L'histoire secrète du VIH.
par Bryan J. ELLISON
Article publié en RETHINKING AIDS (REPENSER
LE SIDA)
Volume 1, N° 9 - janvier/février 1994
Les articles de Bryan ont toujours su nous étonner mais aucun
n'avait encore fait de révélations aussi explosives: l'administration
de la Santé publique américaine, ainsi que les agences para-gouvernementales
et les associations soi-disant indépendantes sont infiltrées
par des idéologues dogmatiques avides de pouvoir ; l'ensemble de
la politique de santé publique de notre pays court ainsi au désastre.
Le texte qui suit est un extrait du nouvel ouvrage que Bryan a écrit
en collaboration avec Peter Duesberg : "L'invention du Sida".
C'était, à l'origine, la maison Addison-Wesley qui devait
le publier, mais, au dernier moment, la peur les à contraint à
faire machine arrière. St. Martin a pris le relais. Le livre doit
sortir courant août. Nous aurions aimer en prendre connaissance
avant, mais il semble que cela ne sera pas possible. Ce qui est certain,
en revanche, c'est qu'un tel ouvrage ne peut manquer de susciter de vives
réactions, positives ou négatives. En ce qui vous concerne,
n'hésitez pas à nous faire part de votre opinion.
En dépit de toutes les déclarations publiques,
la recherche sur le sida continue à s'investir toute entière
sur un seul objet : le virus VIH. Sans l'avoir cherché,
Peter Duesberg nous a fourni la preuve de ce boycott des recherches
alternatives. Il a récemment déposé une demande
de fonds au National Institute on Drug Abuse (Institut national
de recherche sur la toxicomanie). Le chef du département
de recherche clinique sur le sida de cet institut avait accordé
son appui personnel à ce projet qui devait tester sur des
souris les effets à long terme de la consommation de nitrite
d'amyle, plus connu sous le nom de "poppers". La réponse
parvint en décembre : malgré l'appui du chef de
département, les consultants anonymes chargés d'examiner
le dossier ont refusé son financement, sans même
lui accorder l'attention de rigeur.
Ainsi, le "politiquement correct" continue d'exercer
sa tyrannie dans la guerre contre le sida. Et ce, en dépit
du fait qu'aucune vie humaine n'a été sauvée
par l'arsenal officiel et que le taux de mortalité s'accroit
régulièrement. Les prédictions des scientifiques
ont été tournées en ridicule par la réalité.
La pandémie du sida dont on nous annonçait qu'elle
allait frapper l'ensemble de la population est restée une
épidémie strictement confinée aux groupes
dits à risque. 90% des victimes du sida sont des hommes
et 90% de l'ensemble des victimes sont de forts consommateurs
de drogue, soit par intraveineuses soit par inhalations dans le
cas des homosexuels à partenaires multiples, utilisant
les poppers . Les épidémiologistes n'ont
pas réussi non plus à démontrer qu'une épidémie
frappe les transfusés. Mieux encore, chaque cas individuel
de sida prend une forme spécifique selon les groupes à
risque. Les homosexuels sont affectés par le syndrome de
Kaposi, tandis que la pneumonie à Pneumocystis Carinii
épargne systématiquement les Africains dont les
poumons contiennent pourtant le microbe. Ainsi 39% des cas de
sida dénombrés aux Etats Unis ne sont en rien causés
par une déficience immunitaire, en cas de syndrome de Kaposi,
de lymphomes divers, de consomption ou de démence, pour
donner quelques exemples. En clair, le sida n'est pas une maladie
contagieuse !
L'obsession du "virus du sida" n'est nullement fondée
sur la science ou la médecine. Dans un article paru dans
Nature du 21 juin 1991, le chercheur britannique Robin
Weiss et un fonctionnaire américain du CDC (Centers for
Disease Control) Harold Jaffe, attaquaient Peter Duesberg. La
nature de leur attaque nous permet de comprendre le vrai sens
de cette obsession du virus. "Cet homme (Peter Duesberg)
qui remet en cause la nécessité du préservatif
et du safe sex, voudrait nous voir abandonner le dépistage
du VIH au cours des dons de sang et mettre un terme à la
recherche du vaccin contre le sida et des médicaments anti-viraux
: c'est donc un homme dangereux", disaient-ils. Dangereux,
certes, mais pour qui ? Si le sida n'est pas contagieux, appliquer
les consignes de Peter Duesberg épargnerait aux citoyens
bien des angoisses et des dépenses.
