Le VIH est-il la cause du sida ?
Interview par Christine Johnson
ELENI PAPADOPOULOS-ELEOPULOS
est biophysicienne et dirige un groupe de
recherche sur le VIH/SIDA à Perth* (Australie). Depuis
plus de 10 ans, son groupe a publié bon nombre d'articles
scientifiques mettant en cause l'hypothèse VIH/SIDA. Elle
est ici interrogée sur ce travail et tout spécialement
sur la position de son équipe vis-à-vis du SIDA
lui-même.
* Department of Medical Physics, Royal Perth Hospital, Perth,
Western Australia.
Voice int + 61 9 2243221; Fax int + 61 9 2243511
CHRISTINE JOHNSON:
Membre du MENSA et journaliste scientifique.
Habite Los Angeles (USA). Coordinatrice de l'information scientifique
à HEAL/ Los Angeles, conseillère scientifique à
la revue C0NTINUUM et coéditeur de Reappraising AIDS. Christine
est consultant à l'Association Mark Griffiths.
Sa vaste expérience documentaire dans le domaine juridique
et médical l'a mise à la poursuite de la vérité
sur le SIDA. Elle se fait une spécialité de mettre
à la portée du grand public l'information sibylline
des journaux scientifiques. Depuis quatre ans elle s'intéresse
au groupe de PERTH et les articles qu'elle a écrits pour
critiquer les tests VIH ont été publiés dans
le monde entier.
Christine Johnson: Merci, Eleni.
d'accepter cette interview.
Eleni P.Eleopulos: Je vous en prie. C'est avec plaisir.
CJ: Est-ce que le VIH est la cause du SIDA?
EPE: Ce n'est pas prouvé.
CJ: Comment cela se fait-il?
EPE: Pour plusieurs raisons mais tout d'abord parce qu'on n'a
pas la preuve que le VIH existe.
CJ: C'est assez effarant comme affirmation, et plutôt
difficile à croire!
DE: Peut-être, mais c'est néanmoins la conclusion
de mes recherches.
CJ: Pourtant Montagnier et Gallo ont déjà
isolé le VIH au début des années 80.
EPE: Non. Les articles que ces deux chercheurs ont publiés
à l'époque dans la revue Science n'apportent pas
la preuve qu'ils aient isolé un virus chez un malade du
SIDA.
CJ: Ils prétendent pourtant que si.
EPE: L'interprétation que nous faisons de leurs données
est différente.
CJ: Vous pourriez peut-être nous expliquer ce qui
vous a amenée à prendre une position aussi radicale.
EPE: Pour commencer, je crois que le plus facile serait de se
poser la question: "Qu'est-ce qu'un virus?". Or la réponse
est toute simple: Un virus est une particule microscopique capable
de se reproduire à l'intérieur d'une cellule.
CJ: Les bactéries n'en font-elles pas autant?
EPE: Si, mais il y a une différence très importante.
Les bactéries ne sont pas dépendantes de la cellule
pour se reproduire -on dit répliquer-. Les virus, eux,
ont obligatoirement besoin de la cellule. La bactérie,
voyez-vous, tout comme la cellule, porte son matériel de
reproduction à l'intérieur d'elle même. Elle
n'emprunte à l'extérieur que sa nourriture et son
énergie. Le virus, par contre, n'étant rien d'autre
qu'un paquet de protéines ficelées autour d'un bout
d'ADN ou d'ARN, ne comporte pas de machinerie propre à
assurer sa réplication.
CJ: Ainsi donc, si l'on considère que la cellule
est une usine, le virus n'est qu'une matrice en quête d'usine.
EPE: La comparaison ne peut pas être plus juste.
CJ: Et comment fait un virus pour répliquer ?
EPE: Il faut d'abord qu'il entre dans la cellule. Pour ce faire,
son enveloppe protectrice fusionne avec la membrane de la cellule
et il passe à l'intérieur. Une fois là, il
profite des mécanismes de son hôte pour se désagréger
et faire la synthèse des pièces détachées
nécessaires à la constitution de nouveaux virus.
Finalement, quand tout est prêt, ces nouveaux virus quittent
la cellule.
CJ: Comment en sortent-ils?
EPE: Soit en détruisant la cellule, soit de manière
plus ordonnée en bourgeonnant au travers de la membrane
cellulaire, comme c'est le cas pour les rétrovirus. Le
VIH fait exception: bien que rétrovirus, il est dit qu'il
détruit la cellule.
CJ: Justement, qu'en est-il de cette particule qu'on appelle
VIH ? D'après vous, ce n'est pas un virus?
EPE: Pour prouver qu'un virus existe, vous devez faire 3 choses:
1)- D'abord, dans une culture de cellules, trouver une particule
qui ressemble, c'est la moindre des choses, à un virus.
2)- ensuite concevoir un procédé qui permette d'isoler
cette particule, de la mettre en pièces détachées
et d'analyser avec précision les éléments
qui la composent.
3)- Enfin, voir si la particule est capable de faire des copies
exactes d'elle même. En d'autres termes de répliquer.
CJ: Peut-on, en regardant dans un microscope dire: "Ça,
c'est un virus"?
EPE: Non, on ne peut pas. C'est tout le problème des virus.
Les particules qui leur ressemblent ne sont pas forcément
toutes des virus. Elles ne le sont que s'il est prouvé
qu'elles peuvent réellement faire des copies d'elles-mêmes.
Pas de réplication, pas de virus. Désolée,
mais c'est comme ça. Et c'est un point très important
que personne, en particulier aucun virologiste, ne peut se permettre
d'ignorer.
CJ: Ça semble évident. Je ne vois pas comment
on pourrait tomber malade en attrapant un microbe qui ne se multiplie
pas!
EPE: Tout à fait.
CJ: Mais alors, en quoi la Recherche sur le SIDA se trompe-t-elle
?
EPE: Il s'agit moins de savoir ce sur quoi elle se trompe que
de savoir ce qu' elle a omis de chercher. Pour une raison que
j'ignore, la bonne vieille méthode d'isolation des rétrovirus,
mise au point dans la recherche sur les animaux, n'a pas été
suivie.
CJ: Avant d'aller plus loin, pourriez-vous nous expliquer
ce que sont les rétrovirus ?
EPE: Oui, ça vaudrait mieux. Comme vous le savez sans doute,
on dit que le VIH est un rétrovirus. Les rétrovirus
sont des particules incroyablement minuscules et presque sphériques
qui...
CJ: Quelle taille?
EPE: 100 nanomètres de diamètre.
CJ: C'est à dire ?
EPE: Un dix millième de millimètre. Sur une tête
d'épingle, vous pourriez en avoir des millions.
CJ: Comment, pratiquement, fait-on pour voir quelque chose
d'aussi petit ?
EPE: Il faut un microscope électronique. C'est grâce
à lui que nous connaissons la taille et la forme des rétrovirus,
que nous savons qu'ils sont presque ronds, qu'ils ont une enveloppe
couverte de protubérances, comme des boutons et un coeur
fait d'ARN et de quelques protéines.
CJ: S'il existe, le VIH est donc un virus à ARN ?
EPE: C'est cela. Et il y a un autre point important: les rétrovirus
n'utilisent pas directement leur matrice d'ARN pour se multiplier.
D'après les rétrovirologistes, ce qui les différencie
de tous les autres virus, c'est qu'ils commencent par copier leur
ARN en ADN. Cet ADN part ensuite dans le noyau de la cellule où
il se fond dans l'ADN cellulaire. Ce bout d'ADN intégré
est appelé pro-virus et il peut rester en sommeil des années
durant, jusqu'à ce que quelque chose vienne le réactiver.
CJ: Que se passe-t-il alors?
EPE: L'ADN proviral est copié à nouveau en ARN et
c'est ce dernier, et non l'ARN d'origine, qui régit la
production des protéines nécessaires à la
fabrication de nouveaux virus.
CJ: Pourquoi les appelle-t-on rétrovirus?
EPE: Parce que pendant longtemps les biologistes ont cru que,
dans les cellules vivantes, le processus de production des protéines
avait un sens, allant de l'ADN à l'ARN. Les rétrovirus
faisant l'inverse, du moins dans la première étape,
ils ont été vus comme fonctionnant à contre
courant, en sens rétrograde.
CJ: C'est compris.
EPE: Autre chose encore. Une des protéines qui composent
le virus est une enzyme qui catalyse le processus de transcription.
De ce fait on l'a baptisée: trarscripteuse inverse.
CJ: Et alors ?
EPE: Alors c'est pour cet ensemble de raisons qu'on dit: rétrovirus.
CJ: Vous avez parlé d'une méthode d'isolation
virale vieille de dizaines d'années. A quand cela
remonte-t-il?
EPE: On peut considérer la période qui va des années
40 à la fin des années 70. Voyez-vous, les rétrovirus
furent parmi les premiers virus à être découverts.
Peyton Rous , du Rockfeller Centre de New York, les découvrit
en 1911, en faisant des expériences sur les tumeurs malignes
du muscle du poulet. Mais pour les voir vraiment, il a fallu attendre
l'invention du microscope électronique (ME) et de la centrifugeuse
ultra-rapide(CUR). C'est alors que les choses ont commencé
à s'organiser.
CJ: Quelles choses?
EPE: La méthode d'identification et de purification des
particules rétro-virales
CJ: C'est à dire l'isolation; c'est bien la même
chose n'est-ce pas ?
EPE: Oui. Pour purifier des particules, quelles qu'elles soient,
le chercheur doit mettre au point une méthode qui permette
de les séparer de tout le reste.
CJ: Comment le microscope électronique et la centrifugeuse
ultra-rapide ont-ils rendu la purification des rétrovirus
possible?
EPE: Le ME permet de voir des particules infimes. La CUR joue
un rôle extrêmement important. Il faut savoir que
les particules rétro-virales présentent la particularité
de flotter à une densité très précise
et ceci est utilisé pour les séparer des autres
produits de culture. On appelle le procédé "Centrifugation
en gradient de densité".
CJ: Ca paraït bien compliqué!
EPE: La technique est compliquée mais le concept est tout
à fait simple. Vous préparez une solution de sucrose
-c'est du sucre ordinaire- mais vous faites en sorte que la solution
soit faible en surface et de plus en plus dense vers le fond de
l'éprouvette. Entre temps vous avez cultivé des
cellules que vous pensez contenir des rétrovirus. S'il
y en a, ils vont être largués dans le milieu de culture.
Vous décantez ce liquide et bien délicatement vous
en versez une goutte dans votre éprouvette de sucrose dont
la densité est variable. Puis vous centrifugez à
très grande vitesse. Cela crée une énorme
gravité et les particules présentes au sommet de
l'éprouvette vont être entraînées vers
le bas de la solution jusqu'à atteindre un point où
leur densité est la même que celle du sucrose à
cet endroit-là. Elles sont en équilibre avec le
milieu et toutes vont finir par s'immobiliser au niveau qui leur
est propre. Dans le jargon des biologistes on dit qu'elles "bandent"
car elles s'étagent en bandes dans l'éprouvette.
Chaque bande peut être sélectivement extraite et
photographiée au ME.
CJ: Et est-ce que les rétrovirus bandent à
une densité particulière?
EPE: Oui, dans la solution de sucrose ils bandent à une
densité caractéristique de 1.16 gm/ml.
