Les médicaments SIDA - l'épidémie Gai

Par Liam Scheff. 2ème partie

 

Prologue

En 1984, Robert Gallo a annoncé qu’un rétrovirus appelé VIH était la « cause probable » du SIDA.

Dans la première partie de « Débat sur le SIDA », des chercheurs spécialisés dans le SIDA ont fourni des données montrant avec certitude que les rétrovirus ne sont, en fait, pas dangereux pour les cellules, et qu’ils ne sont pas suffisamment actifs sur le plan biochimique pour induire une quelconque maladie, et encore moins les 29 maladies différentes listées par le Centers for Disease Control (CDC) comme définition du SIDA. Ces chercheurs affirment que le SIDA avait été correctement diagnostiqué au début des années 80 comme étant une maladie liée à un mode de vie, qui se caractérisait par des troubles immunitaires induits par l’utilisation massive de drogues, et par la malnutrition.

Dix ans après sa première annonce, Robert Gallo a tranquillement admis, à l’occasion d’une conférence du National Institute on Drug Abuse (NIDA) en 1994, que la première maladie définie comme étant spécifique du SIDA chez les homosexuels masculins, le sarcome de Kaposi, ne pouvait pas être causé par le VIH, mais que les dérivés nitrés appelés « poppers » devaient en être la principale cause. Les poppers étaient une drogue populaire, légale, et largement utilisée dans la communauté homosexuelle dans les années 70. Dans les années 70, les homosexuels masculins utilisaient couramment les poppers, ainsi que d’autres drogues mutagènes, et ce en quantité massive, juste avant l’apparition de la première épidémie de maladies liées au SIDA. Mais le spectre du SIDA n’a pas arrêté l’utilisation de ces mêmes drogues. De nombreux homosexuels masculins continuent à les utiliser à l’occasion de leurs rapports sexuels, y compris les poppers aux nitrites.

Maintenant, ils ajoutent à ce cocktail dangereux les médicaments toxiques contre le SIDA, et cela leur coûte la vie. Une étude nationale menée par le Dr Amy Justice, une spécialiste du SIDA de l’Université de Pittsburgh, a montré que l’insuffisance hépatique était maintenant la principale cause de décès chez les personnes séropositives pour le VIH qui prenaient des médicaments contre le SIDA. Alors que l’insuffisance hépatique n’a jamais été une maladie liée au SIDA, c’est le principal effet secondaire des nouveaux médicaments contre le SIDA, et le mieux connu.

A la conférence du NIDA en 1994, le Dr Gallo a dit que la thèse du Dr Peter Duesberg sur le SIDA en tant que maladie induite par les drogues devrait être prise en compte et étudiée. J’ai tenu compte de ce conseil de Gallo, et j’ai discuté avec Duesberg et avec deux autres personnes spécialisées dans le domaine de la santé, au sujet des premières personnes atteintes de SIDA, de la toxicomanie, et des nouveaux médicaments qui tuent aujourd’hui les personnes atteintes de SIDA.

Peter Duesberg est professeur de biologie moléculaire à l’UC de Berkeley. C’est un expert dans le domaine des recherches sur le VIH et de la rétrovirologie.

John Lauritsen est un journaliste et un historien homosexuel, qui enquête et écrit sur le SIDA depuis plus de 20 ans. En 1992, il a découvert, par le biais de Freedom of Information Act, des documents qui révélaient qu’un médicament toxique contre le SIDA, l’azydothymidine (AZT), avait été approuvé sur la base d’études médicales frauduleuses. Il a publié entre autres les livres « The AIDS war » (La guerre du SIDA), et « The early homosexual rights movement – 1864 to 1935 » (Le mouvement pour les droits des homosexuels – de 1864 à 1935).

Darren Main est un écrivain, un praticien de santé spécialisé dans la médecine holistique, et un éducateur en matière de SIDA. D’après la redéfinition du SIDA par le CDC en 1993, Main a le SIDA bien qu’il ne soit pas malade.Le mouvement pour les droits des homosexuels est devenu une force puissante au début des années 70, après des décades de répression et de violences vis-à-vis des homosexuels des deux sexes.