C'est sans doute là le noeud du problème. En
1989, le National Research Council publiait un rapport qui révèle
plus explicitement ce qui se trame derrière l'hypothèse
VIH = sida. Financé à l'origine par la Fondation
Rockefeller et Russel Sage, puis subventionné par le Ministère
de la santé publique, ce rapport Sida : comportement
sexuel et toxicomanie par voie intraveineuse exposait les
grandes lignes d'un vaste plan de modification des comportements
sociaux, de "marketing social", le tout sous couvert
de prévention du sida. "Lorsqu'une communauté
subit le choc dévastateur d'une épidémie
il peut s'en suivre une forte réaction sociale et politique,"
notait benoîtement le comité de rédacteurs.
Pour contrer une épidémie et parer à la propagation
de la maladie et de la mort, la communauté doit se mobiliser
rapidement" (p. 373). Cette modification forcée des
valeurs culturelles d'une société nécessite
un levier : la manipulation habile de la peur. "Idéalement,
tout message à caractère sanitaire devrait faire
comprendre à chaque individu qu'une menace pèse
sur lui et souligner les moyens d'y faire face, modulant ainsi
le niveau de peur... Nous ignorons encore quelle est la meilleure
façon de procéder pour créer une peur adéquate
chez les différents publics. Afin d'améliorer notre
technique de communication, nous devons tester différentes
campagnes d'information sur le sida ; chaque campagne doit être
soigneusement conçue et l'évaluation de son impact
doit être notée avec la plus grande précision,"
nous dit froidement le comité de rédacteurs (pp.
267-8).
Agence au budget annuel de deux billions de dollars, le
CDC emploie des milliers de fonctionnaires persuadés d'avoir
une mission : contrôler et modifier le mode de vie de la
population au moyen des épidémies.
Le rapport donne ensuite l'identité d'une des cibles
qu'il faut absolument détruire : les valeurs morales judéo-chrétiennes.
"Les Etats-Unis ont une tradition historique de rejet de
tout discours explicite sur la sexualité. En dépit
de tendances récentes à une plus grande tolérance
envers un discours public sur la sexualité, tendances dont
les média et la littérature se font l'écho,
ce rejet demeure une valeur fortement ancrée dans la majorité
de la population. Cette réticence se manifeste avec force
chez toutes les instances chargées de l'éducation
des enfants et des adolescents" (p. 379). On comprend aisément
que la crainte d'une prétendue épidémie de
sida soit à même de mettre un terme à cette
réticence comme le dit sans ambage le rapport, "le
comité est convaincu qu'en période d'épidémie,
la politesse est une vertu sociale qui doit céder le pas
à la protection de la vie" (p. 379).
D'autres responsables de la santé publique se sont montrés
encore plus nets dans leurs propos. Fonctionnaire du Centers for
Desease Control, Donald Francis fut celui qui conçut en
1984, la stratégie du programme sida de cette agence. En
1992, il prononça dans les locaux du bureau d'Atlanta,
(quartier général du CDC, en Géorgie) son
discours de départ en retraite. Il exprima clairement les
ambitions qui animent ses collègues en décrivant
"la chance que représente l'épidémie
de sida pour la santé publique" (JAMA, 9-16-92). C'est
sans détours qu'il explicitait la nature de son plan :
"Nous devons rejeter la prudente réserve des temps
anciens. Le climat d'idées et les valeurs culturelles doivent
être ouvertement discutées pour attaquer les vieilles
valeurs. S'il y a, parmi vous, des partisans du statu quo,
ils feraient mieux de chercher à s' employer ailleurs !
Le programme américain de lutte contre le VIH doit attirer
à lui les meilleurs et les plus brillants. C'est là
qu'il se passe quelque chose, là que s'écrit l'histoire.
Le sida est l'épidémie du siècle et chaque
vrai professionnel doit avoir à coeur de prendre part à
l'action."