CJ: Ainsi, au microscope on peut voir quelle sorte de poisson
on a pêché.
EPE: Non seulement ça; c'est aussi la seule façon
de savoir si l'on a attrapé du poisson ou rien du tout.
CJ: C'est vrai... Montagnier et Gallo n'ont-ils pas
fait cela ?
EPE: Votre question soulève un problème parmi beaucoup
d'autres. Montagnier et Gallo ont bien utilisé la centrifugation
en gradient de densité, mais pour une raison inconnue ils
n'ont publié aucune photographie du matériel récolté
à 1.16 gm/ml,... qu'ils prétendaient être
-comme tout le monde l'a prétendu à leur suite-
du"pur VIH". C'est très intrigant pour la bonne
raison que 10 ans avant, en 1973, ceux qui allaient devenir les
plus grands experts en VIH, avaient discuté à l'Institut
Pasteur de la méthode d'isolation des rétrovirus.
A cette réunion il fut établi que la photographie
de la bande de densité 1.16 était absolument essentielle.
CJ: Mais Montagnier et Gallo ont pourtant publié
des photos de particules virales ?
EPE: Non pas. Montagnier et Gallo ont bien publié des photos
prises au ME d'un petit nombre de particules, mais ils n'apportent
pas la preuve qu'elles sont virales. Ils les appellent VIH, mais
n'ayant pas suivi la méthode arrêtée en 1973
ils ne prouvent pas que le VIH existe.
CJ: Et quelle est cette méthode ?
EPE: Toutes les étapes que je vous ai déjà
décrites. C'est la seule méthode qui soit scientifique:
cultiver les cellules, trouver une particule, l'isoler, la mettre
en pièces, trouver ce qu'elle contient et ensuite prouver
qu'elle est capable de se multiplier sans varier de nature dans
un milieu de cellules saines.
CJ: Ainsi donc, bien avant qu'on ne parle de SIDA, on avait
une méthode pour prouver l'existence des rétrovirus
mais ni Montagnier ni Gallo ne l'ont suivie quand il s'est agit
du VIH ?
EPE: Ils ont utilisé certaines techniques que la méthode
exige mais ils ont sauté des étapes. En particulier
celle qui consiste à démontrer la nature des particules
trouvées dans la bande 1.16 gr/ml, bande spécifique
des rétrovirus.
CJ: Et leurs photos alors?
EPE: Avant le mois de mars de cette année (1997) personne
n'a jamais publié la photo d'un gradient de densité.
Les photos de Montagnier, Gallo et tous les autres proviennent
de cultures cellulaires non purifiées. Pas du gradient.
CJ: ... Et cette photo est nécessaire si l'on
veut prouver qu'on a isolé un virus .
EPE: Tout à fait.
CJ: Est-ce que la bande 1.16 contient autre chose que du
matériel rétroviral ?
EPE: Oui justement. C'est bien pour ça qu'il faut une photo.
Il faut pouvoir constater visuellement tout ce qu'il y a dans
cette bande. Depuis bien avant l'ère du SIDA on savait
que les particules rétrovirales sont loin d'être
les seules à se faufiler jusqu'à ce gradient de
densité. De minuscules morceaux de cellules, des structures
internes à la cellule ou simplement des déchets
cellulaires peuvent bander à 1.16 gm/ml. Si parmi eux il
se trouve des acides nucléiques, ils peuvent prendre l'apparence
de rétrovirus.
CJ: Les acides nucléiques, qu'est-ce que c'est ?
EPE: C'est ce qu'on appelle ADN et ARN
CJ: On devrait pourtant pouvoir éviter la contamination
par les débris cellulaires puisque les rétrovirus
ne font pas éclater la cellule quand ils en sortent.
EPE: En fait, oui et non. Du temps déjà où
ils travaillaient sur l'animal, les rétrovirologistes ne
manquaient jamais de recommander qu'on manipulât les cultures
avec une extrême précaution et qu'on nourrisse avec
soin les cellules pour éviter qu'elles ne se désagrègent.
Mais en ce qui concerne le VIH, éviter la contamination
n'est pas si simple puisqu'on nous dit qu'il tue les cellules.
Personne ne peut plus donc prétendre ne récupérer
que du virus dans le liquide où baignent les cultures ni
à 1.16 gm/ml. Une autre source de confusion vient du fait
que dans maintes expériences sur le VIH c'est l'expérimentateur
lui-même qui broie délibérément les
cellules. Sachant tout cela, il est encore plus incompréhensible
qu'aucun chercheur n'ait produit la photo d'un gradient de densité.
C'est une étape cruciale qui a été sautée.
CJ: Serait-ce parce que la microscopie électronique
est trop spécialisée et trop coûteuse ?
EPE: Autrefois peut-être, mais plus de nos jours. Ca fait
au moins 20 ans que le ME est utilisé quotidiennement dans
les hôpitaux pour diagnostiquer toutes sortes de maladies.
De plus, les photos de cultures de VIH au ME ne manquent pas.
Le fait est que, tout simplement, jusque'' à cette année,
pour une raison inconnue, aucune n'avait été prise
dans le gradient de densité.
CJ: Entendu. Parlons donc de ces fameuses photos
prises cette année. Qu'y voit-on ?
EPE: Deux groupes différents viennent de publier des photos
du gradient de densité. L'un est franco-allemand, l'autre
américain, de l'Institut National du Cancer. Les photos
des franco-allemands sont prises dans la bande 1.16 gm/ ml. Il
est par contre impossible de savoir dans quelle bande les américains
ont pris leurs photos. Supposons donc que c'est aussi dans la
bonne bande. La première chose que l'on peut dire c'est
que ces clichés révèlent un énorme
pourcentage de matériel cellulaire. Les auteurs décrivent
ce matériel comme étant "non-viral" et
l'appellent "pseudo virus" ou "micro-vésicules".
CJ: Que sont des micro-vésicules?
EPE: Ce sont des fragments de cellule encapsulés .
CJ: Y a-t-il du virus dans ces photos ?
EPE: Il y a quelques particules que les auteurs disent être
rétrovirales. En fait, ils disent que c'est du VIH. Mais
ils n'en fournissent pas la preuve.
CJ: Il y en a-t-il beaucoup, de ce VIH ?
EPE: Très peu. La bande devrait en contenir des milliards
et sur une photo au ME il devrait couvrir entièrement le
champ.
CJ: Le matériel ne contient donc que très
peu de particules VIH dans un milieu particulièrement impur
?
EPE: C'est bien ça.
CJ: Quelle est l'explication des experts ?
EPE: Ils disent que le matériel cellulaire se décante
au même niveau que le VIH.
CJ: Mais dites-moi, est-ce que ces particules qu'on prétend
être du VIH ressemblent à un rétrovirus?
EPE: Elles n'en n'ont que vaguement l'apparence. Il est vrai qu'elles
se rapprochent davantage du rétrovirus que le reste du
matériel mais seraient-elles parfaitement identiques que
cela ne suffirait pas pour dire que c'est du rétrovirus.
Même Gallo admet l'existence, dans la bande 1.16 gm/ml,
de particules qui ont les apparences et les propriétés
biochimiques des rétrovirus mais qui cependant n'en sont
pas car il leur manque la capacité de répliquer.
CJ: D'accord, mais ceci mis à part, qu'est-ce qui
différencie ces particules de vrais rétrovirus?
EPE: Gallo et d'autres, comme Hans Gelderblom qui a mené
la plupart des études sur les photos du VIH, admettent
que les rétrovirus ont une forme pratiquement sphérique,
un diamètre de 100 à 120 nanomètres et sont
couverts de vésicules. Les particules soi-disant VIH décrites
par les deux groupes ne sont pas sphériques, aucune n'est
inférieure à 120 nm (beaucoup font plus du double),
et aucune n'a de vésicules.
CJ: Est-ce que la taille c'est si important ? En biologie,
beaucoup de choses ont une taille variable. Des hommes deux fois
plus grands que d'autres n'en sont pas moins des hommes.
EPE: Ce qui est vrai pour les hommes ne l'est pas pour les rétrovirus.
En premier lieu, les rétrovirus n'ont pas besoin de grandir.
Ils naissent adultes. La comparaison doit donc se faire entre
hommes adultes. Et des hommes de 4 mètres vous en connaissez
beaucoup vous ? Le plus grand jamais enregistré avait 2m95.
Mais il n'y a pas que la taille qui soit en question ici.
CJ: Et quoi d'autre ?
EPE: En supposant que les deux groupes de recherche soient allés
prendre leurs particules à la densité qui correspond
aux rétrovirus, leurs particules devraient avoir la même
densité, soit 1.16 gm/ml. Or sur les photos, si vous mesurez
le soit disant VIH et que pour faciliter les choses vous considérez
les particules sphériques, vous constatez que les particules
franco-allemandes sont 1,14 fois plus larges et les américaines
1,96 fois plus larges que d'authentiques rétrovirus Si
vous mettez les diamètres au cube pour avoir les volumes,
ça vous donne des particules une fois et demi et sept fois
et demi plus grosses que des rétrovirus. Le "VIH"
américain est obèse: il fait 5 fois le franco-allemand!
CJ: Que doit-on en conclure ?
EPE: Que les particules franco-allemandes renferment une fois
et demi et les américaines sept fois et demi plus de matière
que de vrais rétrovirus.
CJ: Et pourquoi ?
EPE: Parce que la densité c'est le rapport masse/volume.
Pour une même densité, si le volume augmente il faut
que la masse augmente de la même valeur.
CJ: Bien sûr, mais où voulez-vous en venir?
EPE: A ceci: Tout véritable rétrovirus contient
une quantité bien précise de protéines et
d'ARN. Pas plus, pas moins. Dans le cas qui nous intéresse,
nous avons des particules qui sont faites de beaucoup plus de
matière que d'authentiques rétrovirus. Cela signifie
que, si ces particules de différentes tailles sont vraiment
du VIH, alors le VIH n'est pas un rétrovirus. Une autre
explication c'est que les photos ne proviennent pas de la bande
1.16. Si c'est le cas, il ne reste plus qu'à changer la
définition des rétrovirus et cesser de considérer
que la bande 1.16 est celle des rétrovirus. Si on en vient
là, toute la recherche précédente tombe à
l'eau puisque jusqu'à présent c'est dans cette bande
que tous les chercheurs sont allés puiser leur "pur"
VIH. En conséquence, l'ARN et les protéines de cette
bande ne pourraient plus être utilisés pour la fabrication
des tests diagnostics.
CJ: Vous avez signalé que ces particules n'avaient
pas de vésicules. Est-ce que c'est très important
?
EPE: Tous les spécialistes s'accordent pour dire que les
vésicules qui recouvrent le VIH sont absolument nécessaires
pour qu'il adhère à la cellule. C'est la première
étape du processus d'infection. Pas d'adhérence,
pas d'infection. La protéine qui les compose, la GP 120,
agit comme un grappin. Si le VIH est démuni de ce mécanisme
d'abordage, comment fait-il pour se reproduire ?
CJ: Vous voulez dire qu'il ne peut s'accrocher à
la cellule où il doit entrer pour pouvoir se reproduire?
EPE: Exactement. S'il ne réplique pas, le VIH ne peut pas
être infectieux.
CJ: C'est effectivement une question cruciale. Que répondent
les spécialistes?
