L’Apprenti Sage de la Paix.

Le sida est souvent au centre de débats et notamment sur les thérapies applicables. Mark Griffiths, seropositif "guéri" après avoir fait la paix avec lui-même prouve qu'une démarche d'ouverture de conscience peut tout changer: les effets du syndrome, le regard sur la vie, le rapport a soi et aux autres. Au-delà de l'espoir qu'il suscite, son exemple est a méditer pour nous ouvrir a plus d'amour et de justice.

Mark Griffiths: Elle était grosso modo nulle ! Le premier moment d'eveil spirituel est venu quelques mois avant d'avoir découvert que j'étais séropositif. Ma femme est morte, foudroyée d'une rupture d'anevrisme. Pendant son enterrement, j'ai senti une force en moi et quelque chose de définitif s'est produit au moment du service religieux. Dans la petite chapelle, ma seule idée était d'allumer une.bougie. Cette image de la flamme, de la lumière, s'est vraiment ancrée en moi. Six mois après, j'avais le diagnostic de ma séropositivité, mais curieusement, ce n'était qu'une confirmation du même signe d'eveil que j'avais eu dans la chapelle. Quelque chose de magique s'est passe intérieurement et j'ai commence a prendre la responsabilité de ma vie.

JDM: Comment votre démarche spirituelle a-t-elle évolué après le diagnostic ?

M G: Pendant trois ans, j'ai vécu la séropositivité comme tout le monde, dans la honte. Ma vie s'était écroulée, j'avais perdu confiance en moi et j'ai du cesser de travailler des 88. J'ai vécu une crise très profonde entre 88 et 89, car j'étais heroînomane et je prenais conscience a quel point j'étais faux dans mes relations avec les autres. Une rupture avec une nouvelle amie m'a montre a quel point j'étais violent envers moi-même. Cette deuxième prise de conscience m'a permis d'arrêter totalement l'heroïne en 89. C'est alors que j'ai aborde toutes sortes de techniques qui m'ont donne conscience de l'énergie de la vie, de l'énergie de la nature, de la terre. Pour la première fois de ma vie, je me suis mis au centre de ma propre vie.

JDM: Comment votre démarche spirituelle vous a-t-elle permis de mieux vivre votre séropositivité et de passer de la peur a la confiance en vous ?

M G: Ce fut de prendre conscience de la violence que j'avais envers moi-même et donc du manque d'amour que je vivais. Même si j'avais peur du virus, quelque chose en moi m'a dit que c'était vraiment comme si je devais me purifier intérieurement. Le changement d'alimentation et des thérapies différentes m'ont permis d'exprimer mes émotions, je me suis allège, j'ai pris conscience de l'existence de la vie spirituelle en dehors des dogmes et des églises. J'ai compris que l'être humain vit dans un univers fait d'énergie et que l'éducation ne nous permet pas d'en avoir pleinement conscience.

Avec l'alimentation vivante, végétarienne, j'ai commence a être beaucoup plus sensible a des états de détente profonde. A travers ces états je me suis senti davantage en harmonie avec des aspects très éloignés du banal quotidien.

JDM: Vous avez également crée un journal, "L'apprenti Sage".

M G: En 1990, j'ai rencontre des chamans et des gens qui travaillent avec les dauphins. En revenant d'une manifestation sur le thème de la guérison, j'ai reçu un texte de Peter Duesberg, biologiste moléculaire en Californie: "Le virus du sida relève-t-il d'une science fiction ?" . C'était comme un message du ciel pour moi qui disait "Ok, c,a va mieux. Au boulot !" Et a partir de la, j'ai commence a traduire des articles en français en incluant des témoignages de guérison, des propositions thérapeutiques, la communication de ce qu'est réellement la santé. J'ai monte un dossier que j'ai appelé "L'apprentissage" car je me suis aperçu a cette époque-la que j'avais beaucoup a apprendre. åpres avoir donne des conférences avec Christian Tal Schaller et Guylaine Lanctot, et fait une présentation au Parlement Européen en 96, mon idée était de transmettre l'information a travers un journal. Et puis s'est impose le jeu de mots, "I'Apprenti Sage", pour apprendre a être sage, a être en paix avec ce que la vie nous donne parce que pour moi, la vraie force c'est l'amour.

Les Mondes Parallèles. Avril - Mai 1999.
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