L'action dont parle Francis est un ensemble de programmes
dont le contenu - s'il venait à être révélé
- provoquerait un tollé général chez nos
concitoyens. Il faudrait de fortes pressions politiques pour calmer
les contribuables et les électeurs en colère. Par
exemple, Francis attaque violemment l'opposition du grand public
aux politiques de distribution de préservatifs et il demande
que le gouvernement prenne des mesures légales pour outrepasser
l'autorité des parents. "Toutes ces controverses sur
la chasteté et les préservatifs sont un bon exemple
de l'enlisement dans lequel tombent les écoles, se plaint
Francis. Si, comme le soutiennent des experts plus qualifiés
que moi, les écoles sont incapables de mettre sur pied
de tels programmes, c'est au Ministère de la santé
de s'en charger, au nom de son mandat, la protection de la santé
publique."
Parmi les mesures de prévention qu'il proposait, Francis
avait aussi prévu de s'attaquer au sida provoqué
par l'usage de drogues par voie intraveineuse. Il suggérait
donc que "les drogues soient prescrites sur ordonnance",
le tout financé par l'état fédéral.
Même les libéraux qui préconisent la légalisation
de la drogue reculeraient devant de telles perspectives, dont
le résultat le plus certain serait la mise en place d'une
bureaucratie massive d'encouragement à la toxicomanie.
"Adopter un modèle plus progressiste de lutte contre
la toxicomanie, y compris la délivrance d'héroïne
sur prescription médicale, permettrait d'enrayer de façon
significative la progression du VIH tout en mettant un terme à
toutes les activités illégales qui tournent autour
de la drogue", soutient-il, non sans savoir que l'opinion
publique n'accepterait de telles mesures que sous l'effet de la
panique causée par la soi-disant épidémie
de sida. Francis allait même plus loin. Refusant de tenir
compte des effets toxiques des drogues, dont on sait qu'elles
causent le sida, il déclare : "En plus du traitement,
il faut prévoir des injections saines (sic !) pour ceux
qui font partie du programme de traitement comme pour ceux qui
n'en font pas partie. Approvisionner les toxicomanes en équipement
d'injection stérile devrait être un des objectifs
de la politique de santé du gouvernement de notre pays."
Perspective encore plus angoissante, Francis envisage l'éventualité
de mettre sur pied le même type de scénario pour
d'autres épidémies. "Si nous réussissons
à mettre sur pied de nouveaux mécanismes pour contrôler
l'épidémie de sida, ils pouront servir de modèles
pour d'autres maladies."
Ce plan, et d'autres du même genre, sont tous l'oeuvre
des services de santé du gouvernement fédéral,
et plus précisément de son bataillon de choc, le
Centers for Disease Control. Pour le grand public, le CDC n'est
qu'un bureau obscur qui collecte et publie d'ennuyeuses statistiques
sur les maladies. La vérité est tout autre. Agence
au budget annuel de deux billions de dollars, le CDC emploie des
milliers de fonctionnaires persuadés d'avoir une mission
: contrôler et modifier le mode de vie de la population
au moyen des épidémies.
Traditionnellement, les maladies contagieuses sont la spécialité
de CDC. A l'origine, les initiales CDC signifiaient "Communicable
Disease Center" (Centre d'étude des maladies contagieuses)
et ce depuis 1946, date de sa fondation, jusqu'en 1970, année
de son changement de nom. C'est le mot contagieuses qui
résume le problème, en effet, cette organisation
a tendance à interprêter toute éruption de
maladies comme contagieuse. Et de fait, le CDC ne manque pas matériel
de travail à interprêter. Il se déclare annuellement
plus d'un milliers de foyers d'éruption de maladies, un
toutes les huit heures. Il peut s'agir de grippe ou de pneumonie
ou même de cancers se déclarant dans un périmètre
restreint, mais chacune de ces éruptions de maladies ne
frappe en général qu'une petite poignée de
personnes. Depuis la fin de l'épidémie de polio,
aucune grande épidémie n'a présenté
un véritable danger public. Mais le CDC est prompt à
qualifier d'épidémiques ces petits foyers de maladie
et plus prompt encore à les attribuer à un virus
ou à un microbe, créant ainsi des mouvements de
panique propres à mobiliser l'action politique en faveur
des scénarios qu'il propose.
Au cours des quarante dernières années, le CDC
n'a pas hésité à provoquer un grand nombres
de fausses alarmes et de campagnes inutiles, réduisant
si nécessaire au silence la contestation de scientifiques
appelant à une vision plus pondérée. Le sida
n'est pas la première épidémie que le CDC
manipule mais c'est celle qui lui a assurée son plus gros
succès. Deux armes puissantes ignorées du grand
public ont permis cette réussite. Il s'agit d'une part,
d'une branche quasi secrète du CDC dont le nom est Epidemic
Intelligence Service (EIS), Service de Contre-espionnage des Epidémies
; et d'autre part, d'un programme de partenariat discret avec
le secteur privé.