EPE: Ils évitent de répondre. Et ce problème
de vésicules n'est pas nouveau. L'équipe allemande
dont il a été question plus haut a attiré
l'attention là dessus à la fin des années
80 et de nouveau en 1992. Aussitôt qu'une particule VIH
sort de la cellule, toutes ses vésicules tombent! Ce simple
fait a de multiples implications. Prenez les hémophiles
par exemple. Les 3/4 sont séropositifs pour avoir, soi-disant,
été infectés par du Facteur VIII contaminé.
Ce Facteur VIII est la substance dont ils ont besoin pour coaguler.
Elle est extraite du plasma, c'est à dire de sang sans
cellules. S'il se trouve du VIH dans le Facteur VIII, c'est qu'il
a déjà quitté les cellules et qu'il flotte
librement dans le plasma. Or, si le VIH extra-cellulaire est dépourvu
de vésicules il n'a pas les moyens d'entrer dans les cellules
saines de l'hémophile pour les infecter. CJ: Mais
alors comment expliquez-vous la séroposivité et
le SIDA des hémophiles ?
EPE: Mes collègues et moi-même avons publié
plusieurs articles sur ce sujet. Nous donnons plusieurs explications
possibles. Dans un numéro spécial de la revue Genetica
de 1995 qui traite de la controverse VIH/SIDA nous faisons même
une analyse détaillée de l'hémophilie.
CJ: J'avoue accepter difficilement que les hémophiles
n'aient pas été infectés par du facteur de
coagulation contaminé. Et je parie qu'il en est de même
pour les hémophiles concernés.
EPE: Malheureusement, c'est la vérité. Mais peut-être
serez-vous persuadée par une petite explication rapide.
Dites-moi, si un séropositif se couper et saigne, combien
de temps son sang demeure t-il infectieux ? A l'extérieur
de son corps ?
CJ: D'après ce que j'ai lu, quelques heures tout
au pIus.
EPE: Et pourquoi?
CJ: Parce que le VIH sèche et meurt. C'est du moins
ce que dit le Centre Mondial de Surveillance des maladies Infectieuses
(CDC).
EPE: Effectivement. Maintenant, permettez-moi de vous poser une
question: Comment est préparé le Facteur VIII?
CJ: A partir des dons du sang.
EPE: Exact. Avez-vous déjà vu un flacon de Facteur
VIII ?
CJ: Non.
EPE: Eh bien je vais vous le décrire: Il se présente
comme une poudre jaunâtre sèche, floconneuse et au
moment où il est utilisé il a déjà
au moins 2 mois de stockage. Vous voyez le problème?
CJ: Je vois. S'il est dessiqué et vieux de plusieurs
mois. Le VIH qu'il contient est mort depuis longtemps.
EPE: Evidemment. Comment fait donc le Facteur VIII pour causer
infection VIH et SIDA chez les hémophiles ?
CJ: Je ne sais pas, mais je commence à comprendre
pourquoi vous êtes mal vue dans certains milieux! Nous ferions
peut-être mieux de ne pas nous laisser entraîner dans
une discussion sur l'hémophilie. J'ai une autre question.
C'est à propos du contenu de la bande 1.16gm/ ml. : Comment
se fait-il, d'après vous, que la plupart des experts en
VIH l'aient pris pour du VIH pur. Du moins jusqu'à tout
récemment ?
EPE: Je pense qu'il est prématuré de croire que
ces photos de Mars 97 ont changé quoi que ce soit à
l'opinion générale. La bande 1.16 gm/ml du gradient
de densité est toujours prise pour du pur VIH.
CJ: Ah bon... Et que pense votre groupe de ces photos ?
EPE: Elles apportent la preuve que le matériel photographié
est impur, qu'il ne contient pas de particules du genre rétroviral,
encore moins des particules rétrovirales et certainement
pas un rétrovirus aussi spécifique que le VIH. Cela
confirme notre recherche et la position que nous avons prise dès
le début à savoir qu'il n'existe pas de preuves
de l'isolation d'un rétrovirus chez les malades ou les
personnes à risque de SIDA.
CJ: O.K. Laissons de côté ces photos. Quelles
sont les autres preuves qui ont été produites de
l'existence du VIH?
EPE: C'était déjà des photos de particules,
prises au ME, mais provenant des cultures. Pas du gradient de
densité. Ce que l'on peut dire c'est que ces cultures contiennent
une grande variété de particules, dont certaines
éventuellement passer pour des rétrovirus. C'est
tout. Aucune donnée complémentaire n'a été
collectée Sur ces particules. Pas de purification, pas
d'analyse et pas de preuve de réplication. Plusieurs chercheurs
spécialisés dans ce domaine, comme Hans Gelderblom
et ses collègues du Koch Institute de Berlin, ont trouvé
non pas un type, mais un foisonnement incroyable de particules
de types différents. Cela soulève bien des questions:
- Si l'une de ces particules est vraiment le rétrovirus
que les experts appellent VIH, que sont donc toutes les autres
?
- Laquelle de ces particules bande à 1.16 mg/ml ?
- En supposant que la particule VIH cause le SIDA, pourquoi une
autre, ou d'autres, n'en feraient-elles pas autant?
- Pourquoi toutes les particules ne causeraient-elles pas le SIDA?
- Ou encore, pourquoi ne serait-ce pas le SIDA, ou simplement
les cultures, qui produiraient le VIH?
Sans parler du fait que, quand il s'agit de la nature elle-même
du VIH, personne n'est d'accord. Parmi les trois sous-familles
de rétrovirus que l'on connaît, le VIH a été
rangé par différents groupes de chercheurs dans
deux d'entre elles et, qui plus est, classé sous trois
espèces différentes.
CJ: Où en sommes-nous aujourd'hui?
EPE: Nous ignorons toujours tout sur ces particules. Aucune en
particulier n'a prouvé qu'elle était un rétrovirus.
Aucune dont on pourrait utiliser l'ARN et les protéines
pour tester l'infection ou faire des expériences. Et sans
ce préalable, comment comprendre ce qui se passe, comment
savoir si c'est vraiment un virus qui cause le SIDA?
CJ: Bien. Maintenant supposons que nous ayons une photo
d'un gradient de densité, qu'il ne contienne rien d'autre
que des milliers de particules, et qu'elles aient bien des vésicules,
la taille et la forme requises pour poser leur candidature de
rétrovirus. Quelle devrait être l'étape suivante
?
EPE: L'étape suivante consiste à désagréger
les particules, analyser leur ARN et leurs protéines, prouver
qu'une de ces protéines est une enzyme capable de changer
l ' ARN en ADN et finalement prouver que des particules exactement
identiques quant à la forme et aux constituants sont produites
dans une culture de cellules vierges, à partir d'un prélèvement
fait dans le gradient de densité.1.16.
CJ: Cette expérience a-t-elle été faite?
EPE: Non. Mais sans doute puis-je vous expliquer les choses plus
clairement en vous parlant de ce qui a été fait,
en 1984, par Gallo.
CJ: 1984? N'est-ce pas remonter un peu loin ?
EJE: Non, parce que c'est à cette époque-là
que la recherche sur l'isolation du VIH a été la
plus valable. C'est alors qu'on a échafaudé tout
ce que l'on croit et enseigne aujourd'hui sur le VIH.
CJ: Tout, vraiment?
EPE: Absolument. Jusqu'au moindre petit détail. Car ce
qui est décisif c'est d'avoir isolé la particule.
Par le fait de l'avoir isolée, vous avez prouvé
son existence; tout le reste en découle. Par exemple, avec
ses protéines vous testez les anticorps, avec son ARN vous
testez l'infection chez les enfants qui n'ont pas fait encore
d'anticorps, vous mesurez la fameuse "charge virale"
comme on le fait maintenant, etc. . . Mais la question est de
savoir si les expériences initiales ont été
suffisantes.
CJ: Suffisantes ?
EPE: Suffisamment valables pour prétendre qu'un virus nouveau,
appelé VIH, existe et qu'il est la cause du SIDA.
CJ: Bon. Parlez-nous donc des expériences de Gallo.
Mais au fait, pourquoi s'intéressait-il au SIDA?
EPE: En 1984 Gallo avait déjà passé plus
de dix ans sur les rétrovirus et le cancer. Il faisait
partie de cette armée de virologistes mobilisés
par le président Nixon pour sa croisade contre le Cancer.
Au milieu des années 70, Gallo crut avoir découvert
le premier rétrovirus humain. C'était chez des patients
atteints de leucémie. Il prétendit que ses travaux
prouvaient l'existence d'un rétrovirus qu'il baptisa HL23V.
A l'époque, comme il le fera plus tard pour le VIH, Gallo
se servit de la réaction des anticorps pour détecter
quelles étaient les protéines appartenant au virus
parmi les protéines présentes dans la culture .
Peu de temps après, on trouva les mêmes anticorps
chez beaucoup de gens qui n'avaient pas de leucémie. Au
bout de quelques années on en vint à constater que
ces mêmes anticorps apparaissent naturellement et sont dirigés
contre de nombreuses substances qui n'ont rien à voir avec
les rétrovirus. On réalisa alors que le HL23V était
une énorme bourde. Il n'y avait pas de HL23V. Les travaux
de Gallo devinrent une épine dans le pied de la science
et on ne parla plus jamais du HL23V. Malgré cela, ce qui
est intéressant pour nous dans cette histoire c'est que
les preuves que Gallo donna de l'existence du HL23V sont celles-là
même qu'il ressortit pour le VIH. En fait, elles étaient
encore plus solides.
CJ: Plus solides? En quel sens?
EPE: Eh bien, contrairement au cas du VIH, Gallo trouva de la
transcriptase inverse dans des tissus frais sans avoir à
faire de cultures.. De plus, il publia des clichés du matériel
trouvé au gradient de densité 1.16 gm/ml.
CJ: Et malgré cela, il s'avéra que c'était
une fausse piste.
EPE: Gallo n'insista pas sur son HL23V. Mais en 1980, il annonça
la découverte d'un autre virus, toujours à propos
de la leucémie. Il le baptisa HTLV-1 et il prétendit
qu'il était la cause d'une maladie particulièrement
rare, l'ATL (Leucémie des T4 de l'adulte). En fait, il
existe quelques parallèles et paradoxes très remarquables
entre cet HTLV et le VIH.
CJ: Quels sont-ils?
EPE: Ces deux virus sont supposés infecter le même
type de cellules (T4) et se propager de la même manière.
Cependant, contrairement au VIH, le HTLV-1 en est resté
au stade de la découverte. Son incidence est trop faible
et ne concerne que peu de gens en Afrique et au sud du Japon.
Moins de 1% des gens qui testent positif au HTLV-1 développent
cette leucémie et la période de latence peut dépasser
40 ans. Alors, à côté du SIDA... mais je disgresse.
Ce que je voulais expliquer, c'est comment Gallo s'est servi du
HTLV-1 pour concevoir le VIH. Au début du SIDA, les patients
souffraient d'un cancer, le sarcome de Kaposi, et d'une déficience
en T4, dont on venait juste d'apprendre à faire la numération
car la technologie appropriée fut mise au point précisément
à cette époque.
CJ: On supposa donc que le VIH tuait les T4.