Liam Scheff : A quoi ressemblait la vie des homosexuels dans les années 70 ?

John Lauritsen : Les homosexuels masculins bénéficiaient d’un merveilleux sentiment de liberté au début des années 70. Après Stonewall (un tournant majeur dans la lutte pour les droits des homosexuels), le mouvement de libération des homosexuels a permis à des hommes, qui avaient été obligés de se cacher en raison des tabous culturels, de se montrer dans un nombre croissant de lieux gays. Nous avions là des hommes jeunes et en bonne santé qui se voyaient brusquement offrir cette fabuleuse liberté. Utiliser des tas de drogues et avoir de nombreux rapports sexuels faisait partie de cette liberté.

J’ai habité à New York de 1963 à 1995. J’y étais, en plein dedans. J’habitais à deux pas d’un club gay très populaire appelé The Saint. Certaines nuits, il pouvait y avoir jusqu’à 2000 hommes. La principale activité était la consommation de drogues variées : ecstasy, poppers, marijuana, quaaludes, MDA, cristal meth, LSD, cocaïne et autres drogues de synthèse. Certaines de ces drogues ne pouvaient être trouvées que là, comme celles qu’ils fabriquaient spécialement pour les nuits d’ouverture du club.

Dans des clubs tels que The Saint, il y avait un horaire pour les drogues. Quelqu’un disait : « Maintenant c’est l’heure de l’ecstasy, maintenant c’est l’heure du cristal, maintenant c’est l’heure du Spécial K », et des centaines de couples d’homosexuels prenaient tous la même drogue en même temps. C’était comme ça toutes les nuits. Ils mélangeaient ça avec de l’alcool, pendant toute une longue, longue nuit. Une drogue appelée « poppers » était constamment consommée, parce qu’elle était légale et bon marché.

L.S.: Qu’est-ce que c’est que les poppers ?

Lauritsen : Les poppers sont des nitrites à inhaler. Ces nitrites (amyl-, butyl- et isobutyl-) avaient divers effets qui les rendaient intéressants pour les jeunes homosexuels masculins. Utilisés pendant l’acte sexuels, ils prolongeaient l’orgasme et le rendaient plus intense. Certains hommes sont devenus incapables d’avoir des rapports sexuels ou même de se masturber sans en utiliser. Les poppers étaient utilisés pour faciliter la pénétration anale parce qu’ils abaissent la perception de la douleur et qu’ils relâchent les muscles de l’anus.

L.S.: Comment les utilisait-on ?

Lauritsen : On les utilisait de façon ubiquitaire. Ils étaient trouvés en petites ampoules, que vous pouviez ouvrir pour en respirer le contenu. Sniffer des poppers était la première chose que certains homosexuels faisaient le matin, on les utilisait aussi sur les pistes de danse, et à chaque rapport sexuel. Dans les discothèques gay, les hommes tournaient en rond avec un air hébété, avec leur ampoule de poppers sous le nez. L’odeur âcre des poppers était synonyme de lieu de rassemblement gay.

L.S.: Quel effet avaient les poppers sur la santé ?

Lauritsen : Les poppers sont extrêmement toxiques. Ils induisent des dommages neurologiques suite à des convulsions, des brûlures cutanées et une insuffisance cardiaque. Ils sont immunosuppresseurs, et provoquent des lésions pulmonaires. Des décès ont été constatés après une seule utilisation. Ils sont tellement efficaces comme poisons qu’ils ont été utilisés pour des suicides et des crimes. Les nitrites sont de puissants mutagènes, ce qui signifient qu’ils induisent des mutations génétiques et des changements cellulaires. Les nitrites produisent des métabolites toxiques lorsqu’ils sont pris en même temps que d’autres produits courants tels que les antihistaminiques, les antalgiques ou les édulcorants. A peu près tous les antibiotiques sont rendus fortement cancérigènes par les nitrites.

L.S.: Pourquoi étaient-ils légaux ?