L'Epidemic Intelligence Service
Les épidémiologistes qui n'en sont pas membres
ont baptisé avec ironie l'EIS la "CIA médicale".
Fondée en 1951 par le professeur en santé publique
Alexander Langmuir, l'EIS fut d'abord conçue comme le corps
d'élite de défense chimique et bactériologique
du CDC. Langmuir fut choisi pour ce poste parce qu'il avait été
l'un des conseillers techniques du programme de guerre biologique
et chimique du Ministère de la guerre.
La première promotion de l'EIS comprenait vingt et un
diplômés en médecine ou en biologie. Formation
et entraînement intensif de plusieurs semaines eurent lieu
au quartier général du CDC à Atlanta. Après
quoi, les vingt et un nouveaux soldats du CDC furent affectés
à des postes divers dans des services de santé publique
locaux ou nationaux. Devenus l'oeil et l'oreille du CDC, leur
fonction était d'enregistrer toute éruption possible
de maladie éventuellement engendrée par la guerre
bactério-chimique. Pendant leurs tournées d'inspection,
chaque officier de l'EIS était susceptible d'être
envoyé sur une nouvelle mission dans les vingt-quatre heures.
En cas de guerre, ces officiers étaient habilités
à prendre des mesures d'urgence et avaient les pleins pouvoir
du CDC : ils pouvaient ordonner des quarantaines, des vaccinations
de masse ou tout autre mesure aussi draconiennes.
Dans un article écrit pour le American Journal of
Public Health en mars 1952, Langmuir ne cachait pas que les
officiers de l'EIS n'étaient nullement dégagés
de leurs obligations après leurs deux ans de service actif
; ils demeuraient officiers de renseignement à vie. Langmuir
écrivait en effet : "L'expérience qu'ils ont
acquise permettra certainement à ces officiers de continuer
leur travail dans le domaine de l'épidémiologie,
ou tout autre domaine de santé publique, que ce soit dans
des institutions fédérales, nationales ou locales.
Certains rejoindront probablement la vie civile, comme enseignant
ou comme praticien, mais ils reprendraient le service actif en
cas de guerre, comme membres du Ministère en charge de
domaines stratégiques afin de remplir les fonctions pour
lequelles ils ont été formés."
Depuis 1951, chaque année voit éclore une nouvelle
promotion de recrues de l'EIS et certaines promotions dépassent
la centaine. Ces quelques deux mille officiers occupent des positions
importantes dans la société, le plus souvent sans
faire état de leur appartenance à l'EIS. Ces derniers
temps, en fait, le CDC opère plus que jamais dans l'ombre
car la liste des membres directeurs n'est plus accessible au public.
On trouve des officiers de l'EIS dans les bureaux du Surgeon General
ou dans d'autres secteurs gouvernementaux, ou dans des instances
internationales comme l'OMS, sans parler des universités,
des compagnies pharmaceutiques, des fondations sans but lucratif
et des hôpitaux mais aussi comme rédacteurs, journalistes
ou échotiers dans des journaux d'intérêt général,
des publications scientifiques ou à la télévision.
Lorsqu'ils occupent de telles positions, les officiers de l'EIS
ne sont pas que l'oeil et l'oreille ou l'armée de réserve
de l'EIS, ils jouent aussi le rôle de défenseurs,
apparemment indépendants, pour mieux soutenir les
politiques du CDC.
Avec le temps, la peur des épidémies provoquées
par une éventuelle guerre bactériologique s'est
atténuée. Mais Langmuir et les autres dirigeants
du CDC ont toujours eu des plans plus importants pour l'EIS. Par
exemple, Langmuir a soutenu les campagnes de contrôle des
naissances animées par Margaret Sanger dans les années
60. Mais c'est cependant dans le domaines des épidémies
naturelles que le CDC a remporté ses plus grands succès
grâce à l'activité des détectives de
la contagion que sont les officiers de l'EIS.