EPE: Pas tout de suite. Le VIH n'était pas encore entré
en scène. Il fut seulement supposé que quelque chose
tuait les T4. Alors Gallo pensa au HTLV-1. Mais ça n'allait
pas de soi. D'abord parce que la leucémie causée
par le HTLV-1 est une prolifération de T4 et non une déficience,
ensuite parce que, au sud Japon, en dépit de la haute prévalence
d'anticorps anti-HTLV-1, il n'y avait pas de SIDA. Malgré
tout, à cause de l'association cancer/disfonction des T4
chez de nombreux homosexuels sidéens, Gallo s'entêta
à démontrer qu'un virus pouvait expliquer le tout.
CJ: Qu'arriva-t-il ensuite?
EPE: Avec son groupe, il se lança dans toute une série
d'expériences dont les résultats furent publiés
par la revue Science, en 4 articles consécutifs, dans le
numéro de mai 84. C'était un an après que
les français aient publié sur le même sujet,
dans Science aussi. Le groupe de Gallo avait commencé par
cultiver des lymphocytes de sidéens, mais apparemment aucune
culture n'avait produit assez de transcriptase inverse pour convaincre
les chercheurs qu'il tenaient un rétrovirus. Gallo et Mikulas
Popovic, un tchéque qui travaillait pour lui à l'époque,
eurent l'idée de mélanger les fluides provenant
de la culture de 10 patients atteints du SIDA et de verser ce
mélange sur des cellules leucémiques. Les cellules
en question avaient été prélevées
des années au auparavant sur un malade souffrant d'ATL.
La préparation produisit alors assez de transcriptase inverse
pour convaincre Gallo et Popovic qu'ils tenaient enfin un rétrovirus.
CJ: Vous voulez dire qu'un rétrovirus qui ne poussait
pas dans des cultures de sidéens prises individuellement
se mit à pousser quand les spécimens furent mélangés
puis cultivés ensemble?
EPE: Oui.
CJ: N'est-ce pas un peu bizarre? Si un germe est présent
dans un spécimen, il devrait pousser quoiqu'il en soit,
pour autant que les cultures soient faites de la même manière.
EPE: C'est ce que l'on est en droit d'attendre.
CJ: Et si vous mélangez tous les spécimens,
comment saurez-vous dans lequel, initialement, il y avait du virus?
Il se peut que le virus n'ait été présent
que chez un seul patient. Gallo n'a t'il jamais été
interrogé là-dessus ?
EPE: Il l'a été. Dans une émission télévisée
en 1993. Il a dit que ça lui importait peu que le virus
vienne d'un individu ou d'un pool de patients.
CJ: N'avez-vous pas dit que les cellules utilisées
pour la culture provenaient d'une Leucémie ATL?
EPE: Si.
CJ: Donc la culture devait contenir énormément
de T4?
EPE: Effectivement.
CJ: Comment un virus comme le VIH fait-il pour pousser sur
des cellules T4 qu'il est supposé tuer?
EPE: C'est encore un autre paradoxe du VIH/SIDA. Le VIH est censé
tuer les cellules T4 et donner une immunodépression (c'est
ce que SIDA veut dire). Or les cellules que Popovic a utilisées,
ainsi que leur clone H9, sont immortelles et le restent même
quand elles sont infectées par le VIH. Autrement dit, loin
de mourir à cause du VIH, ou plutôt de ce que l'on
prend pour du VIH, les cellules lui permettent de pousser indéfiniment.
C'est ainsi qu'il est cultivé pour fournir la matière
première des test fabriqués à partir de ses
protéines et de son ARN. Son clone H9 est largement utilisé
dans la recherche.
CJ: Bien. Mais qu'est-ce que Gallo a effectivement fait
pour prouver qu'il avait isolé un nouveau rétrovirus
chez des sidéens?
EPE: Si vous lisez son premier article, ce qu'il a appelé
"isolation" consiste en des photos de rares particules,
dans la culture et non dans le gradient de densité, plus
la découverte de transcriptase inverse, et dans le fait
que certains anticorps d'hémophiles et de lapins ont réagi
avec certaines protéines de la culture.
CJ: C'est tout ce qui fut rapporté comme tenant lieu
d'isolation?
EPE: Oui.
CJ: Est-ce vraiment une isolation?
EPE: Non. Isoler veut dire "séparer de tout le reste".
Ce n'est pas détecter seulement quelques phénomènes.
La seule manière de prouver l'existence d'un agent infectieux
c'est de l'isoler. C'est tout l'objet de ce débat.
CJ: Oui mais, isolé ou non, que répondez vous
à Gallo quand il dit que ses cultures ont fait pousser
un rétrovirus?
EPE: Permettez-moi d'insister: il n'y a jamais eu isolation. Gallo
n'a pas isolé un virus. Il n'a pas pris de photos du spécimen
à la densité requise pour n'avoir que des particules
rétrovirales. Il n'a fait aucune photographie du matériel
centrifugé. Tout juste des clichés de cellules,
une douzaine de particules éparpillées autour d'elles,
mais aucune extraction, aucune analyse, aucune preuve que ces
particules peuvent répliquer, peuvent produire des particules
identiques. On est en droit de se demander si Gallo avait une
preuve quelconque. A notre avis, il n'en avait pas. Il est primordial
de rappeler ici que trouver des particules et de la transcriptrase
inverse n'apporte pas la preuve qu'un rétrovirus existe.
CJ: Vous avez pourtant dit que les rétrovirus contiennent
de la transcriptase inverse.
EPE: Ils en contiennent. En fait, la transcriptase inverse a été
découverte dans un rétrovirus. Mais attention aux
pièges! Il y en a deux. L'un tient au fait que la TI (transcriptase
inverse) n'est pas l'apanage des rétrovirus. L'autre réside
dans le procédé de mise en évidence de la
TI. Sa mise en évidence est indirecte. On met un peu d'ARN
dans une culture et on regarde s'il apparaît l'ADN qui lui
correspond.
CJ: Vous voulez dire que la présence de la TI est
déduite de la capacité qu'a la culture de faire
ce tour de passe passe?
EPE: Oui. C'est le processus de transcription inverse qui fait
la démonstration. Comme beaucoup d'enzymes, le test mesure
ce que fait l'enzyme et non sa présence elle-même.
Pour la TI, on mesure la production d'ADN résultant de
la copie d'une sonde d'ARN synthétique introduite dans
la culture. Le problème est que la TI n'est pas la seule
à pouvoir faire ce "tour de passe passe" comme
vous dites. Des enzymes cellulaires ordinaires peuvent en faire
autant. Elles le font même très bien, y compris sur
cette sonde que tous les chercheurs introduisent dans leurs cultures
pour prouver qu'il y a de la TI et donc du VIH. Le comble, c'est
qu'en lisant la littérature sur le SIDA on se rend compte
que les chercheurs qui proclament avoir isolé le VIH n'ont
rien fait d'autre que de détecter de la TI.
CJ: C'est bien déconcertant!
EPE: Et ce n'est pas tout. D'après Harold Vamus,
prix Nobel et directeur du National Institute of Health, il y
a de la TI dans les cellules normales, tout comme dans les bactéries.
On sait aussi que parmi les produits chimiques nécessaires
aux milieu de culture certains ont la propriété
de faire se rétrotranscrire les lymphocytes normaux. S'il
s'agit de cellules leucémiques, elles le font d'elles-mêmes,
sans appoint de chimie ni de cellules sidéennes.
CJ: La TI peut donc avoir de multiples origines.
EPE: Oui. Et encore une autre en ce qui concerne les expériences
de Gallo. Souvenez-vous que Popovic et lui ont utilisé
la cellule H9 pour démontrer l'existence de leur VIH. Or,
comme je l'ai signalé, si vous remontez la lignée
de la H9 vous arrivez à la HUT 78, une cellule prélevée
par Gallo sur un malade chez qui il diagnostiquait un cancer dû
au HTLV-1. Si ce virus existe, il va forcément se retrouver,
avec sa TI, dans la H9 que Gallo a utilisée pour prouver
la présence du VIH.
CJ: Il est certain que ça ne viendrait à l'esprit
de personne d'aller chercher un nouveau virus dans
une cellule qui en contient déjà !
EPE: Sauf que chez Gallo c'était délibéré:
un an auparavant il avait précisé qu'il se servait
de la lignée H9, quand il avait publié la séquence
génétique de HTLV-1, dans Science.
CJ: Ainsi donc la TI ne peut pas servir de preuve.
EPE: Le problème de la TI c'est celui de toutes
les preuves, y compris des photographies exhibées par Gallo.
Il se peut que les particules soient des virus comme il se peut
que la TI vienne de ces rétrovirus. Mais le "il se
peut" n'est pas une preuve. Vous ne bâtissez pas des
théories scientifiques à partir de situations présumées.
CJ: Malgré tout, Eleni, comment pouvez-vous écarter
les particules photographiées par Gallo dans ses cultures.
Elles sont si convaincantes: Même s'il a dévié
de la méthode traditionnelle pour l'isolation, ces particules
sont un fait et beaucoup de gens très sérieux y
voient un rétrovirus.
EPE: J'apprécie votre insistance, mais quand il
s'agit de particules il faut prendre beaucoup de recul. Des particules
qui ressemblent à des rétrovirus, il y en a pratiquement
partout. Dans les années 70 on en a découvert dans
les tissus leucémiques, les tissus embryonnaires, dans
la majorité des placenta d'animaux et d'humains. C'est
important à signaler parce que la lignée H9 de Gallo
est une lignée leucémique et parce que les photos
au ME de Montagnier sont prises dans des cultures de cordon ombilical.
Soyons prudents. Voyez par exemple le groupe de rétrovirus
classé "type C": on en trouve chez les mammifères,
les poissons, serpents, vers, ténia, faisants, cailles,
perdrix, dindes, mulots, agouti, insectes... Or c'est justement
dans ce groupe que Gallo et Montagnier ont décidé
de ranger le VIH. Sans faire l'unanimité car officiellement
le VIH emprunte encore bien d'autres déguisements. Voyez
aussi cette étude menée par O'Hara et ses collègues
de Harvard en 1988. Ils examinèrent les photos de ganglions
de sidéens et de non sidéens atteints de lymphodénopathie.
Ils trouvèrent des particules "VIH" chez 90%
des malades des DEUX groupes. Il leur a fallu avouer que les particules,
à elles seules, ne prouvaient pas l'infection VIH.
CJ: Bon, d'accord. Quittons ce domaine des particules. Qu'en
est-il de ces anticorps qui réagissent avec les cellules
des cultures? C'est quand même signe d'un phénomène
particulier. Est-ce que ça ne pourrait pas indiquer la
manifestation d'un virus?
EPE: Si, ça se pourrait. Mais c'est toujours la
même chose: on ne prouve pas que des protéines sont
celles d'un rétrovirus, ni que des anticorps sont le fait
d'un rétrovirus, ni qu'on a isolé un rétrovirus
sous prétexte qu'on a obtenu des réactions dans
un tube à essais.
CJ: Pouvez-vous nous en dire un peu plus là-dessus?
EPE: Encore une fois, ne faisons pas dire aux résultats
des expériences davantage que ne le permet la méthode
scientifique. Les expériences décrites par Gallo
dans son premier papier montrent que chez des hémophiles
et chez des lapins des anticorps réagissent avec des protéines
de cellule H9 co-cultivées avec des cellules de sidéens.
CJ: Ce sont les données.
