SIDA : LE DOUTE
Djamel Tahi (Un synopsis)
Documentaire de 52" sur ARTE, mars 1996.
Note d'intention
The most important thing is not to stop questioning. Albert
Einstein
Pour tout un chacun, il est communément reconnu que
la cause du Sida est un virus, le HIV, qui détruit le système
immunitaire des personnes infectées. Or, depuis l'identification
du virus dit du Sida, voilà aujourd'hui onze ans, il n`a
pas été possible pour la communauté scientifique,
d'expliquer et de démontrer précisément,
l'étiologie du virus. Cette question essentielle divise
largement les chercheurs toujours en quête d'une explication.
De ce fait, scientifiquement parlant, la théorie du virus
HIV comme cause du Sida, n`est alors qu'une hypothèse.
Soutenue il est vrai par la majorité des chercheurs, mais
cela reste néanmoins une hypothèse.
Pour cette raison certains chercheurs, comme le Professeur
Luc Montagnier de l`lnstitut Pasteur, ou le Professeur américain
Robert Root-Bernstein de l'université du Michigan, ont
invoqué l'implication d'autres agents dans la maladie,
les cofacteurs, en attribuant qu'un rôle secondaire au virus
HIV. Ce n'est également qu'une hypothèse.
D`autres chercheurs sont allés plus loin, et avancent
que le virus HIV n'est pas la cause du Sida. Pour ces chercheurs,
appartenant à l'élite scientifique, toutes les connaissances
accumulées sur le Sida au cours de ces dix dernières
années, permettent d'affirmer que ce n'est pas une maladie
infectieuse, et que son évolution pathologique et épidémiologique
le prouve. Leur hypothèse est que le Sida est une maladie
due à plusieurs facteurs liés au mode de vie des
personnes atteintes, qui provoquerait un désordre immunitaire
irréversible.
Dans ce film consacré au Sida, il ne s'agit pas bien
sûr de tenter de démontrer quelle est la théorie
qui l'emporte sur l'autre, mais plutôt de faire un état
des lieu des connaissances, des doutes, et des interrogations
qui persistent après toutes ces années de recherche.
Pour cela nous développerons les arguments qui questionnent
la cause du Sida. Nous lèverons le voile sur la controverse
qui règne, presque à huis clos, au sein de la communauté
scientifique. Et à travers les portraits des principaux
acteurs qui animent ce débat, nous tenterons de comprendre
pourquoi, ils n'acceptent pas ce qui reconnu par tous.
L'histoire
Onze ans déjà!
Washington D.C. 23 Avril 1984. La salle de conférence
de presse est bondée par les journalistes et les caméras
de télévision. Margaret Heckler, alors Secrétaire
à la santé du gouvernement Reagan, et Robert Gallo
Professeur de virologie à l'lnstitut Bethesda, annoncent
au monde entier qu'ils ont identifié la cause du Sida.
C'est une nouvelle grande victoire pour la recherche médicale
des Etats-Unis. Le coupable est un rétrovirus qui détruit
le système immunitaire des personnes infectées.
Au cours de cette même conférence, le Professeur
Robert Gallo déclare qu'un vaccin sera disponible dans
les deux prochaines années.
La suite de l'histoire révélera que la découverte
du virus n'appartenait pas au virologiste américain, qui
fut condamné par ses pairs pour fraude scientifique. Et
malgré les moyens mis en oeuvre, les années qui
suivirent ne donnèrent pas le jour à un vaccin contre
la maladie.
Les espoirs déçus
Au début, I'espoir de gagner la bataille contre le Sida
ne laissait place à aucun doute. En moins de trois ans
les chercheurs avaient identifié la cause de la maladie.
Une véritable prouesse. Il fallait alors stopper l'épidémie.
Tous les chercheurs travaillant aux quatre coins du monde, et
les importants moyens investis dans la recherche, devaient mener
la médecine vers une nouvelle victoire sur la maladie.
La plus petite avancée sur le Sida était aussitôt
disséquée, expliquée et commentée,
par la presse et la télévision. Et le public retenait
son souffle, prêt à entendre les mots fatidiques
"Nous avons trouvé!".
Au fil des mois et des années, les déclarations
se sont faites plus prudentes, les résultats moins prometteurs,
et la presse moins patiente. Lors de la dernière conférence
internationale sur le Sida, qui se tenait à Paris en Juin
1994, un quotidien de la capitale titrait "I'optimisme du
début des années de la recherche sur le Sida, a
laissé place aujourd'hui à un réel désarroi".