La grippe, qui est effectivement une maladie contagieuse, a
été une vraie bénédiction pour le
CDC. En dépit du fait qu'aucune épidémie
de grippe vraiment dangeureuse n'ait éclatée depuis
la grande épidémie de l'hiver 1918, le CDC a réussi
à imposer chaque année une campagne de vaccination
anti-grippale. Il est même arrivé que le CDC tire
le signal d'alarme en brandissant la menace d'une épidémie
de grippe, menace toujours basée sur la grande peur de
1918, afin de déclarer l'état d'urgence et de lancer
des campagnes massives de vaccinations. Ainsi, en 1957, la grippe
asiatique permit au CDC de faire usage de ses tactiques habituelles
et d'extorquer au Congrès des fonds importants afin d'augmenter
le nombre des officiers de l'EIS et de produire au plus vite un
vaccin de masse. Mais la grippe est saisonnière et l'épidémie
était déjà en plein reflux lorsque le vaccin
fut disponible. Quant à la grippe, elle se révéla
aussi peu dangereuse que les épidémies précédentes.
En 1976, le directeur du CDC David Sencer voulut procéder
à un autre essai mais à plus grande échelle,
cette fois-ci. En janvier, un soldat de Pensylvannie était
mort d'une pneumonie grippale et Sencer prédit qu'un virus
d'origine porcine, baptisé virus de la grippe porcine allait
bientôt ravager les Etats-Unis. Terrorisé par ces
visions apocalyptique, le Congrès donna au CDC le feu vert
pour son plan d'immunisation de tous les habitants de ce pays,
hommes, femmes et enfants. Mais, ironie du sort, la loi d'immunisation
tourna court lorsque les compagnies d'assurance qui assuraient
le vaccin découvrirent qu'il causait de graves effets secondaires.
Sencer devait agir sans tarder. Il convoqua immédiatement
son conseil de guerre, dans la salle A au quartier général
du CDC, et mit en alerte tout le réseau de l'EIS. Leur
mission : débusquer tout ce qui pouvait ressembler de près
ou de loin à une épidémie de grippe. Dans
les semaines qui suivirent, le conseil de guerre reçut
une information exploitable. Un petit foyer de pneumonie s'était
déclaré chez des hommes qui venaient de rentrer
chez eux après un congrès de l'American Legion à
Philadelphie. Plusieurs officiers de l'EIS opérant à
Philadelphie avaient détecté l'éruption de
cette "épidémie". Ils remplirent leur
rôle de cinquième colonne d'une part en favorisant
la venue sur place du CDC mais aussi en exécutant les ordres
que leur donnèrent l'équipe de cadres de CDC et
de l'EIS arrivés sur place. Même le journaliste dépêché
par le New York Times, Lawrence Altman, était un
ancien de l'EIS !
L'équipe du CDC laissa volontairement filtrer des rumeurs
reprises par les médias : cette maladie du légionnaire
était le prodrome de la grippe porcine. Le Congrès
vota la loi de vaccination dans les jours suivants. Plus tard,
le CDC reconnut que les légionnaires n'avaient pas été
contaminés par le virus de la grippe, mais le programme
de vaccination poursuivit sa réalisation et on vaccina
environ cinquante millions d'américains. Les conséquences
? Plusieurs milliers de cas de paralysie et de destruction du
système nerveux, des dizaines de décès et
des procès en dommages et intérêts de plus
de 100 millions de dollars. Ironie suprême, aucune épidémie
de grippe porcine ne se manifesta. Les dommages provoqués
par le fantôme de grippe porcine furent l'oeuvre des seules
vaccinations du CDC.
L'agence attribua ensuite cette épidémie du légionnaire
à une bactérie très commune dans le sol,
bien que cette bactérie ne remplisse aucun des critères
de Koch et soit donc parfaitement inoffensive. La mort de ces
légionnaires n'est d'ailleurs pas bien difficile à
comprendre : la pneumonie avait frappé des hommes d'un
certain âge, dont beaucoup avaient déjà subi
des greffes de reins et qui avaient consommé de grandes
quantités d'alcool pendant le congrès - toutes conditions
idéales pour la pneumonie. La maladie du légionnaire
n'est en rien une nouvelle maladie contagieuse, c'est une nouvelle
appellation made in CDC de la bonne vieille pneumonie.
Le CDC employa les mêmes tactiques pour d'autres épidémies,
toujours grâce à son réseau d'anciens du EIS.
