Le SIDA n'est pas une condamnation à mort

AIDS does not mean death – 45 hours on film proves it. Anita Allen. Red
Flags 2005, May 12.

 

Tine van der Maas est infirmière et sage-femme depuis 22 ans. Elle travaille en Afrique du Sud auprès des populations les plus défavorisées. Avec sa mère et ses collègues du Health Education Services (HES) elle parcourt le pays et les pays voisins pour diffuser un message : le SIDA n’est pas une condamnation à mort.

Son expérience auprès de 40.000 patients depuis des années lui a permis de constater que le fait d’appliquer de bonnes règles de nutrition permet de sauver même des malades gravement atteints. En 2002, elle a contacté le Dr M Tshabalala-Msimang pour l’informer sur son programme de soins. Elle a été invitée à le présenter en janvier 2003 à l’occasion d’un congrès sur la nutrition, devant les professionnels de santé et les ministres de la santé de 14 pays d’Afrique noire. Elle a présenté quelques cas parmi les plus remarquables.

On lui a demandé de traiter N Benghu, la fille d’un haut fonctionnaire sud-africain, qui était séropositive pour le VIH, et hospitalisée pour une pneumonie grave ne répondant à aucun antibiotique. 3 jours après le démarrage du programme nutritionnel, elle pouvait quitter l’hôpital. 3 années plus tard, elle exposait son expérience dans une interview. Le Dr Tshabalala-Msimang lui a demandé de prendre en charge 8 malades en phase terminale et sur le point de décéder, hospitalisés à l’hôpital de Mokopane. 5 d’entre eux ont été sauvés. L’un d’entre eux était un homme qui ne pesait plus de 45 kg, était alité depuis plus de 3 mois, et était plus ou moins comateux. 3 jours plus tard, ce malade recommençait à marcher. T van der Mass et sa mère ont ensuite été invitées au Lesotho par le ministre de la santé de ce pays, où elles ont travaillé dans un hôpital où étaient admis 42 patients souffrant de SIDA ; les conditions matérielles étaient très difficile, et souvent l’hôpital n’avait même pas d’eau courante. Malgré cela, au bout de 10 jours de traitement nutritionnel, la plupart des malades étaient sur le point de sortir. Le film tourné dans cet hôpital sur le traitement de ces personnes est passé à la télévision au Lesotho et en Afrique du sud.

Elles ont ensuite travaillé à l’hôpital de Nelspruit, dans la région de Mpumalanga (en Afrique du Sud, près de la frontière avec le Mozambique). Le service enregistrait 10 à 14 décès par semaine pour le SIDA. Pendant les 8 mois de leur séjour, il y a eu seulement 27 décès en tout. Le principal problème dans cette région, a dit T van der Mass, est l’incroyable pauvreté de ces gens. Le programme de nutrition les remettait sur pied, mais ensuite ils retournaient chez eux, et tombaient à nouveau malade parce qu’ils ne pouvaient pas continuer à se nourrir correctement.

Leur travail est loin d’être toujours facile. Dans certains services où on leur a demandé de mettre en œuvre leur programme nutritionnel, elles ont dû affronter l’hostilité des médecins qui refusaient d’accepter quoi que ce soit d’autre que le traitement conventionnel du SIDA. Elles ont été invitées à une émission de télévision auquel une association d’activistes pour la promotion des antirétroviraux était également invitée, et dans laquelle elles ont été clouées au pilori. T van der Mass et sa mère ont donc décidé de démontrer par elles-mêmes que leur programme nutritionnel donnait d’excellents résultats. Elles ont vendu leur maison, on réuni toutes leurs économies et toutes les donations qu’elles ont pu recueillir, et ont été s’installer dans le Kwa Zulu Natal, une région d’Afrique du Sud où la prévalence du SIDA est très élevée, et où la population est très pauvre. Dans cette région, l’alimentation est désastreuse.

Leur programme est un programme de promotion d’une bonne santé. Elles ne font pas de tests de dépistage du VIH. Elles traitent les personnes en mauvaise santé. Elles recommandent une bonne alimentation, constituée d’aliments que l’on peut cultiver localement, ainsi que des compléments alimentaires que l’on peut se procurer dans les commerces locaux. Parmi les 400 patients gravement malades qu’elles ont traités, elles ont enregistré 2 décès survenus dans les 48 heures qui ont suivi leur prise en charge (2 personnes très gravement atteintes), et 3 autres parmi les patients qui ont été soignés pendant une semaine ou plus longtemps. A l’occasion de leur séjour dans cette région, 45 heures de film ont été tournées pour montrer leur programme et présenter les témoignages des personnes traitées. Certes, cela ne guérit pas le VIH, mais cela permet aux personnes traitées d’avoir un système immunitaire en bon état. Le principal problème de leur programme, dit T van der Maas, est que c’est « trop simple, pas assez technique » ; en conséquence, si l’argent coule à flot pour financer les programmes de traitement par antirétroviraux, un programme nutritionnel tel que le leur ne reçoit aucune subvention et aucune attention de la part des grands médias.

Traduction : FR

 

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