Tous sont obligés de reconnaître qu'il n'y a toujours
pas de remède, et que la recherche piétine. La course
aux vaccins s'est soldée par un constat d'échec,
et les lobbies pharmaceutiques hésitent à investir
à nouveau. Pour ceux qui souffrent du Sida, le pronostic
reste des plus pessimistes.
La polémique
Peut-on alors contester l'incontestable, la cause même
du Sida, et du même coup supposer que la communauté
scientifique internationale se soit trompée? Car, si le
virus isolé par le Professeur Luc Montagnier est largement
accepté comme étant la cause du Sida, d'autres hypothèses
ont été avancées depuis déjà
plusieurs années.
Dès 1986 certains chercheurs, et non des moindres, s'insurgent
contre l'affirmation qu'un virus pourrait être la cause
de cette nouvelle maladie. Parmi eux, Albert Sabin Prix Nobel
de Biologie, Henry Gilbert Prix Nobel de Chimie, Harry Rubin et
Peter Duesberg pionniers de la Rétrovirologie, Richard
Strohman biochimiste émérite de Harvard, Robert
Root-Bernstein Immunologiste, lauréat de cette même
année. Pour cette poignée de chercheurs appartenant
à l'élite scientifique américaine, I'affirmation
faite par le Professeur Robert Gallo en Avril 1984 n'a jamais
été prouvée, et de ce fait reste alors une
hypothèse.
Contrairement à ses collègues qui ont timidement
fait entendre leur désaccord, le Professeur Peter Duesberg
clame publiquement que la recherche sur le Sida fait fausse route.
Pour lui, c'est le début de la descente aux enfers. Hier
reconnu par tous comme un des meilleurs virologistes du monde,
il est aujourd'hui ignoré et exclu du débat scientifique.
Débat à huis clos
Mais la polémique ne disparaît pas pour autant.
Bien au contraire, elle ne fait que s'amplifier, et soulève
un malaise grandissant au sein de la communauté scientifique.
Même les plus éminents chercheurs de la recherche
sur le Sida restent impuissants à enrayer cet affrontement.
Autour du Professeur Peter Duesberg se forme un groupe de scientifiques,
et sous l'impulsion du biologiste Charles Thomas Jr, ils créent
le groupe «Reappraising Aids». Et dans une lettre
commune, ils réclament la révision de l'hypothèse
du Sida. En vain.
Mais les affrontements que soulève cette polémique
ne peuvent plus être ignorés. En 1989 revue scientifique
française Recherche & Immunologie, invite le Professeur
Luc Montagnier et le Professeur Peter Duesberg à un débat
dans ses colonnes. Tous deux acceptent le challenge. Peter Duesberg
envoie ses réflexions à la revue, qui les publie.
Luc Montagnier ne répondra Jamals.
Y a-t-il un scientifique dans la salle?
"Le virus est la cause du Sida. Il n'y a aucun doute sur
ce point. Posez la question à cinq mille chercheurs, ils
vous répondront tous la même chose". Cette réponse
laconique, fut celle du Professeur Robert Gallo à un journaliste
qui le questionnait sur les arguments de son virulent collègue,
le Professeur Peter Duesberg.
Dans le domaine de la recherche scientifique, la parole de
cinq mille chercheurs n'est pas suffisante. La science avance
par hypothèses, qui sont soumises à des règles
très strictes. Si une hypothèse est correlée
par ces règles, celle-ci devient alors un fait, et donc
une référence scientifique. Dans le cas contraire,
elle reste une hypothèse.
L'histoire du Biochimiste Kary Mullis illustre bien le manque
de preuves scientifiques qui entoure la théorie sur le
Sida. En 1993, Kary Mullis obtient le Prix Nobel de Chimie pour
son invention de la P.C.R. (Polymerase Chain Reaction). L'invention
du Biochimiste américain permet de déceler la plus
infime particule virale. Bien sûr cette nouvelle découverte
devait servir la recherche sur le Sida, et Kary Mullis fut lui-même
amené à travailler dans ce domaine.