EPE: Ce sont les données de travail. Ce qui importe,
c'est l'interprétation. Gallo décide que les anticorps
pourront lui donner la preuve qu'il a bien isolé un virus.
Pourquoi choisit-il les anticorps? Pour deux raisons. D'abord
pour éliminer les particules qui ne sont pas des virus.
Gallo savait qu'il y en a qui miment les rétrovirus, bandent
à 1.16 gm/ml, contiennent de la TI mais ne répliquent
pas. Ensuite, parce que les anticorps, c'est dans la logique de
son hypothèse: le virus du SIDA existe, il vient de l'extérieur,
quand il infecte un malade il lui fait produire des anticorps.
Dans une de ses publications, Gallo parle d'ailleurs de la nécessité
d'avoir un agent spécifique comme un anticorps ou une protéine
pour identifier une particule virale.
CJ: Ça marche donc dans les deux sens: Le virus fait
produire des anticorps et les anticorps signent la présence
du virus.
EPE: Hélas, non. C'est tout le problème.
Les anticorps ne fonctionnent pas en marche arrière. Nous
y reviendrons dans une minute. Dans l'immédiat l'important
est de ne pas oublier la question à laquelle nous essayons
de répondre. On essaye de savoir quelles sont les protéines
que l'on trouve dans les rétrovirus et qui leur appartiennent
en propre. Pour moi; il n'y a qu'un moyen de savoir et c'est simple:
les protéines d'un virus, c'est comme nos bras, nos jambes,
nos reins.
CJ: Ce qui veut dire?
EPE: Ce qui veut dire que mes petits bouts d'anatomie
sont à moi parce qu'ils font partie du corps d'Eleni Papadopulos.
Que ce soit dedans ou dehors. Si j'ai un rein malade et que le
chirurgien décide de me l'enlever, la première chose
qu'il fera avant de m'ouvrir le ventre c'est de s'assurer que
c'est bien moi qu'on a allongée sur la table d'opération.
C'est pareil avec les virus. Les protéines des virus sont
des protéines qui proviennent de particules identifiées
comme virus. C'est aussi simple que ça. Si vous voulez
définir les protéines d'une particule rétrovirale,
vous devez d'abord prouver que vous avez affaire à une
particule rétrovirale.
CJ: L'anticorps est trop peu spécifique?
EPE: Bien sur, mais la question n'est pas là. Les
anticorps n'ont rien à voir ici. Vous prouvez que des protéines
viennent d'un virus en isolant d'abord le virus puis en le disséquant
ensuite. Vous ne prouvez rien en provoquant des réactions
chimiques dans une soupe. Une culture, c'est un bouillon. Des
anticorps et des protéines réagissent? Et alors?
Il y a mille raisons pour cela.
CJ: Lesquelles par exemple?
EPE: Les anticorps sont multitude. Un anticorps à
une chose peut réagir, et en fait réagit, à
d'autres choses. En immunologie on appelle cela des réactions
croisées. C'est un phénomène naturel et il
crée bien des problèmes. Un anticorps qui réagit
avec des protéines dans une culture peut très bien
avoir été produit par quelque chose qui n'est même
pas dans la culture, qui n'a rien à voir du tout avec la
culture. Vulgairement parlant, les anticorps sont infidèles.
Comme dit mon collègue Val Turner, ce sont des "coureurs
de jupons"! La seule manière de prouver que la réaction
dont vous êtes témoin est un accouplement légitime
c'est de voir si elle ne se produit qu'entre les partenaires que
vous étudiez. On doit corréler la réaction
avec la présence du VIH en personne. L'anticorps est spécifique
s'il ne réagit que lorsque le VIH est là.
CJ: ... et ne réagit pas lorsque le VIH est absent?
EPE: Question de pourcentage. Spécifique à
100% veut dire qu'il n'y a aucune réaction quand le VIH
est absent. Mes collègues et moi disons que les anticorps
ne peuvent pas plus prouver l'existence d'un virus que vous ne
pouvez prouver qui est premier de la poule ou de l'oeuf. C'est
un point essentiel dans notre argumentation, aussi j'espère
que je vais arriver à me faire bien comprendre.
CJ: Je suis tout ouïe....
EPE: Songez un peu à ce qu'on a fait jusqu'à
présent: on dispose d'une bonne vieille méthode,
sure, logique, sensée, pour prouver l'existence des rétrovirus.
Elle est basée sur la définition même du rétrovirus
et rien d'autre = particule ayant une taille, une forme, une apparence,
une constitution bien définies, plus la capacité
de répliquer. Soudain, pour une raison inconnue, cette
méthode est abandonnée quand il s'agit de l'appliquer
au VIH. Ne me demandez pas pourquoi, mais c'est ainsi! A sa place
nous avons une collection de données disparates du genre
photos hors du gradient de densité, traces de TI dans les
cultures ou la bande 1.16 du gradient... Aucune n'est preuve par
elle-même de existence d'un rétrovirus. Gallo lui-même
l'avoue
CJ: Continuez. Je vous suis.
EPE: Dans la foulée vient alors l'idée des
anticorps. Si virus il y a, venant du dehors, il doit induire
des anticorps chez les gens qu'il infecte. Mais on se dit: et
si ces anticorps étaient spécifiques? et si ils
étaient produits en réaction au VIH seulement? et
si ils ne réagissaient qu'avec les protéines du
VIH? O.K. Supposons que cette spécificité, bien
peu probable, existe et faisons une supposition encore plus improbable.
CJ: Oui, laquelle?
EPE: Qu'il n'existe que des anticorps spécifiques:
les anticorps au bacille tuberculeux ne réagissent qu'avec
le bacille de Koch, les anticorps au virus de l'hépatite
B ne réagissent que contre le HBV etc...O.K. On prélève
des tissus sur des malades du SIDA. On en arrose la culture. Hop!
ça réagit. Et alors? Qu'est-ce qu'on a prouvé?
Les sidéens sont bourrés de microbes, on le sait.
Leurs microbes, ou des débris de leurs microbes, se retrouvent
dans leurs cellules;(c'est bien pour ça que les laborantins
qui manipulent ces spécimens sont dits être à
risques, n'est-ce pas?). D'autre part, on sait aussi que malgré
leur immnunodépression les sidéens ont des myriades
d'anticorps circulants. Y compris des anticorps anti-cellule T
humaine, celle-là même qui sert de substrat à
notre culture. Vous voyez bien: même si chaque anticorps
ne réagit qu'avec son partenaire de microbe, on va assister
à une foule de réactions entre un tas d'éléments
différents.
CJ: Je vois où vous voulez en venir: puisque tout
ce que l'on voit c'est le phénomène réaction,
on ne peut pas dire qui réagit avec quoi.
EPE: Exactement. Les anticorps réagissent, ça
clignote ; mais qui a mis le doigt sur l'interrupteur ? Pour les
besoins du raisonnement, nous avons supposé que chaque
anticorps est spécifique, mais dans la réalité,
ils ont des réactions croisées. C'est encore pire.
CJ: Difficile de savoir quelle est l'origine de chaque protéine
et de chaque anticorps. C'est un drôle de capharnaüm.
EPE: C'est tout à fait ça. De plus ne perdons
pas de vue que nous cherchons à connaître deux choses
à ne pas confondre. D'une part la nature , d'autre part
l'origine de protéines virales. La réaction d'anticorps
ne nous renseigne ni sur l'une, ni sur l'autre. Pourquoi telle
protéine viendrait-elle d'une particule plutôt que
de la planète Mars? Les anticorps ne sont que des gaufres
qui portent l'empreinte de leur moule.
CJ: Est-ce qu'on connaît, chez les sidéens,
des microbes qui pourraient être responsables des réactions
d'anticorps que Gallo a eues dans ses cultures?
EPE: Mais oui. Un bon exemple, c'est le virus de l'hépatite
B, le HBV. Beaucoup de sidéens, et pratiquement tous les
hémophiles en sont porteurs. Et ce HBV ne fait pas qu'infecter
les cellules hépatiques. Il infecte aussi les lymphocytes
T. Aussi étrange que cela puisse paraître, il possède
également une transcriptase inverse. Et les malades font
des anticorps à ce virus...
CJ: O.K., Je vois la dérive...
EPE: Mais il y a plus encore à dire sur les expériences
de Gallo. D'abord à propos du sérum utilisé.
Il provient d'un malade étiqueté par les initiales
"E.T." Or, E.T. n'avait pas le SIDA. Il souffrait d'une
condition appelée pré-SIDA. C'est une inflammation
disséminée des ganglions lymphatiques. Il y a beaucoup
d'agents infectieux qui peuvent être responsables du pré-SIDA,
même en l'absence du pseudo-VIH. On les rencontre chez les
homosexuels, les drogués intraveineux, les hémophiles.
CJ: Donc E.T. pouvait n'avoir pas eu d'anticorps anti-VIH
et réagir quand même.
EPE: Exactement. L'autre mystère, c'est les lapins.
CJ: Ah oui. J'allais vous poser la question: qu'est-ce que
c'est que cette histoire de lapins?
EPE: Eh bien voilà: Gallo prétend qu'il
possédait un sérum de lapin contenant des anticorps
spécifiques du VIH. Imaginez un peu la scène dans
son laboratoire. Il a fini de cultiver des cellules H9 avec des
lymphocytes de sidéen et quand il en vient à devoir
déterminer quelles sont les protéines dans la culture
qui appartiennent à son hypothétique virus, il fouille
dans un placard et hop, par enchantement, il en tire un flacon
avec l'étiquette "Anticorps Spécifiques VIH".
Comment se l'est-il procuré? Il en est à sa première
communication scientifique sur le virus qu'il est en train d'essayer
d'isoler, et déjà il a des anticorps en bouteille?
CJ: Comment le laboratoire de Gallo a t'il obtenu ces anticorps?
EPE: Ils disent qu'ils ont fait produire ces anticorps
à des lapins en les infectant à plusieurs reprises
avec du VIH. Mais il leur avait fallu du VIH pur pour que les
lapins fassent des anticorps spécifiques. Ils auraient
donc dû isoler le VIH avant de faire les première
tentative d'isolation. Encore une fois, ça ne tient pas
debout!
CJ: Mais alors, s'ils ne leur ont pas injecté du
VIH pur, qu'est-ce qu'ils leur ont injecté?
EPE: Tout au mieux ce que l'on peut voir sur les photos
des franco-allemands et du National Cancer Institute Américain,
pour peu qu'ils aient injecté le produit de la bande 1.16
gm/ml, celle que tout le monde prend pour du pur VIH. En injectant
à leurs lapins ce produit, même centrifugé,
Gallo et Popovic leur ont injecté une multitude de protéines
cellulaires. Or, n'importe quel bouquin d'immunologie vous le
dira, la protéine est le plus puissant inducteur d'anticorps
qui soit, surtout injectée directement dans le sang. Les
lapins ont donc produit des anticorps contre toutes ces protéines.
Il est évident que remettre ces anticorps dans la soupe
d'antigènes qui les a induits, ça a provoqué
des réactions. C'est exactement ce à quoi vous devez
vous attendre quand vous mélangez antigènes et anticorps.
Mais ça n'amène pas la preuve que ces antigènes
sont des virus et encore moins un seul et unique rétrovirus.
CJ: O.K., J'ai compris. vous voulez dire qu'avant d'avoir
identifié le virus. Gallo n'avait aucun moyen de savoir
quels anticorps, chez E.T. ou chez les sidéens, se dirigeraient
sélectivement sur les protéines du VIH.