Dans les années 60 par exemple, l'EIS apporta tout son
soutien au programme de recherche du virus du cancer, très
en vogue à cette époque. En montant en épingle
tous les cas de leucémies qui se produisaient au même
endroit, l'EIS contribua à donner l'impression qu'un virus
pouvait être la cause du cancer. Robert Gallo fut l'un de
ces scientifiques séduit par les enquêtes du CDC
: il décida de consacrer le reste de sa carrière
à la recherche du virus de la leucémie.
Plus récemment, le CDC a réussi à faire
inviter une équipe d'officiers de l'EIS au Nouveau Mexique
pour enquêter sur un foyer d'épidémie de pneumonie
chez les Indiens Navajos. En juin 93, le CDC soutenait fermement
que cette éruption brève et très localisée
était causée par un virus présent dans les
excréments de rat, le Hantavirus. Mais dans son N 1 de
janvier, le Lancet démontra que la recherche du
virus avait été négative chez la plupart
des Indiens Navajos affectés par la pneumonie. Et, comme
pour bien démontrer qu'il ne s'agissait pas d'une épidémie,
la pneumonie ne fit d'autres victimes que les quelques douzaines
de malades initialement touchés. Une fois de plus, les
épidémiologistes détectives firent usage
d'un scénario éprouvé pour créer un
battage médiatique, plutôt que de consacrer leur
énergie aux méthodes scientifiques et à leurs
réponses sans panache.
De toutes les épidémies traités en dépit
du bon sens par le CDC, le sida s'avéra la plus profitable
en matière de succès politique. En 1981, l'EIS avait
si bien réussi à s'infiltrer dans toutes les institutions
médicales et de santé publique des Etats Unis, que
toutes les éruptions de maladies, même minimes, même
si les victimes n'étaient rassemblées ni par le
temps ni par l'espace, étaient étiquetées
par lui comme épidémies. Les premiers cas de sida
furent tous détectés chez des homosexuels à
partenaires multiples, ceux qui ont des centaines voire des milliers
de contacts sexuels et qui doivent consommer de grandes quantités
de drogues dures pour maintenir un tel activisme sexuel. Pour
le CDC, il suffisait de faire croire à une maladie contagieuse.
Jamais le grand public n'aurait pris peur d'une maladie frappant
des homosexuels toxicomanes et jamais le CDC n'aurait pu se livrer
à ses activités de manipulation sociale.
Selon le scénario officiel, l'épidémie
prit naissance en 1980 lorsque Michael Gottlieb, un immunologiste
nouvellement promu au centre médical de l'UCLA à
Los Angeles, eut l'idée de se servir de la toute nouvelle
technologie de comptage des cellules T. Il fit circuler auprès
de ses collègues une demande informelle afin qu'on lui
signale tous les cas de déficit immunitaire. Dans les quatre
mois qui suivirent, il reçut quatre rapports concernant
de tels cas : il s'agissait d'homosexuels de sexe masculin frappés
de pneumonie à Pneumocystis carinii. Persuadé
que le CDC ne pourrait manquer d'être intéressé,
il contacta l'officier local en exercice au bureau de santé
publique de Los Angeles, Wayne Shandera. Shandera avait un cinquième
rapport du même type, concernant également un homosexuel.
En reliant tous ces cas différents, il compila un rapport
pour le CDC.
Normalement, chacun de ces cinq cas particulier aurait dû
être traité par un médecin particulier, sans
que jamais l'idée d'épidémie n'effleure personne.
Mais la présence sur place d'un agent de l'EIS a certainement
aidé le CDC à rassembler ces cas disparates pour
les faire apparaître comme un foyer d'épidémie.
La rapport Shandera atterrit sur le bureau de James Curran, un
des responsables de la division vénérienne du CDC.
Un livre publié en 1987 "And The Band Played On"
nous rapporte, page 67, que Curran écrivit en marge du
rapport le commentaire suivant : "Hot stuff. Hot stuff",
c'est-à-dire "Sensationnel. Sensationnel." Il
le fit immédiatement diffuser par l'agence.
Le 5 juin 1981, le rapport était publié et Curran
avait déjà mis sur pied une équipe spéciale
chargée de détecter les cas de syndromes de Kaposi
et d'infections opportunistes, l'équipe KSOI qui devait
commencer par une enquête sur les cinq premiers cas collectés.
Deux autres membres de l'EIS, Harold Jaffe et Mary Guinan, tous
deux officiers de la section vénérienne, étaient
chargés d'encadrer l'équipe spéciale d'enquête.