Dés l'instant où il commença son travail,
Kary Mullis voulut se procurer la référence scientifique
qui stipulait que le virus était la cause du Sida. La réponse
qu'il reçut était plutôt surprenante. Personne
n'avait besoin d'une telle référence, tout le monde
savait cela. Devant son insistance, on le dirigea vers le Centre
des Maladies Infectieuses d'Atlanta. Là aussi, on ne lui
apporta pas de réponse satisfaisante. Au cours d'un colloque
international sur le Sida, Kary Mullis s'adressa directement au
professeur Luc Montagnier, I'homme qui avait découvert
le virus responsable du Sida. Le virologiste français avoua
que cette référence n'existait pas. Depuis, Kary
Mullis n'a cessé de questionner les arguments qui soutiennent
la théorie sur le Sida. Il est à ce jour le troisième
Prix Nobel à avoir rejoint le groupe "Reappraising
Aids".
La notoriété du Biochimiste américain
n'a fait qu'accroître l'embarras des responsables de la
recherche sur le Sida, qui ont néanmoins réaffirmé
qu'il n'y avait aucun doute sur le fait que le virus était
la cause du Sida. Quiconque soutenant le contraire, encourageait
les gens à risquer leur vie. Ce à quoi Kary Mullis
rétorqua qu'il n'était pas un "lifeguard",
mais un scientifique. En tant que tel il se devait de dire ce
qu'il pensait, et il ne pouvait apporter son soutien à
une théorie qui relevait plus de la religion, que de la
science.
Paradoxe
Depuis le début de la recherche sur le Sida, les observations
concernant l'étiologie du virus, les pathologies de la
maladie, et de l'épidémie, soulèvent plusieurs
paradoxes. Et l'inaptitude des chercheurs à les résoudre,
renforce le doute sur l'origine du Sida. Mais la question qui
reste peut-être la plus importante, et qui continue d'absorber
les chercheurs, est de comprendre comment un virus presque introuvable,
ou dormant, serait-il la cause de la destruction du système
immunitaire des malades du Sida. Après plus de dix ans
de recherche, des sommes colossales investies par les gouvernements
et les laboratoires pharmaceutiques, la question reste posée.
On ne sait pas comment agit le virus.
Avec les années, le Sida a un peu perdu de son caractère
inéluctable. Les séropositifs qui ne développent
pas le Sida alors qu'ils ont été infectés
par le virus voilà dix ans et plus (surnommés les
Long Term Survivors), sont en nombre croissant. Cette nouvelle
réalité de la maladie déroute les chercheurs.
Les hypothèses se suivent: un virus moins virulent, une
immunité plus combative, .. mais l'énigme persiste.
Autre dilemne: une étude faite dans plusieurs grandes villes
occidentales montre, que les prostituées qui collectionnent
les M.S.T., ne sont que très peu touchées par le
virus du Sida. Là aussi, aucune explication convaincante
n'est avancée.
En 1992, une étude américaine révèle
l'exustence d'un petit nombre, non négligeable, de malades
du Sida, chez qui il est impossible de retrouver la trace du virus.
Ces personnes présentent tous les symptômes caractéristiques
du Sida (immunodéficience, sarcome de Kaposi, pneumocistose),
mais tous les tests restent négatifs à la présence
du virus. Cette nouvelle déconcerte quelque peu les chercheurs.
Le Sida pourrait-il apparaître sans le virus? Ces quelques
cas furent baptisés ICL (Idiopathic CD4 Lymphopenia), et
considérés comme une maladie particulière
n'étant pas liée au Sida. A ce jour, aucune étude
sérieuse n'a été entreprise pour déterminer
le nombre exact de malades du Sida, n'ayant pas été
infectés par le virus.
Autre paradoxce, cette fois soulevé par le dernier rapport
du Réseau National de la Santé Publique Française.
Ce rapport montre que, contrairement à toutes les prévisions,
la progression de la maladie chez les hétérosexuels
reste faible, et que l'on ne peut pas parler d'épidémie
dans cette population. Les hémophiles échappent
au mal, et dans les autres groupes à risques, homosexuels
et toxicomanes, I'épidémie reste stable. Le constat
est le même dans les autres pays d'Europe, ainsi qu'aux
Etats-Unis. L'explosion de l'épidémie, tant annoncée,
n'a pas eu lieu.
Confusion
Pour la majorité des chercheurs, le virus est la seule
et unique cause du Sida, et tous les efforts pour trouver une
solution à cette maladie convergent dans ce sens. Pour
d'autres, une minorité, une poignée même,
le virus n'est pas la cause du Sida. Une troisième théorie
va venir semer la confusion dans ce débat déjà
houleux.