EPE: C'est cela. Il ne pouvait même pas savoir s'il
existait des anticorps anti VIH. Avant même de commencer
à parler des anticorps dirigés contre les protéines
d'un virus, il faut prouver que les protéines en question
sont effectivement les constituants d'une particule qui ressemble
à un virus et qui réplique. La seule manière
d'y arriver c'est d'isoler la particule et lui faire subir le
traitement que j'ai décrit plus haut. Il vous faut saisir
le virus AVANT de courir après ses protéines et
ses anticorps .
CJ: Mais que peuvent bien être, bon sang, ces anticorps
que tout le monde appelle anti-VIH, chez les sidéens?
EPE: Personne n'a la preuve que ce soit des anticorps
anti-VIH. C'est ce que mes collègues et moi nous efforçons
de rappeler depuis tant d'années. La seule manière
de savoir serait de les comparer au virus isolé. C'est
une expérience connue sous le nom d'étalonnage de
base. Elle consiste à prendre l'isolation du virus comme
référence, comme moyen totalement indépendant
de déterminer si les anticorps sont réellement et
uniquement dirigés contre le VIH. Imaginez que le VIH soit
l'arbitre. Si des anticorps lui sont spécifiques, ils se
révéleront en réagissant en sa présence
seulement. Rien n'est plus simple. Mais il y a pourtant un hic,
que vous ne réalisez peut-être pas. Que se passe-t-il
si, en plus des anticorps spécifiques, il y a aussi des
anticorps non-spécifiques?
CJ: J'ai peur que le lecteur ne commence à s'embrouiller.
Pourriez-vous entrer un peu plus dans les détails?
EPE: Très bien. Le problème, quand on utilise
les anticorps, c'est qu'il peut y en avoir de deux sortes: Les
spécifiques, produits par le VIH et lui seul; ils réagissent
avec le VIH et rien d'autre. Les non-spécifiques, produits
par d'autres agents ou stimuli, qui réagissent avec ces
agents, bien sur, mis qui vont réagir aussi avec le VIH.
Dans ce cas, quand vous mettrez une goutte de sérum dans
une culture ou dans un test et que vous aurez une réaction,
comment saurez-vous à quelle sorte d'anticorps est due
la réaction? En fait, il y a trois cas de figure: tous
les anticorps sont spécifiques, tous sont non-spécifiques,
ou alors ils sont mélangés. Tout ce que vous constatez,
c'est la réaction. Quelque chose qui change de couleur.
C'est tout. Alors, comment décider? C'est simple: vous
allez tester toute une panoplie de gens: des malades qui ont le
SIDA, des malades qui n'ont pas le SIDA, des bien portants. Au
cours de la même expérience, au même moment,
vous prenez le VIH comme arbitre pour juger du type d'anticorps.
Si des anticorps se manifestent quand il n'y a pas de VIH, c'est
qu'ils sont non-spécifiques.
CJ: Et cette expérience de repérage des anticorps,
a-t-elle déjà été faite?
EPE: Eh bien non. Elle aurait dû être faite,
bien évidemment avant qu'on ne mette le test de dépistage
sur le marché. Mais comment l'aurait-elle été
puisque le VIH n'a jamais été isolé? Ce que
l'on constate couramment c'est que des gens que l'on considère
officiellement comme non infectés ont des anticorps et
testent donc "positif". Il y aurait donc bien des anticorps
non-spécifiques au VIH. Mais ça ne nous dit pas
leur nombre ni comment faire pour les différencier. En
conclusion, cela revient à dire que l'infection VIH ne
peut être diagnostiquée chez personne par le test
aux anticorps. Cela revient à dire que l'existence même
du VIH doit être remise aussi en question, et ce pour la
même raison que l'existence du HL23V a été
remise en question par le Sloan Kettering et le National Cancer
Institute.
CJ: Donc votre argumentation se résume essentiellement
au fait que les anticorps que tout le monde appelle anti-VIH ne
sont pas dirigés contre le VIH.
EPE: C'est exactement ça.
CJ: Maintenant qu'en est-il de la preuve que le VIH est
la cause du SIDA? Gallo l'a-t-il apportée en 1984?
EPE: A dire vrai, dans l'article de 1984 dans Science,
Gallo n'a pas prétendu que le VIH était directement
la cause du SIDA. Il a dit que le VIH était la cause probable
du SIDA. Mais en fait de probabilité, il y avait déjà
de quoi douter. Car, en supposant qu'il ait isolé son virus,
Gallo ne l'a trouvé que chez 36% des sidéens qu'il
a étudiés (26 sur 271) alors que 888 des malades
avaient des anticorps. En plus, il utilisa le test le moins spécifique
qui soit: le test ELISA. Personne ne se permet plus de diagnostiquer
l'infection VIH à l'aide du seul ELISA. Si le virus était
présent dans 36% des malades, pourquoi 88% d'entre eux
avaient-ils des anticorps? Ca fait plus de patients avec anticorps
et sans virus que de patients avec virus. D'autre part il n'avait
pas la moindre preuve que le VIH tuait les T4, ni même qu'une
diminution de T4 était responsable de toutes ces maladies
qu'on appelle SIDA
CJ: En 1984, la preuve était donc bien mince.
EPE: De preuve, il n'y en avait pas! Deux ans plus tard,
quand Gallo se défendit d'avoir utilisé le virus
français pour sa version du VIH, il afficha beaucoup plus
d'assurance que dans sa communication initiale. Il affirma avoir
fourni la preuve "évidente" que le VIH était
la cause du SIDA. Il n'avait pas changé d'avis en 93. Laissez
moi vous citer ses propos lors d'une émission télévisée
intitulée LA PESTE: "La preuve irréfutable
qui convainquit le monde scientifique que ce virus est la cause
du SIDA vient de nous. Tout ce que nous savons aujourd'hui sur
le virus vient de ce laboratoire, en grande partie grâce
à Mika Popovic. De même que la mise au point d'un
test de dépistage sensible, opérationnel. Je ne
crois pas qu'il y ait à discuter. Je pense que l'histoire
parle d'elle-même".
CJ: Est-ce que le faux raisonnement que Gallo a fait en
travaillant sur des cultures affecte aussi les test de dépistage
de l'infection VIH, qui eux se passent de cultures.
EPE: Vous voulez parler des test aux anticorps?
CJ: Oui.
EPE: Mais bien entendu. C'est la même chose. Comprenez
ce qui se passe: Pour se convaincre qu'ils ont, dans leurs cultures,
les protéines d'un virus qu'ils appellent VIH, les chercheurs
utilisent les anticorps du sang de leurs malades. C'est la première
étape. Après ça, ils ferment les yeux et
disent: "OK, si ces protéines sont celles du VIH,
les anticorps sont donc des anticorps anti-VIH". Ils se servent
de la même réaction chimique pour dire qui réagit
avec quoi. Or, il est hors de question qu'une réaction
antigènes/anticorps vous donne l'identité d'un des
constituants, même si vous connaissez celle de l'autre depuis
le début. C'est justement pour cela que vous avez besoin
de "l'étalonnage de base" comme arbitre. Ce qui
fait la différence entre le test et la culture, c'est la
technologie. Dans le test le sang du patient est déposé
sur des protéines extraites de la lignée cellulaire
H9 ou autre. Quand les protéines sont contenues dans tube
à essais, on a affaire à un test ELISA. Quand elles
sont disposées le long d'une bande de papier buvard, on
parle de WERTERN BLOT. Quand les protéines réagissent
avec son sang, le patient est déclaré VIH positif.
Dans le Western Blot, le nombre et le type de protéines
qui doivent réagir pour que le test soit déclaré
positif varie d'un pays à l'autre . Ca pose un énorme
problème supplémentaire.
CJ: Donc le procédé du test VIH est le même
que celui qui a servi en 1984 à prouver l'existence du
VIH dans des cultures.
EPE: Oui, et le même qui a servi en 83 au groupe
français. Et c'est toujours lui qui a servi à Gallo
et à ses collègues dans les années 70 pour
prouver l'existence de feu HL23V... Je trouve effarant que des
scientifiques puissent prendre la réaction antigènes/anticorps
pour une preuve d'isolation virale! Qu'est-ce qu'ils s'attendent
à voir ensuite au microscope? Une particule avec son noyau
et ses bourgeonnements?
CJ: On peut donc dire que les tests VIH sont inutiles.
EPE: Non, ils ne sont pas inutiles. Il est indubitable
que si on appartient à un groupe à risques et que
l'on teste positif, ce n'est pas une bonne chose.
CJ: Comment ça?
EPE: Parce qu'empiriquement, on constate que ces gens-là
sont davantage susceptibles de tomber malade. Ils développent
des maladies classées sous la rubrique SIDA, mais le test
prédit aussi une mortalité accrue pour des maladies
qui n'entrent pas dans la catégorie SIDA. Cette étude
a été publiée dans le "Lancet".
Par contre, ce que les tests ne prouvent pas c'est qu'il y ait
infection VIH, ni même que la présence du VIH prédisposerait
au SIDA. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais
la seule preuve que le VIH cause le SIDA, ce sont les tests. Or,
puisque le test en soi n'est pas preuve d'infection VIH, on ne
peut pas prétendre que le VIH cause le SIDA.
CJ: Quelle est la signification d'un test positif chez quelqu'un
en bonne santé qui n'appartient pas à un groupe
à risques? Doit-il s'inquiéter?
EPE: On n'a aucun élément pour répondre
à cette question, et je pense qu'on en aura jamais. Il
faudrait suivre sur plusieurs années des groupes de gens
sains dont la seule différence serait que l'un des groupes
soit composé de séropositifs et l'autre de séronégatifs.
On verrait qui développe un SIDA et qui n'en développe
pas. L'ennui c'est qu'il serait très difficile aux séropositifs
et à leurs médecins de ne pas croire que tôt
ou tard ils vont tomber très malade et éventuellement
mourir du SIDA. Cet état d'esprit est de nature à
biaiser totalement les résultats de l'expérience.
Et cela des deux côtés.
CJ: Que voulez-vous dire par: des deux côtés?
EPE: Je veux dire que la santé du patient sera
affectée par le fait de se savoir séropositif et
que son médecin se sentira dans l'obligation de le traiter
pour un virus qu'il n'a pas.
CJ: Le traitement peut être dangereux en soi?
EPE: Eh bien l'AZT, premier antiviral mis sur le marché
et toujours très largement utilisé, a amplement
fait la démonstration de sa toxicité. Certains de
ses effets secondaires peuvent même passer pour du SIDA.
CJ: Supposons quand même que l'expérience soit
faite, en aveugle. et que l'on trouve que les séropositifs
sont plus enclins à développer le SIDA que les séronégatïfs.
Que pourrait-on en conclure?