Lauritsen : Les poppers étaient au départ fabriqués par Burroughs-Welcome Corp, et utilisés pour le traitement d’urgence de la crise d’angine de poitrine. Ils ont été remplacés par la nitroglycérine. Dans les années 60, seulement quelques homosexuels utilisaient les poppers comme drogue. Cet usage s’est répandu à l’occasion de la guerre du Vietnam, ils étaient vendus au marché noir aux soldats partis à l’étranger. Lorsqu’ils sont rentrés aux USA, ces soldats en ont gardé l’habitude. La constatation de pertes de connaissance, de céphalées, d’anomalies sanguines et de graves brûlures cutanées ont amené à reclasser ce produit.

Dans les années 70 et 80, la FDA a autorisé la vente libre des poppers sous le prétexte ridicule qu’ils étaient « des désodorisants ménagers ». A cette même époque, l’industrie du sexe gay en a fait une large publicité vers la communauté gay en tant qu’aphrodisiaques, sous les noms de « Rush », « Hard Ware » et « Ram ».

Les poppers étaient peu coûteux, du genre 2,99 $ la bouteille, et ils étaient extrêmement populaires. Chaque publication gay de cette époque était remplie de pleines pages couleur de publicité pour cette drogue. Dans les années 70, les poppers étaient une entreprise de 50 millions de dollars par an. Des revues gay comme « The Advocate » dépendaient en grande partie de la publicité pour les poppers pour leurs revenus ; certaines revues devaient leur existence à cete drogue. Les poppers étaient tellement populaires qu’il y a même eu une BD « Poppers ».

A la fin des années 70, certains de ces hommes jeunes et en bonne santé avaient l’air beaucoup moins jeunes et en bonne santé. Ils avaient l’air au bout du rouleau. Leur visage était gris. Ils avaient l’air de petits vieux. Je me rappelle avoir été à un festival à la fin des années 70, et avoir été choqué de voir à quel point nombre de ces hommes étaient sérieusement malades.

En 1983, j’ai commencé à travailler avec Hank Wilson, un activiste de Bay Area dans le domaine des droits des homosexuels, pour faire des recherches et écrire des articles sur les poppers. Nous avons commencé par écrire sur leurs dangereux effets secondaires médicaux, et nous avons été sérieusement attaqués pour l’avoir fait. La presse gay nous a traités « d’homophobes » et de « vendus » parce que nous avions critiqué un produit chimique.

Au début des années 80, les rapports médicaux sur le SIDA le considéraient comme une maladie liée à un style de vie. Le mode de vie « à 100 à l’heure » des homosexuels masculin se caractérisait par un usage intensif de drogues, et par de nombreux partenaires sexuels. Ces hommes souffraient fréquemment de maladies sexuellement transmissibles – syphilis, gonorrhée, chlamydia, infections intestinales, parasites - qu’ils traitaient avec des doses de plus en plus importantes d’antibiotiques, pris dès qu’ils pensaient avoir attrapé quelque chose. Certains médecins donnaient à leurs patients homosexuels des ordonnances renouvelables pour des antibiotiques, et leur recommandaient même parfois d’avaler quelques comprimés avant d’aller dans les bains publics. Un établissement de bains publics de New York vendait sous le manteau des antibiotiques au second étage, ainsi que toutes sortes de drogues des rues.

L’une des premières maladies reliées au SIDA a été le sarcome de Kaposi, qui consiste en une prolifération des vaisseaux sanguins, laquelle se manifeste cliniquement par l’apparition de plaques rouge foncé au niveau de la peau et du visage. Les médecins estimaient que les poppers de nitrites, qui sont des mutagènes connus, étaient la cause du sarcome de Kaposi (SK). Des scientifiques ont écrit à « The Advocate » pour prévenir des dangers des poppers, mais leurs courriers ont été rejetés ou ignorés.

La réaction de la communauté gay devant l’idée que l’utilisation chronique de drogues pouvait avoir un rapport avec la maladie a été un déni total. En 1983, The Advocate a publié une série de publicités qui défendaient les poppers. Cette série d’articles, sous le titre de « Plan pour la santé », affirmait mensongèrement que les études du gouvernement sur les poppers avaient montré qu’ils étaient sans danger, et que leur utilisation devait être considérée comme une façon saine de vivre pour les homosexuels. Cela au sujet d’une drogue pour laquelle le mode d’emploi spécifiait : « inflammable, mortel en cas d’absorption ».