Nous sommes à San Fransisco, en 1990, lors de la 3ème
Conférence Internationale sur le Sida. Voilà plusieurs
années que les chercheurs s'échinent à trouver
un moyen pour neutraliser le virus. C'est au cours de cette Conférence
que le Professeur Luc Montagnier, auteur de la découverte
du virus du Sida, annonce que le virus n'est pas le responsable
de la destruction du système immunitaire des malades. Pour
le virologiste français, le virus n'est qu'un des éléments
de la maladie. Seul, le virus est inoffensif. Le professeur Luc
Montagnier invoque alors l'hypothèse des cofacteurs.
Cette déclaration, reprise par l'ensemble de la presse
scientifique et internationale, fait l'effet d'un coup de tonnerre.
Le Professeur Robert Gallo fustige le virologiste français,
I'accusant de semer la confusion sur la cause du Sida, et ainsi
soutenir les arguments du Professeur Peter Duesberg.
Isolé, et critiqué publiquement par ses confrères,
le Professeur Luc Montagnier ne tempère pas moins ses propos.
Au contraire. Aujourd'hui sa position est encore plus radicale.
Pour lui, le Sida est une maladie opportuniste! Là, il
faut mesurer la portée de ses paroles. Qu'est-ce que cela
signifie? Tout simplement que le virus agit uniquement dans un
milieu déjà prédisposé par d'autres
agents infectieux (cofacteurs). Une personne saine, qui serait
mise en contact avec le virus ne développerait pas le Sida.
Mieux encore, elle éliminerait tout naturellement le virus.
Une récente déclaration du Professeur Robert
Gallo faite à un quotidien britannique, ajoute à
la confusion. Le virologiste américain reconnaît
aujourd'hui, la possibilité qu'un ou plusieurs cofacteurs
soient impliqués dans le processus de la maladie.
Chacun son Sida
Qu'est-ce que le Sida? Un test positif qui indique l'infection
par le virus, un système immunitaire défaillant,
I'apparition d'une des trente maladies opportunistes répertoriées
sous ce sigle? Difficile de répondre à cette question,
car la réalité de cette maladie est beaucoup plus
complexe. Si le dénominateur commun reste la séropositivité,
tous les autres paramètres diffèrent.
En France, comme en Europe et aux Etats-Unis, le Sida touche
en majorité les hommes, huit fois sur dix, et presque toujours
les homosexuels et les toxicomanes. Cela n'est pas compatible
avec une maladie infectieuse, qui devrait se propager de manière
équitable chez les personnes des deux sexes. Des études
épidémiologiques ont montré que les homosexuels
ne souffraient pas des mêmes maladies que les toxicomanes,
ainsi que les rares hémophiles touchés par le Sida.
Certaines de ces maladies semblent être liées au
mode de vie propre à ces groupes, plutôt qu'à
l'infection par le virus.
Nous avons tous en mémoire les premiers cas de Sida
qui apparurent au début des années 1980, à
San Fransisco, sur la côte Ouest des Etats-Unis. Bon nombre
des homosexuels touchés par le Sida étaient atteints
d'un cancer de la peau, le Sarcome de Kaposi, surnommé
le "cancer gai", car seuls les homosexuels souffraient
de ce mal. L'implication de cette maladie dans le Sida, est un
des principaux arguments du Professeur Peter Duesberg contre la
théorie du virus. Celui-ci remarque que si le Sarcome de
Kaposi était provoqué par un agent infectieux, il
devrait toucher les malades du Sida sans distinction de groupes
à risques, d'âge et de sexe. Ce qui n'est pas le
cas.
Depuis, le Sarcome de Kaposi a fait l'objet de nombreuses études,
et il est maintenant bien établi que les drogues récréatives
comme le Poppers, jouent un rôle important dans ce cancer
de la peau. Le Docteur Haverkos, de l'lnstitut National des Drogues,
est certainement un des premiers à avoir fait le lien entre
ces drogues et le Sarcome de Kaposi, au point qu'il a longtemps
soupçonné qu'elles pouvaient être la cause
du Sida.
Bien que le rôle du virus dans le Sarcome de Kaposi reste
obscur, cette maladie figure toujours sous le sigle du Sida. Mais
reconnaître que cette maladie ne soit pas liée au
virus du Sida, alors qu'elle en fut la marque effrayante durant
des années, soulèverait certainement beaucoup de
questions.