Leur premier travail fût de trouver un maximum de cas semblables
aux cinq premiers afin de prouver que l'épidémie
se répandait. Il fallait ensuite trouver une explication
à cet ensemble de symptômes. Pour le CDC, l'explication
devait être un agent infectieux. Tâche ardue s'il
en fût, puisque dès le début, les différents
malades avaient reconnu faire grand usage des poppers ,
une drogue utilisée par les homosexuels pour favoriser
les rapports sexuels par la voie anale. Le fait est que la toxicité
de cette drogue constitue une explication évidente de l'état
des patients, mais le CDC n'avait pas la moindre intention de
laisser la réalité gâcher ses plans. Pour
citer l'historienne Elisabeth Etheridge : "Bien que les malades
aient été des utilisateurs réguliers d'amyl
nitrite ou poppers , aucun des membres de l'équipe
KSOI ne voulut admettre que le problème était d'origine
toxicologique." (Sentinel for Health, 1992, p. 326).
L'EIS se mit en campagne pour prouver que le sida est contagieux.
L'officier EIS David Auerbach confirma que ces homosexuels à
très multiples partenaires étaient reliés
les uns aux autres par une longue chaîne de relations sexuelles.
Afin de prouver que le sida s'étendait à d'autres
types de population, les officiers de l'EIS firent le tour des
hôpitaux pour dénicher des héroïnomanes
atteints d'infections opportunistes, tout en soutenant que l'épidémie
se répandait à cause du partage des seringues et
non à cause de l'héroïne elle-même, en
dépit du fait qu'il est bien connu que l'héroïne
est un des facteurs de risque classique de pneumonie et de bien
d'autres infections. Bruce Evatt et Dale Lawrence, tous deux membres
de l'EIS, découvrirent au Colorado un hémophile
atteint d'une pneumonie opportuniste qui était l'effet
secondaire d'hémorragies internes et décidèrent
que c'était un cas de sida. Même des Haitiens vivant
en Floride ou à Haiti même furent interrogés
par l'officier de l'EIS Harry Haverkos qui décréta
que la tuberculose endémique qui les affectait était
une autre forme de sida.
Loin d'imaginer les pièges cachés de cette enquête
de l'EIS, le grand public avala, sans sourciller, l'hameçon
et la ligne lancés par le CDC. Bientôt la compétition
fit rage entre les scientifiques : c'était à qui
indentifierait le premier le virus responsable du sida. Pourtant,
même cette recherche était truquée d'avance.
Donald Francis, membre de l'EIS depuis 1971, avait décidé
onze jours après la publication du rapport originel, le
rapport Shandera, que le syndrome baptisé sida devait être
attribué à un retrovirus - avec une longue période
d'incubation, qui plus est ! Mettant en oeuvre ses nombreux contacts
dans le domaine des retrovirus, Francis passa les deux années
suivantes à pousser Robert Gallo à isoler un nouveau
retrovirus. Gallo finit par se sentir intéressé
et prit son brevet pour avoir découvert le VIH.
Pendant sa conférence du 23 avril 1984, Gallo apporta
la touche finale à la croisade entreprise par le CDC et
l'EIS. Flash des appareils photos, vrombissement des caméras,
micros et magnétos : la nation entrait en guerre contre
le sida, poussée par Robert Gallo et le Ministre de la
santé Margaret Heckler. Très peu nombreux ceux qui
connaissaient la véritable histoire cachée derrière
cette conférence et le programme de manipulations socio-politiques
que Don Francis et les autres maffieux avaient mis au point pour
tromper le peuple américain.
Le programme de partenariat
Afin d'assurer le succès de ses manoeuvres de mobilisation
de l'opinion publique, le CDC dispose d'une seconde arme d'importance
: son progamme de partenariat avec des organismes privés.
En accordant des fonds ou tout autre support à des organismes
apparemment indépendants du CDC, l'agence peut créer
des mouvements de masse spontanés . Diverses personnes
se proclamant représentants de telle ou telle communauté
peuvent ainsi recommander des politiques en tous points semblables
à celles de l'agence, ce qui permet à celle-ci de
rester tranquillement en coulisse et d'esquiver la critique directe.