Peter Duesberg : Le SIDA a été correctement diagnostiqué par le CDC entre 1981 et 1984. Ils l’ont identifié comme étant probablement une maladie liée à un mode de vie, avec utilisation abusive de drogues, et malnutrition. Le New England Journal of Medicine a publié 4 articles sur le style de vie faisant appel aux drogues de ce qu’on appelait à l’époque le GRID (Gay-Related Immune Deficiency) chez ces patients. Ce syndrome se caractérisait par des infections opportunistes, des pneumonies, et le syndrome de Kaposi.

Le facteur que toutes ces personnes avaient en commun était l’utilisation massive de drogues : amphétamines, inhalation de nitrites, cocaïne, héroïne. La théorie était simple. Ces hommes avaient passé 10 ans à détruire leur système immunitaire, et ils étaient maintenant sujets à toutes sortes de maladies infectieuses. Cette théorie était compatible avec la distribution non randomisée de la maladie.

Jusqu’à 1984, cela a été la seule hypothèse crédible. Mais quand le gouvernement a soutenu l’hypothèse du VIH, la théorie du mode de vie a été abandonnée, parce que tout l’argent a été dirigé vers la recherche rétrovirale. C’est comme ça que la science fonctionne : pas d’argent, pas de recherche.

Lauritsen : Les médias ont immédiatement soutenu l’hypothèse non démontrée de Gallo, et les services de santé ont suivi. Pendant 20 ans, virtuellement tous les fonds alloués par le gouvernement ont été attribués aux études sur l’hypothèse de Gallo selon laquelle VIH = SIDA, que rien n’avait démontré, tandis que le modèle fondé sur les drogues et la malnutrition a été ignoré.

En 1994, Robert Gallo a tranquillement admis que le SK ne pouvait pas être causé par le VIH. Mais cela n’a jamais été rapporté dans la presse grand public. A l’occasion de la conférence de 1994 du National Institute on Drug Abuse (NIDA), Gallo a dit, devant une salle de scientifiques et d’activistes, que le VIH ne pouvait pas être à l’origine du SK, qu’il ne l’avait même jamais trouvé dans les cellules T que le VIH est pourtant supposé tuer. Il a dit : « Je ne sais pas si je m’exprime clairement, mais je pense que tout le monde ici sait cela – nous n’avons jamais trouvé l’ADN du VIH dans les cellules tumorales des personnes atteintes de SK. Et en fait, nous n’avons jamais trouvé l’ADN du VIH dans les cellules T. Donc, en d’autres termes, nous n’avons jamais constaté que le VIH pouvait avoir un impact mutagène (cancérigène). »

Cela est totalement opposé à tout ce que Gallo avait jamais dit au sujet du VIH et du SIDA. Mais très peu de personnes ont prêté attention à cette rétractation. Le CDC l’a ignorée, et a continué à dire aux gens que le SK était une maladie liée au SIDA.

Quand on a demandé à Gallo ce qui, à défaut du VIH, causait le SK, il a dit : « Les nitrites (poppers) pouraient être le principal facteur » parce que « la mutagenèse » est « la chose la plus importante ». C’est une situation très embarrassante pour l’establishment du SIDA, et ils l’ont soigneusement dissimulée. L’une des deux maladies qu’on disait caractéristiques du SIDA est maintenant connue comme n’ayant absolument aucun rapport avec le SIDA ou le VIH.

Prenez n’importe quelle personne malade du SIDA – il y a de bonnes raisons pour expliquer que cette personne a attrapé cette maladie. Prenez un drogué à l’héroïne, qui présente une pneumonie ou une grave infection pulmonaire. C’est ce que la science a toujours attendu comme conséquence de la prise d’un excès d’opiacés, dans la mesure où les opiacés lèsent les poumons et abaissent l’immunité.

Si un homosexuel inhale des nitrites et développe un SK, la meilleure explication est qu’il a été affecté par les nitrites inhalés, et non par un agent infectieux. Les nitrites sont des drogues mutagènes qui affectent directement les vaisseaux sanguins. Il a été dit que les homosexuels qui présentaient un SK développaient des lésions autour des lèvres, de la bouche et du nez, les endroits les plus exposés à la drogue inhalée.