AZT, DDI, DDC, pour ou contre?
Depuis les essais du programme Concorde de 1993, qui constituait
la plus importante étude sur les effets de l'AZT, la méfiance
vis à vis des thérapies contre le Sida est toujours
présente. Cette étude avait démontré
que l'AZT n'était d'aucune utilité pour les séropositif
asymptomatiques, voire préjudiciable à leur santé.
Aujourd'hui l'AZT et les autres antirétroviraux sont
mieux connus et mieux utilisés. Même si beaucoup
s'accordent à reconnaître qu'ils ne constituent pas
la panacée, leurs effets bénéfiques sur certains
malades, sont limités mais réels. Mais, malgré
toutes les études, leurs utilisations restent très
controversées. Certains médecins, forts de leur
e,xpérience sur le "terrain", soutiennent qu'il
faut utiliser les antirétroviraux le plus tôt possible
chez les séropositifs ayant une immunité en bon
état. D'autres assurent obtenir de meilleurs résultats
avec les personnes déjà atteintes par la maladie.
Dans la réalité quotidienne, la prophylaxie du traitement
est souvent tributaire de la réaction du patient aux médicaments.
Pour l'un, c'est une bénédiction, pour l'autre,
une souffrance supplémentaire.
Pour le Professeur Hoffmann, cancérologue à l'hôpital
de San Diego, tous les antirétroviraux comme l'AZT, le
DDI, .. ne peuvent être d'aucun secours pour les malades
du Sida. L'AZT, le DDI, .. proviennent de la chimiothérapie
cancéreuse, et leur action empêche la réplication
cellulaire, et du même coup celle du virus. Mais les dégâts
occasionnés dans le système cellulaire par ces médicaments
sont trop importants en comparaison des maigres bienfaits, affirme
le cancérologue américain. A long termne, ces médicaments
peuvent accélérer l'issue fatale de la maladie.
L'Afrique toujours et encore
Ravagée depuis des décennies par la Tuberculose
et la Malaria, I'Afrique doit aujourd'hui faire face à
un nouveau fléau: Le Sida. D'aprés l'O.M.S. le continent
africain compte le plus grand nombre de séropositifs. Ne
pouvant bénéficier des mêmes soins que les
malades occidentaux, si la communauté internationale ne
fait rien, les morts se compteront par millions.
Neville Hodgkinson est journaliste au quotidien londonien,
le Sunday Time. Il est spécialiste des questions médicales
depuis vingt-cinq ans. Au cours de l'année 1993, il effectue
un voyage en Afrique Centrale pour écrire une série
d'articles sur la situation de ces pays face au Sida. Ce que Neville
Hodgkinson découvre au cours de son voyage, le déconcerte
profondément.
Contrairement à ce qui avait été rapporté
au cours des années précédentes par les nombreuses
équipes de reportages, I'Afrique ne semble pas mourir du
Sida. Neville Hodgkinson ne vit aucune trace des villages dévastés
par le Sida, quand les villages étaient déserts,
des témoignages lui apprenaient que la population avait
gagné la ville. Il ne croisa pas non plus les milliers
d'orphelins, errant sans but sur les routes. Pas plus de traces
des cimetières improvisés dans la brousse, supposés
garder les dépouilles des victimes de ce nouveau mal.
Bien sûr l'Afrique est malade. Mais toujours et encore
de la Tuberculose et de la Malaria. Bref, de sa pauvreté.
Seul les noms ont changé. Maintenant cela s'appelle le
Sida. Le nouveau mal est là, invisible, et partout à
la fois. Dans tous les esprits et toutes les bouches, se confondant
avec tout. L'impact psychologique du Sida sur les populations
africaines est désastreux.
Censure
Dès son retour à Londres, le Sunday Times publie
le fruit de l'enquête de Neville Hodgkinson, sous le titre
provocateur "Sida en Afrique, le mythe d'une épidémie".
La condamnation est sans appel, et unanime. Toute la presse londonienne
s'insurge contre les faits relatés par le journaliste du
Sunday Time. Le plus virulent de tous est John Maddox, rédacteur
en chef de la plus prestigieuse revue scientifique du monde, Nature.
John Maddox, fustige le quotidien Londonien dans un article au
titre ironique "Qui a le droit de parler du Sida?"
