Le Président Mbeki et le sida africain

Dr Marc Deru

 

Le 14 juillet, à Durban (Afrique du Sud), le 13éme Congrès international sur le Sida s'est terminé de manière très conventionnelle: "pas d'avancée scientifique majeure" mais "de l'espoir(?) pour les millions de séropositifs africains"... Ies 12000 congressistes se sont séparés satisfaits que la voix scientifique dissidente (1) n'ait pas troublé le discours convenu, la bonne conscience ronronnante et les intérêts de tous ceux qui, de près ou de loin, vivent de l'hypothèse virale du SIDA: essentiellement les chercheurs et l'industrie pharmaceutique qui détient le monopole du diagnostic, de la prévention et du traitement de la maladie.

Dans son discours de clôture, M. Nelson Mandela a cru bon d'éteindre le feu de la controverse en conseillant de ne plus se disputer sur les causes du Sida mais de consacrer tous ses soins aux nombreux malades qui souffrent et qui meurent. Propos étonnant: comment s'occuper efficacement des malades sans connaître la cause de leur maladie? Même un sage comme M. Mandela semble tomber dans la logique de l'urgence: il faut faire quelque chose, n'importe quoi mais tout de suite, on réfléchira après...

M. Thabo Mbeki s'est donc retrouvé bien seul pour demander que la recherche ne reste pas bloquée sur la cause prétendument virale du Sida mais s'ouvre aux autres hypothèses. Dans son entourage quelques personnes seulement le soutiennent, entre autres le docteur Sam Mglongo, professeur à la faculté de Médecine de Pretoria, et la Ministre de la santé Madame Tshabalala-Msimang. Les scientifiques dissidents n'avaient pas le droit de prendre la parole, pas plus que lors des Congrès précédents, et ne s'étaient donc, pour la plupart, pas déplacés.

Mais M. Thabo Mbeki n'est pas homme à s'en laisser conter pas ceux qui présentent l'origine virale du Sida comme une vérité indiscutable et la thérapie antivirale comme la seule solution. Devant une situation catastrophique, on ne se contente pas de dire: " appliquons la routine "; déclara-t-il début mai au groupe de scientifiques orthodoxes et dissidents qui avaient accepté de se rencontrer à Pretoria, à son invitation, pour confronter leurs points de vue sur la question.

M. Mbeki s'implique personnellement dans cette affaire cruciale pour son pays. Il veut comprendre: " le problème est tellement vaste que j'ai personnellement senti que j'avais besoin d'y voir plus clair" explique-t-il. " Je lis toutes sortes de choses compliquées, dans un jargon scientifique que je ne comprends pas. Et je suis submergé de documents. Je me suis procuré des dictionnaires pour pouvoir comprendre les mots trop compliqués. Je téléphone au Ministre de la Santé et lui demande ce que signifie tel ou tel mot, et elle m'explique "

Le New York Times, qui rapporte ces propos dans son édition du 7 mai 2000, décrit M. Mbeki comme "un chef d'Etat surchargé mais responsable, qui répugne de laisser à d'autres des décisions difficiles". Une seconde rencontre orthodoxes-dissidents a eu lieu les 3, 4, et 5 juillet à Johannesbourg, juste avant le Congrès: une douzaine de membres du Group for the scientific reappraisal of AIDS et une trentaine de scientifiques conventionnels. Un dialogue, difficile bien sûr, a tout de même pu naître entre les tenants des thèses opposées. Et certains orthodoxes ont témoigné d'une certaine ouverture. Par exemple, ils admettent que le prétendu virus VIH (dont ils ne veulent cependant pas mettre en doute l'existence) n'a jamais pu être isolé selon les règles de la science virologique. Ils admettent que l'AZT est un médicament toxique qu'il vaut mieux ne plus administrer à des séropositifs asymptomatiques. Le professeur Abdool Karim, directeur de la Commission sud-africaine pour la prévention du VIH et la recherche d'un vaccin, reconnaît qu'"on ignore le nombre de malades du SIDA en Afrique du Sud ", sachant sans doute très bien que les chiffres de l'OMS concernant la " terrible épidémie du SIDA " en Afrique ne sont que d'abusives extrapolations de statistiques hospitalières, elles-mêmes douteuses, à la populations générale, que pour 5 malades déclarés sidéens on estime qu'il y en a 95 autres non déclarés, et qu'on en comptabilise donc 100...(2)

Enfin, et surtout, ces scientifiques ont accepté de travailler avec leurs collègues dissidents et de former avec eux des commissions d'études sur quatre thèmes:

I'étiologie (la cause) du SIDA;

la prévention;

la thérapie;

la transmission mère/enfant.

Le gouvernement sud-africain qui s'engage à payer les frais de ces recherches demande des conclusions pour la fin de l'année.

On est bien sûr très loin d'un accord entre orthodoxes et dissidents, le Congrès lui-même en a bien fait la preuve, et chacun sait qu'une alouette ne fait pas le printemps. Cependant quelques hommes de bonne volonté se sont rencontrés et un processus de dialogue s'est enclenché. Une graine a été semée.

Merci, M. Mbeki.

I) cf. Tournant 88, Sida africain, la misère médicalisée

2) Christian Fiala, MD We have lived for 20 years with HIV/AIDS.

Avec de telles méthodes statistiques il est évidemment facile pour l'OMS de construire des scénarios catastrophe et de justifier des interventions médicales insuffisamment réfléchies, décidées dans l'urgence.


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