EPE: La même chose que chez les groupes à
risques. Sur un coup de poker, Gallo et ses collègues ont
découvert un test qui prédit une tendance à
souffrir d'un certain nombre de maladies que l'on a regroupés
sous le nom de SIDA. Ca ne prouve pas que le lien entre toutes
ces maladies soit un rétrovirus. Ca ne le prouvera jamais
tant qu'on aura pas prouvé que le VIH existe. Pour ce,
il faut d'abord l'isoler, puis l'utiliser pour valider les anticorps
et confirmer qu'ils sont dirigés contre lui. Même
après ça, vous ne pourrez pas affirmer que le VIH
cause le SIDA sous prétexte qu'il est présent chez
les sidéens. Association n'est pas causalité. Vous
pouvez très bien être dans une banque au moment d'un
hold-up et n'être pas le voleur. Il faut davantage d'informations
pour prouver la causalité. De toutes façons, actuellement
on peut vous diagnostiquer sidéen sans pour autant que
vous soyez infecté par le VIH. Reportez-vous à la
définition officielle du SIDA donnée par le CDC.
CJ: C'est quand même dingue!
EPE: C'est pourtant ce qui est écrit: la définition
du CDC exige que, dans certaines circonstances, le patient soit
diagnostiqué comme cas de SIDA même si ses tests
aux anticorps sont négatifs.
CJ: Et qu'en est-il des autres tests, ARN, PCR, Charge virale,
etc....?
EPE: C'est un énorme sujet. J'en dirai juste deux
mots: Tous ces tests reposent sur la comparaison d'un bout d'ARN
ou d'ADN du patient avec un bout d'ARN ou d'ADN du supposé
virus appelé VIH. On en revient à l'histoire des
anticorps de lapin. Vous avez une deuxième bouteille dans
l'armoire, avec l'étiquette "ARN du VIH". Mais
comme le virus n'a pas été isolé, purifié,
qui vous prouve que ce morceau d'ARN vient d'un virus? Les experts
en VIH disent eux-mêmes qu'il existe près de cent
millions d'ARN différents du VIH chez chaque malade du
SIDA. La source la moins probable de tant de variantes, c'est
un virus. Comment peut-il rester le même acteur s'il varie
autant? Comment peut-il continuer à construire les mêmes
protéines, à induire les mêmes anticorps?
Ca relève de la magie !
CJ: Dites-moi, Eleni, s'il n'y a pas de virus, d'où
viennent toutes ces choses que Montagnier et Gallo ont trouvées
dans leurs cultures? Je suppose que vous croyez quand même
qu'ils ont trouvé quelque chose.
EPE: Bien sur qu'ils ont trouvé quelque chose.
Ils ontmême trouvé beaucoup de choses. Tout ce dont
nous avons discuté. Votre question est une bonne question.
A notre avis, la TI et les particules qu'ils ont trouvées
seraient produites par les cellules malades qu'ils ont mises en
culture. Il est également possible que ce soit produit
par les réactifs qu'ils ont ajoutés aux cultures.
Enfin, il faut rappeler que la production de particules du genre
viral est le fait d'un processus pathologique tout aussi bien
que d'un processus normal. Ceci est un fait établi. Il
n'y a absolument aucun doute à ce sujet. Alors, que sont
exactement ces particules? Eh bien, certaines doivent n'être
rien d'autre que des débris de cellules éclatées.
Certaines, parce que plus uniformes, pourraient être du
genre viral ou même rétroviral. Mais dans le contexte
du VIH, ce qui importe vraiment, c'est qu'il y en ait au moins
une qui donne la preuve qu'elle est rétrovirale. Mis à
part cela, il reste encore à éliminer la possibilité
que la TI et les protéines en gestion viennent d'un rétrovirus
endogène..
CJ: Un rétrovirus endogène? Qu'est-ce que
c'est que ça?
EPE: Il se trouve que l'ADN humain normal contient des
informations rétrovirales. La cellule est née avec.
Elles n'ont pas été introduites à la suite
d'une contamination comme c'est le cas pour les agents infectieux
non rétroviraux. Qu'un phénomène quelconque
vienne réveiller ces informations, et l'ADN se met à
fabriquer de l'ARN qui à son tour fabrique des protéines.
Le tout peut très bien déboucher sur l'assemblage
de particules rétrovirales. Elles sont dites endogènes
parce qu'elles ne viennent pas de l'extérieur. Quelque
chose qui viendrait de l'extérieur, comme le VIH, serait
appelé exogène. Bien avant l'époque du SIDA,
tout le monde savait que dans les cellules animales la production
de rétrovirus endogènes pouvait être spontanée.
Mettez simplement une cellule en culture. Abandonnez la sur la
paillasse quelques jours ou quelques semaines. Soudain, elle commence
à produire des particules du genre rétroviral. Elles
semblent ne venir de nulle part. Le processus peut être
accéléré des millions de fois par des inducteurs
d'activation cellulaire. Comme par hasard ces adjuvants sont obligatoires
si l'on veut obtenir du VIH! Il est intéressant de noter
qu'il a fallu attendre 1993 pour que Gallo, Fauci et autres ténors
de la recherche sur le SIDA admettent que l'ARN humain pouvait
produire des rétrovirus endogènes. En fait, presque
1% de notre ADN est constitué par de l'ADN rétroviral
endogène. Pour mémoire, c'est 3000 fois la longueur
que les experts prêtent au génome du VIH. Et qui
plus est, des génomes rétroviraux endogènes
nouveaux peuvent naître de la recombinaison des génomes
rétroviraux existants.
CJ: Ainsi donc le VIH pourrait être un rétrovirus
endogène?
EPE: Ce qui se passe en laboratoire à propos du
VIH peut recevoir beaucoup d'explications différentes.
Nous les avons toutes passées en revue dans un très
long article écrit par Continuum en octobre 1997.
CJ: Peut-on faire la différence entre un rétrovirus
endogène et un rétrovirus exogène?
EPE: Non. Ils ont la même morphologie et les mêmes
propriétés biochimiques.
CJ: Si le VIH est endogène, pourquoi les sidéens
en produisent-ils et pas les autres ?
EPE: Parce qu'ils sont malades. Ils sont en fait malades
avant que le SIDA n'apparaisse. La maladie soumet leurs cellules
à un stress, comme celui qui est nécessaire dans
les cultures pour provoquer la production de rétrovirus.
Des conditions auxquelles le patient est soumis ou des conditions
auxquelles la culture est soumise, qui joue le rôle principal?
Je n'en sais rien, mais cela aurait dû être déterminé
depuis longtemps si les premiers chercheurs avaient inclu dans
leurs expériences des spécimens de contrôle.
CJ: C'est à dire?
EPE: Imaginons que vous mettiez en culture les lymphocytes
d'un sidéen. Vous avez mélangé à quelques
cellules H9 tous les produits chimiques requis pour que la culture
produise du VIH. Bien. Vous trouvez quelque chose. Ce "quelque
chose" est-il ce qui fait la différence entre votre
sidéen et les autres gens? Qu'en serait-il si vous trouviez
exactement la même chose chez les non-sidéens? Par
conséquent, pour vous assurer que ce que vous avez trouvé
- et que vous appelez VIH - n'est présent que chez les
sidéens (et donc doit avoir affaire avec le SIDA) , vous
devez utiliser des contrôles. Ce sont des expériences
menées en parallèle avec la vôtre, exactement
de la même manière, avec les mêmes produits,
le même matériel. La seule différence c'est
une variable que vous cherchez à mettre en évidence.
CJ: Pourriez-vous expliquer un peu plus en détail?
EPE: Un contrôle serait une culture de cellules
prélevées sur un individu souffrant de maladies
qui ressemblent au SIDA mais qui n'en sont pas, et qui aurait
le même âge, le même sexe, vivant dans les mêmes
conditions de vie que le patient que vous étudiez. C'est
encore plus parfait s'il a une déficience en T4 et si ses
cellules sont oxydées. Les sidéens présentent
ces deux anomalies mais ce ne sont pas les seuls à être
dans ce cas. N'oublions pas d'ajouter les mêmes produits
chimiques à chaque culture. On sait par avance que l'un
de ces ingrédients provoque l'apparition de transcriptase
inverse dans les lymphocytes normaux. Quand vous avez fini votre
préparation, vous comparerez vos deux cultures. Il se peut
fort bien que vous constatiez chez votre contrôle New-yorkais
non sidéen des particules, de la TI et une réaction
aux anticorps. Il vaudrait mieux, dans ce cas, être prudent
avant d'affirmer que ces manifestations sont dues au SIDA.
CJ: N'y a-t-il jamais eu d'expériences de ce genre,
avec contrôles?
EPE: Voila encore un autre problème de la recherche
sur le SIDA. Elle est pléthorique, et pourtant personne
ou presque n'utilise de contrôles. Quand il y en a, ils
sont rarement valables.
CJ: Est-ce que nous ne prendrions pas le SIDA à l'envers?
Vous l'avez suggéré
tout à l'heure: le VIH viendrait du patient ou de la culture,
et non l'inverse.
EPE: C'est exact. Le fait d'être malade du SIDA
pourrait engendrer ces anomalies biologiques. Les rétrovirologistes
eux-mêmes ont envisagé que les rétrovirus
pourraient naître à la suite d'une maladie et non
l'inverse. Prendre l'effet pour la cause ne serait pas nouveau
en médecine. Un prix Nobel a même été
attribué dans ces circonstances.
CJ: L'heure avance, et j'ai encore quelques questions à
vous poser. Tout d'abord depuis combien de temps soutenez-vous,
avec vos collègues, que le VIH pourrait ne pas exister?
EPE: Depuis qu'en a été faite la toute première
annonce, en 1983.
CJ: Ce n'est donc pas une conclusion à laquelle vous
soyez récemment arrivés?
EPE: Non, pas du tout.
CJ: Avez-vous essayé de faire passer vos idées
dans la presse scientifique?
EPE: Oui, bien sûr. Notre premier article sur le
SIDA date de 1988. J'y émettais l'hypothèse d'un
SIDA non-viral et je traitait d'une partie de ce dont nous avons
parlé aujourd'hui.
CJ: Qui vous a publiés?
EPE: La revue "Hypothèses Médicales".
CJ: Ce n'est pas un journal très connu.
EPE: Dans la catégorie presse d'opinion il est
bien connu. La discussion sur l'isolation du VIH n'y était
pas aussi franche qu'elle l'a été ici, mais à
l'époque il était virtuellement impossible de remettre
en question l'existence du VIH. Il fallait ruser pour pouvoir
se faire imprimer. Même ainsi, cela prit plusieurs années
pour que l'article sorte. Je l'avais proposé auparavant
à un journal de grande notoriété qui l'avait
refusé. A deux reprises même...
CJ: Quel était ce journal?
EPE: Aucune importance. De nouveau en 88 Val Turner et
moi-même avons écrit un autre article dans lequel
nous abordions franchement tous les problèmes que nous
avons énoncés aujourd'hui. Nous visions le public
concerné par la médecine clinique et nous avons
offert l'article à un journal lu par les généralistes
en Australie.
CJ: Et c'est passé?
EPE: Non. Pas de chance !
CJ: Il n'y a donc que les lecteurs de "Hypothèses
Médicales" qui pouvaient, il y a 10 ans, savoir ce
que vous pensiez.
EPE: Oui.
CJ: Vous avez mentionné votre hypothèse d'un
SIDA non-viral. Pouvez-vous me dire de quoi il s'agit?
EPE: Nous avons été les premiers, dans le
monde scientifique, à avancer l'hypothèse que des
facteurs non-infectieux pouvaient expliquer le SIDA des homosexuels
et les premiers à proposer une théorie non-infectieuse
qui s'applique à tous les groupes à risques. De
plus, notre théorie prédit que les facteurs qui
mènent au SIDA sont aussi responsables de ce que tout le
monde prend pour un rétrovirus.