Quelques années auparavant, et plus récemment
encore, le Professeur Peter Duesberg fut directement attaqué
pour ses propos sur le Sida, par ce même John Maddox. Et
malgré les demandes de droit de réponse du virologiste
américain, le rédacteur en chef de la prestigieuse
revue scientifique n'en fit rien. Pour toute réponse il
écrivit et publia, dans sa revue, un article dont le sujet
était de savoir si oui ou non, le Professeur Peter Duesberg
avait droit à la parole. Assurément, la réponse
était non, car aujourd'hui encore le sujet reste tabou.
Que peut-on reprocher au journaliste londonien? Il a rapporté,
honnêtement, les faits et les témoignages qu'il a
rencontrés au cours de son voyage. Ni plus ni moins. Et
Neville Hodgkinson n'a jamais contesté la théorie
du Sida, ce qui renforce l'objectivité de son enquête
en Afrique. Quand au Professeur Peter Duesberg, et ceux qui partagent
son avis, en tant que chercheurs ils se doivent de questionner
toutes hypothèses, pour ainsi faire avancer le débat
scientifique. Après quinze ans de recherches sans grand
succès, qui peut se prévaloir de connaître
la vérité sur le Sida. Alors! qui a le droit de
parler du Sida?
Positif or not positif?
L'annonce de la séropositivité est certainement
une des expériences les plus traumatisantes qui soit. Elle
signifie, à moyen ou à long terme, I'apparition
de la maladie. La peur qu'engendre cette nouvelle provoquerait,
une baisse des défenses immunitaires.
Aujourd'hui les laboratoires bénéficient de deux
tests pour diagnostiquer si un patient a été infecté
par le virus du Sida. Le test ELISA, et le test Western Blot.
Si le test ELISA est positif, le Western Blot doit aussi être
positif pour confirmer la séropositivité. A la fin
des années 1980, la fiabilité des tests avaient
été mise en doute. Depuis, dans certains pays d'Europe
comme la Grande Bretagne, les laboratoires pratiquent plusieurs
tests avant de prononcer la séropositivité. A la
suite de la mise en vigueur de cette nouvelle loi, le nombre de
séropositifs a été réévalué.
Une personne sur trois avait été déclarée
positive au test du Sida, alors qu'elle ne l'était pas.
En France, la réglementation n'a pas changé, le
test ELISA et le test Western Blot restent suffisants pour le
diagnostic de l'infection par le virus du Sida.
Une récente étude faite en Centre Afrique par
le Professeur Max Essex, a démontré que dans les
régions où la lèpre sévissait de manière
endémique depuis des décennies, le nombre de faux
séropositifs au test du Sida était d'environ 50%.
Les tests ELISA et Western Blot réagissaient positivement
sur des personnes n'ayant pas été infectées
par le virus du Sida, mais ayant des résidus du virus de
la lèpre. C'est une réaction croisée. L'auteur
de ce rapport concluait, en soulignant l'extréme prudence
dont il fallait faire preuve, avant d'établir un diagnostic
de séropositivité dans ces régions.
Cela nous pousse à nous interroger sur les statistiques
de l'O.M.S. qui montrent l'Afrique comme la lanterne rouge de
l'épidémie du Sida. Combien d'autres régions,
combien d'autres pays, sont sujets à ces erreurs? Et l'Asie
qui bientôt, d'après l'O.M.S., dépassera le
continent africain. Mais en Occident et dans tous les pays dits
industrialisés, où le milieu parasitaire est nettement
inférieur à l'Afrique, tous s'accordent à
reconnaître la fiabilité des tests du Sida. Enfin,
presque tous.
Eleni Papadopulos est Biologiste Chimiste au Royal Hospital
de Perth, en Australie. Cette Biochimiste australienne, avec son
équipe, a consacré ces quatre dernières années
à l'étude de la précision des tests du Sida.
Le résultat de ce long travail a démontré
que les tests ELISA et Western Blot n'étaient pas suffisamment
spécifiques pour déterminer un diagnostic de séropositivité
au virus du Sida. En d'autres termes, un résultat positif
au test du Sida, ne prouve pas que l'on ait été
infecté par le virus.
