l'égoisme et de l'insouciance. L'éviter ne dépend pas d'une capote ni de la chasse à une «petite bête» mais d'une hygiène physique et mentale.


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