C'est en 1984 que le CDC lança ses premiers projets
de partenariat, basés sur des "accords de coopération"
avec un bon nombre d'organisations "représentatives"
dans le but d'"éduquer le grand public" - c'est-à-dire
de l'endoctriner - en matière de sida. Au départ,
les fonds étaient répartis lors de la Conférences
des Maires des Etats-Unis, qui attribuait l'argent à un
réseau grandissant d'activistes anti-sida. En 1985, le
CDC a fait plus d'un million de dollars de don aux gouvernements
des états, ne manquant pas de modifier leur conception
du sida.
En 1986, l'argent se mit à couler à flot et l'influence
du CDC s'en trouva accrue. La Croix Rouge Américaine reçut
à elle seule dix neuf millions de dollars entre 1988 et
1991, bétonnant le contrôle exercé par le
CDC sur les institutions médicales. L'argent afflua aussi
vers d'autres organisations : American Medical Association, National
Association of People with AIDS (Association nationale des malades
du sida), association qui opère comme centre de coordination
pour un grand nombre de mouvements activistes anti-sida ou de
droits des homosexuels, Americans for a Sound AIDS Policy (Américains
pour une lutte éthique contre le sida), association qui
diffuse du matériel de propagande mis au point par le CDC
dans les milieux évangéliques chrétiens,
National Education Association, qui regroupe une majorité
d'enseignants, National PTA, National Association of Broadcasters,
qui représente la plupart des stations de radios et des
chaînes de télévision, ainsi que leur réseau,
National Conference of State Legislatures, et encore des douzaines
d'autres... Même des groupes comme le National Urban League,
the National Concil of La Raza et le Center for Population Options
reçurent des dons et des avis techniques du CDC. L'existence
même de nombreux groupes de lutte contre le sida dépend
des subsides du CDC.
Le CDC a naturellement ses mécanismes de contrôle
afin de s'assurer que l'argent et l'aide technique qu'il distribue
sont bien utilisés comme il l'entend. Les associations
qui désirent se faire aider par le CDC doivent non seulement
remplir des dossiers d'inscription au questionnaire précis,
mais elles doivent aussi envoyer des cadres dans les bureaux du
CDC afin d'apprendre ce qu'on attend d'elles. Lors de ces rencontres,
le CDC prend contact en direct avec ceux qu'il va financer et
peut ainsi estimer leur valeur. Qui plus est, toute association
qui a reçu une aide du CDC se voit contrainte de soumettre
toute sa politique d'éducation contre le sida au contrôle
direct du CDC.
On comprend donc mieux pourquoi il existe une telle pression
pour faire admettre l'hypothèse VIH = sida et les scénarios
de manipulation sociale de l'agence.
Ainsi le CDC a persuadé le grand public que le sida
est contagieux, comme il l'avait fait par le passé pour
d'autres maladies non-contagieuses. Déstabilisés
par la peur, les citoyens acceptent les mesures radicales proposées
par l'agence. En temps normal, les programmes Sortez couverts,
le don d'aiguilles stériles, la toxicomanie subventionnée
par les impôts fédéraux, et autres desseins
du CDC, auraient été violemment rejetés,
tout comme les politiciens qui les soutiennent. Mais, avec la
peur qui les paralyse, nombreux sont les Américains qui
hésitent sur le parti à prendre.
La grande majorité ignore que toute cette campagne a
été orchestrée principalement par une seule
et unique agence du gouvernement fédéral, qu'il
ne s'agit nullement de décisions spontanées prises
par des experts indépendants ou des activistes. Comme il
l'avait prévu, le CDC a réussi à mobiliser
des scientifiques, des institutions médicales, des organismes
politiques, les médias et une foultitude déconcertantes
d'associations d'activistes pour défendre son scénario.
Ces groupuscules perdront toute crédibilité lorsque
l'opinion publique découvrira le maître d'orchestre
de toute cette campagne. Alors un scepticisme honnête se
répandra plus rapidement que ne l'a jamais fait le sida.
Des signes annoncent l'imminence du changement. Les mesures
de prévention préconisées par le CDC - préservatifs,
aiguilles stériles, remontée de la chaîne
de contagion et autres - ont failli à leur mission : le
sida poursuit sa progression. De même que cette politique
de prévention est reconnue pour ce qu'elle est, toujours
plus nombreuses sont les voix pour dénoncer l'hypothèse
VIH = sida. Le CDC présidera bientôt des séminaires
de recherche sur le VIH dont il sera le seul participant. A moins
que d'ici là, le Congrès n'ait aboli le CDC !
Traduit en 1996 par Françoise Louis et François
Baudry pour Mark Griffiths.
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