Evidemment, on mesure l'importance des résultats des
travaux de l'équipe australienne. Si le seul moyen que
nous possédons pour déterminer l'infection par le
virus du Sida n'est plus fiable, tout s'effondre. L'explication
de la maladie, les données épidémiologiques,
les campagnes de préventions, tout! Comme Kary Mullis et
Neville Hodgkinson, la biologiste australienne n'avait jamais
contesté la théorie du Sida, c'est à travers
ses recherches que le doute est apparu.
Eleni Papadopulos envoya le résultat de ses travaux
à la revue scientifique Nature, qui ne les publia pas.
Le virus, fantôme ou cauchemar des chercheurs?
Vivre avec le virus du Sida. Vivre avec cette menace perpétuelle,
comme une épée de Damoclès suspendue au dessus
de notre tête, ne sachant pas quand et comment, elle tombera.
Quel avenir peut-on construire, ou plutôt quel avenir est-on
en droit d'espérer?
Contrairement aux autres virus qui font apparaître les
symptômes de la maladie quelques jours ou quelques semaines
après l'infection, le virus du Sida semble rester en sommeil
pendant une période qui peut varier de cinq à dix
ans, voire plus, et tout à coup se réveiller et
déclencher le processus de la maladie. Cette période
de latence est une des questions majeures toujours restées
sans réponse. Jusqu'au mois de Mars 1995.
Les Professeurs David Ho et Robert Shaw ont démontré,
dans une étude très complexe qui a nécessité
l'aide de mathématiciens, que cette période de latence
n'existait pas. En fait, d'après le résultat de
leurs travaux, le virus serait actif dès le début
de l'infection et pendant toutes les années qui précèdent
l'apparition du Sida. Le virus et le système immunitaire
se livreraient un combat acharné, au cours duquel des milliards
de particules virales et de cellules sont détruites chaque
jour. Au bout de plusieurs années, le système immunitaire
s'épuise, et le virus du Sida gagne la bataille.
Les résultats de ces travaux furent publiés dans
la revue scientifique Nature, ainsi que par la presse internationale,
et accueillis comme la plus grande découverte sur le Sida
de ces dix dernières années. Les travaux des deux
chercheurs américains répondaient aux questions
soulevées, à juste titre soulignait la presse, par
le groupe "Reappraising Aids", et du même coup
éliminaient la thèse des cofacteurs si chère
au Professeur Luc Montagnier. Le virus était bien la seule
et unique cause du Sida.
Mais les nombreuses critiques que suscitent les conclusions
quelque peu hâtives de ces résultats, tempèrent
l'ardeur de ses supporters. Pour bon nombre de chercheurs, les
conclusions de ces travaux sont en partie erronées, pour
d'autres carrément irrecevables. Si bien que la revue scientifique
Nature, qui les avait largement supportées, dut publier
une partie du courrier les critiquant. Le moins que l'on puisse
dire, c'est que les conclusions des deux chercheurs américains,
ne faisaient pas l'unanimité.
Aujourd'hui, le débat sur le Sida a hérité
d'un nouveau dilemme. Le virus est-il dormant au cours de toutes
les années qui précèdent la maladie, ou alors
est-il actif dès le début et au cours de l'infection?
Cette question qui peut paraître sans grande importance
pour les malades qui, eux, attendent une solution concrète,
ramène les chercheurs à cette question insoluble
et toujours d'actualité: Comment agit le virus du Sida?
Et tant que cette question restera sans réponse, la solution
au Sida risque de se faire encore longtemps attendre.
Hypothèse
L'hypothèse la plus répandue, est bien sûr
celle qui affirme que le virus serait la seule et unique cause
du Sida. Cette hypothèse se base sur le fait que tous les
malades, ou presque, du Sida ont été infectés
par le virus. Il n'en reste pas moins que son processus étiologique
reste toujours inexpliqué.
Alors! Quel est la cause du Sida?
Pour le Professeur Peter Duesberg et le Professeur Kary Mullis,
les données épidémiologiques et les caractéristiques
du Sida, prouvent que les différentes maladies réunies
sous ce sigle ne peuvent pas être le fait d'un agent infectieux.
Les deux chercheurs américains soulignent que 60% des malades
touchés par le Sida, sont des homosexuels qui mènent
une vie sexuelle débridée, consomment régulièrement
des drogues récréatives, de l'alcool, et des antibiotiques
pour soigner ou prévenir les infections auxquelles ils
sont exposés. Les toxicomanes, eux, représentent
près d'un tiers des sidéens. La consommation de
drogues dures (héroïne, cocaïne) durant plusieurs
années, est un des facteurs de la destruction du système
immunitaire. Ajoutez à cela, les multiples infections dues
à l'échange des seringues, la malnutrition et l'insalubrité
auxquelles les toxicomanes s'exposent, et vous avez des malades
du Sida en puissance. Pas besoin d'un virus pour cela, assurent
Peter Duesberg et Kary Mullis.