CJ: Quelles ont été les réactions?
EPE: Il y a malheureusement eu très peu de réactions.
Malgré tout, certaines équipes de chercheurs ont
confirmé nombre de nos prédictions, y compris que
les antioxydants peuvent être utiles dans le traitement
des individus à risque de SIDA.
CJ: Avez-vous réussi à bousculer l'inertie
à l'encontre de vos idées?
EPE: Nous n'avons pas eu beaucoup de chance avec la presse
scientifique mais quelques homosexuels et leurs organisations
sont devenus nos meilleurs alliés. Sans eux, je pense que
nous ne serions arrivés pratiquement à rien.
CJ: Si vous aviez à indiquer un seul obstacle à
la solution scientifique du SIDA, que serait-ce?
EPE: D'après nous, le plus grand et seul obstacle
à la compréhension et à la solution du SIDA
est le VIH.
CJ: C'est pour cela que vous avez tant écrit contre
le VIH?
EPE: Exactement. En fait, nous avons écrit beaucoup
plus d'articles que nous n'en avons publiés. Nous avons
seulement réussi à en faire imprimer une douzaine
dans les journaux scientifiques. Un des plus importants fut un
article dans Bio/Technology, devenu depuis Nature/Biotechnology.
Nous y disions ouvertement qu'il n'y a pas eu isolation du VIH.
L'article fut certainement remarqué mais, une fois encore,
personne n'a réagi.
CJ: Vous êtes donc toujours une minorité.
EPE: Bien pire. Nous sommes toujours les seuls à
avoir jamais publié dans la presse scientifique une remise
en cause de l'existence du VIH; de même qu'une remise en
cause du diagnostic d'infection au moyen du test aux anticorps.
CJ: Eleni, pourquoi, en dépit de tout ce que vous
venez d'expliquer, pratiquement tous les scientifiques et médecins
du monde semblent s'accommoder sans problème d'une évidence
que vous trouvez si dure d'accepter?
EPE: Le problème n'est pas d'accepter l'évidence.
Le problème est de savoir comment l'évidence est
interprétée. Voilà comment je le vois: la
plupart des scientifiques et des médecins qui croient au
VIH et qui croient que le VIH donne le SIDA, y croient parce qu'ils
acceptent l'interprétation d'une minorité d'experts.
Il est totalement irréaliste de s'attendre à ce
que tous les gens qui travaillent sur le SIDA analysent les résultats
de la Recherche au niveau où nous l'avons fait. En ce qui
concerne les experts eux-mêmes, je ne sais pas pourquoi
ils interprètent l'évidence comme ils le font. Je
ne peut que spéculer. Peut-être est-ce à cause
de l'énorme pouvoir des photographies. Il y a des photos
montrant des particules qui ressemblent à un virus et il
y a de la TI dans ces mêmes cultures. Il est possible que
mentalement on relie particules, TI, protéines et anticorps
pour en faire une évidence et croire à l'existence
d'un rétrovirus. Particulièrement dans l'esprit
d'un virologiste. Je suppose que tout le problème est là.
N'oublions pas que nous sommes tous à la merci de notre
subjectivité et que chacun d'entre nous voit midi à
sa porte.
CJ: Mais est-ce que cela ne s'applique pas aussi à
vous quand vous interprétez la littérature?
EPE: Certainement que si. Mais ne perdez pas de vue une
chose très importante et qui n'est pas subjective.
CJ: Quoi donc?
EPE: La définition d'un virus et la méthode
qui en découle pour prouver son existence. Cette méthode
fut certifiée par l'Institut Pasteur en 1973. Personne
ne peut nier qu'elle constitue une preuve absolue de l'existence
d'un rétrovirus. Et personne non plus ne peut nier que,
d'après cette méthode, le VIH n'a jamais été
une réalité. En d'autres termes, bien que le SIDA
soit considéré comme une des pires plaies de l'humanité,
personne n'a estimé nécessaire d'utiliser une méthode
éprouvée pour établir l'existence de la cause
présumée de cette épouvantable maladie. A
la place, tout le monde a opté pour un assortiment de critères
non spécifiques et s'est mis dans la tête qu'en mélangeant
le tout la bonne réponse, par métamorphose, allait
en sortir.
CJ: Cela n'a-t-il pas quelque mérite? Si tous ces
critères sont des indices sur la piste d'un rétrovirus,
plus il y en a, plus on a de chances d'arriver au but.
EPE: Certainement pas. Et si la vraie cause était
quelque chose d'inattendu? Ou quelque chose que vous ne connaissez
pas? Ou même quelque chose d'impossible à imaginer?
En pareil cas, plus vous aurez d'indices allant dans le sens de
ce que vous voulez que ce soit ou de ce que vous subodorez, plus
vous vous égarerez. Ça revient à se lancer
dans des probabilités plutôt que de constater des
faits. C'est ça que j'appelle être subjectif. C'est
comme un médecin qui voit un patient épuisé,
en état de choc, avec de la fièvre, de la diarrhée,
des vomissements, et qui d'emblée déclare qu'il
a le choléra. Bien sur que ce peut être le choléra,
mais il y a des dizaines d'autres germes qui donnent le même
tableau clinique. Pourquoi les éliminerait-il?
Et si votre vie en dépendait?
CJ: Je vous comprends. Maintenant que l'on sait ce qu'il
y a dans un gradient de densité, pensez-vous que le vent
va tourner et que le VIH sera remis en question?
EPE: Je m'attends effectivement à ce que cette
nouvelle donnée constitue un tournant. Spécialement
si beaucoup de gens en prennent connaissance. Elle confirme ce
que notre groupe n'a cessé de dire depuis fort longtemps.
Dans leur introduction, les auteurs du papier franco-allemand
affirment clairement que leurs photos apportent un démenti
à la croyance que "le gradient de densité 1.16
gm/ml contient une population de particules virales relativement
pures". C'est justement notre argument: le VIH n'a jamais
été isolé et malgré cela, depuis ces
14 dernières années, les scientifiques et les compagnies
pharmaceutiques ont utilisé ce matériel impur pour
obtenir les protéines et l'ARN du VIH pur. Les photos ont
le pouvoir d'impressionner et cela est à double tranchant.
Ici, ça peut aller dans le bon sens.
CJ: Que pensez-vous qu'il va se passer maintenant au niveau
de la recherche sur le SIDA?
EPE: Je pense qu'il est urgent qu'on se mette à
appliquer la méthode traditionnelle d'isolation virale.
Et qu'on le fasse bien: à partir de cultures de patients
qui ont le SIDA mais aussi avec des contrôles appropriés.
Comme je l'ai dit, nous devons trouver une fois pour toutes s'il
y a quelque chose appelé VIH. Il a fallu 14 ans pour obtenir
une poignée à peine de photos au microscope électronique
dans un gradient de densité. Même si ces photos n'avaient
révélé rien d'autre que des particules parfaitement
susceptibles d'être des rétrovirus, il nous faudrait
encore franchir toutes les autres étapes qui nous séparent
de l'isolation.
CJ: Quelles sont les étapes les plus importantes?
EPE: Toutes les étapes sont importantes. Confirmer
la présence de particules du genre rétroviral dans
les cultures; purifier et analyser ces particules; prouver que
ces particules peuvent répliquer; enfin, prouver que les
anticorps du sang des patients sont spécifiques aux protéines
des particules en question.
CJ: Et si ce n'est pas le cas?
EPE: Si ce n'est pas le cas, c'est à dire si ces
phénomènes existent aussi dans les cultures de contrôle,
ou si les particules de la bande 1.16 ont la mauvaise morphologie,
ne sont pas infectieuses, ou encore si les anticorps des sidéens
ne sont pas spécifiques à ces particules, alors
les malades du SIDA ne peuvent pas avoir été infectés
par un virus appelé VIH, et il ne faudra plus en parler.
CJ: Ce qui veut dire que le VIH pourrait finir comme le
HL23V du même Gallo?
EPE: C'est fort possible. Les protéines du soi-disant
HL23V furent identifiées de la même manière
que l'on été celles du VIH, par réaction
aux anticorps. Lorsqu'on s'aperçut que les anticorps n'étaient
pas spécifiques, le HL23V s'évanouit. Dans le cas
du HL23V c'était relativement facile à accepter
du fait que les anticorps étaient produits par tant de
gens qui ne feraient jamais de leucémie qu'il ne pouvait
vraiment pas y avoir de relation. Et c'est ce qui fut démontré
par le Sloan Kettering et le National Cancer Institute. Dans notre
équipe, nous pensons que le monde scientifique acceptera
que la même chose soit vraie s'agissant des anticorps du
VIH. Vous savez, les malades du SIDA ont tant d'infections qu'ils
sont bourrés d'anticorps. Il n'y aurait rien d'extraordinaire
à ce que certains d'entre eux réagissent avec deux
ou trois des 10 protéines du test de dépistage du
VIH. Il n'en faut pas plus pour être séropositif.
En réalité, il est devenu tout à fait évident
que c'est déjà le cas pour les anticorps à
deux infections dont 90% des sidéens sont affligés.
Je veux parler des infections dues aux mycobactéries et
aux levures, qui sont responsables des deux maladies opportunistes
les plus répandues: leurs anticorps réagissent avec
toutes les protéines du VIH. Nous venons d'écrire
un article là-dessus pour une revue anglaise Current Medical
Research and Opinion. Si tel est le cas, qui peut désormais
continuer de prétendre que ces anticorps apportent la preuve
que le VIH existe, ou que ces maladies sont provoquées
par le VIH?
CJ: Eleni Papadopulos-Eleopulos, merci beaucoup pour le
temps que vous nous avez consacré aujourd'hui
EPE. Mais c'était avec plaisir, et c'est moi qui
vous remercie.
The Perth Group welcomes any scientific discourse on its research.
Eleni Papadopulos - Tel : (Aus) + 618 9224 3221. Fax: + 618 9224
3511
Contact direct : Perth Group of HIV/AIDS scientists at http://www.virusmyth.com/aids/perthgroup/sousindex.html
email : vturner@cyllene.uwa.edu.au
Traduction : Philippe Krynen, Association Partage, Tanzanie. Scanné
par Jean-Reymond Cornu pour:
L'Association Mark Griffiths, La Métairie Blanche, 11190
La Serpent, France.
Tél : 0033 04 68 31 27 91.
Envoyer 12FF en timbres pour reçevoir une copie de ce texte.
Christine Johnson, Juillet 1997
P.O. Box 2424 Venice, Californie 90294-2424,USA.
Tel: 001+(310)392-2177 Fax: 001+ (310) 273-297
Voir également Continuum Supplement, Vol 4, N°3 Sept/Oct
1996.
THE ISOLATION OF HIV: HAS IT REALLY BEEN ACHIEVED ? The Case
Against
Eleni Papadopulos-Eleopulos1 Valendar F. Turner2 John M. Papadimitriou3
David Causer1
1Department of Medical Physics, 2Department of Emergency Medicine,
Royal Perth Hospital, Perth, Western Australia; 3Department of
Pathology, University of Western Australia.
Continuum, 172, Foundling Court, Brunswick Centre, London WC1N
1QE., G.B.
Tel : 44+ 171 713 7071. Fax : 44+ 171 713 7072. Email : continu@dircon.co.uk
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