Les défenseurs de l'hypothèse des cofacteurs,
comme le Professeur Luc Montagnier et le Professeur Robert Root-Bernstein,
attribuent la cause du Sida à plusieurs agents infectieux,
dont le virus du Sida ferait partie. L'action simultanée
de tous ces agents infectieux provoquerait, après plusieurs
années, une confusion dans le système immunitaire,
qui alors s'auto-détruirait. C'est le phénomène
de l'auto-immunité, et de l'apoptose. C'est pourquoi le
Sida reste, après quinze ans, toujours confiné chez
les mêmes groupes (homosexuels, toxicomanes) qui sont confrontés
à toutes sortes d'infections. Donc, pour Luc Montagnier
et Robert Root-Bernstein, le virus seul ne peut pas provoquer
le Sida, mais reste néanmoins un des éléments
importants du syndrome.
Mais ces deux hypothèses, qui apportent plusieurs éléments
de réponses au Sida, soulèvent aussi certains paradoxes.
Si la majorité des malades du Sida sont des homosexuels
et des toxicomanes sujets à toutes sortes d'infections,
les homosexuels ayant une vie saine, les hémophiles, les
hétérosexuels, et aussi les enfants, sont victimes
de la maladie. La, I'hypothèse des drogues et des cofacteurs
n'est plus valable.
Pour ces malades, qui ne font pas partie des groupes à
risques «classiques», il faut s'interroger sur le
diagnostic du Sida dont ils sont frappés. Le`Sida représente
aujourd'hui près de trente maladies distinctes, n'ayant
souvent rien à voir entre elles, et dans un tiers des cas
elles ne sont pas liées au système immunitaire du
malade. La confusion réside dans le statut de la séropositivité,
affirme le Professeur Peter Duesberg ainsi que les autres chercheurs.
Toute personne déclarée séropositive, est
un malade du Sida, quelque soit la maladie dont il souffre.
Crise scientifique
La guerre contre le cancer est perdue! C'est le constat fait
par la communauté scientifique internationale. Après
trente ans de lutte acharnée, ce mal fait toujours des
milliers de victimes de par le monde.
La guerre engagée voilà onze ans contre le Sida
serait-elle en train de suivre le même chemin? La science
a-t-elle perdu ses pouvoirs? Ou est-elle en train de payer les
erreurs de ses illustres prédécesseurs, Louis Pasteur
et Robert Koch, qui ont posé les bases de la virologie,
en désignant les virus comme étant la cause de tous
nos maux.
Mais n'est-ce pas aussi notre médecine qui est en cause?
En prônant l'utilisation massive des antibiotiques durant
ces quarante dernières années, n'a-t-elle pas contribué
à détériorer notre santé? C'est en
tous cas l'avis du Professeur Montagnier, qui affirme qu'une telle
pratique nous a rendu vulnérables à des virus restés
jusque là inoffensifs.
Les sommes colossales investies dans la recherche, la pression
exercée par les investisseurs à l'affût de
résultats, et la starisation des chercheurs par les médias,
ont définitivement changé le visage de la recherche
scientifique. La science aurait-elle perdu son âme, et succomber
au pouvoir et à l'argent, au point de ressembler à
la politique?
Djamel Tahi.
Email : djameltahi@hotmail.com
Note de Webmaster.
Le documentaire "SIDA : LE DOUTE" fut la pièce
maîtresse d'une soirée sur ARTE à ce sujet
début 1996. La discussion qui suivait l'émission
fut paraîné par Prof Montagner. Aucune des questions
soulevées par le film reçurent une réponse...
La santé mentale du Prof Duesberg fut mise en question...Les
survivants à long-terme et d'autres critiques présents
sur le plateau furent muselés - à la demande de
- Prof Montagnier ! M.G.
"SIDA : LE DOUTE", documentaire de Djamel Tahi, fut la
pièce maîtresse d'une soirée sur ARTE à
ce sujet début 1996.
Découvrez la page Internet d'ARTE : http://www.lasept-arte.fr/fr/fiche/sidadout.htm
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