Duesberg : Les symptômes définissant le SIDA sont la diarrhée chronique, la démence, la perte de poids, et l’augmentation de la fréquence des infections virales et bactériennes. Ce sont exactement les symptômes que l’on rencontre chez les toxicomanes et en cas de malnutrition, mais personne n’a mis d’argent dans cette voie de recherche. A la place, des milliards de dollars ont été engloutis dans la bataille contre le SIDA à coup de médicaments toxiques tels que l’AZT et les inhibiteurs des protéases.

De nombreux américains prennent des amphétamines, des drogues pour maigrir, de la cocaïne, et des drogues vendues dans les dancings. Quand vous faites cela pendant des années, vous commencez à être malade. Vous allez chez le médecin, qui vous dit que la première chose à faire est un test de dépistage du VIH. Ce test est positif parce que les tests de dépistage du VIH ont des réactions croisées avec les anticorps fabriqués suite à l’utilisation des drogues. Le médecin vous met sous AZT, un terminateur de chaîne qui, à hautes doses, vous tuera en six mois. Je ne parle pas ici de la prise très occasionnelle d’une drogue récréative. Nous pouvons supporter de consommer pas mal de cochonneries, mais notre organisme n’est pas conçu pour tolérer la prise quotidienne d’un gramme de cocaïne ou d’héroïne ou de poppers, et il est encore moins capable de se débrouiller avec l’AZT.

L.S.: Qu’est-ce que c’est que l’AZT ?

Duesberg : L’AZT est un terminateur de chaîne d’ADN. L’AZT détruit l’ADN. Il détruit votre moelle osseuse, qui produit votre sang. Il tue les cellules de votre tube digestif et vous ne pouvez plus manger. L’AZT a été conçu il y a 40 ans pour la chimiothérapie anticancéreuse. Le principe d’une chimiothérapie est simple : tuer toutes les cellules. Si la chimiothérapie est efficace, les cellules cancéreuses meurent avant vous. Mais elle n’est pas souvent efficace, et les dommages collatéraux sont majeurs. Bien sûr, la chimiothérapie est un traitement à court terme. Un patient cancéreux est traité pendant une courte période, à cause de la toxicité du traitement. Mais les personnes souffrant de SIDA sont censées prendre de l’AZT tous les jours, probablement pendant le reste de leur vie.

L.S.: Comment un médicament aussi toxique a-t-il été approuvé pour le traitement de malades souffrant du SIDA ?

Lauritsen : L’AZT a été approuvé sur la base d’une étude frauduleuse. La phase 2 de l’étude sur l’AZT a été conduite par la FDA en 1986, et a été dirigée par Burroughs-Wellcome (maintenant Glaxo-Wellcome), qui fabrique ce médicament. Il est d’ailleurs intéressant de noter que Wellcome est aussi la firme qui fabrique les poppers aux nitrites pour les troubles cardiaques. Cette phase 2 était supposée démontrer que l’AZT était « efficace et sans danger ». Le rapport d’étude, publié en 1987, a affirmé que l’AZT abaissait considérablement le taux de mortalité des personnes atteintes de SIDA. Mais ces résultats étaient fondés sur une fraude.

L.S.: Quelle était cette fraude ?

L.S.: Lauritsen : Tout d’abord, l’étude n’était pas réellement en aveugle. Les médecins et les patients savaient qui recevait l’AZT et qui recevait le placebo. Dans une étude médicale, un groupe de patients reçoit le médicament, l’autre reçoit un placebo. Cela permet aux médecins d’évaluer l’effet du médicament en comparant les deux groupes. Dans une étude véritablement en double aveugle, ni les médecins ni les patients ne savent qui reçoit le médicament. Ce type d’étude est considéré comme étant la meilleure approche, celle qui présente le moins de biais, pour approuver un nouveau traitement pharmaceutique.

Dans cette étude de phase 2, tout le monde savait qui recevait de l’AZT. L’information avait été donnée aux médecins et aux patients. Les patients recevant le placebo voulaient recevoir de l’AZT parce qu’ils pensaient que cela les aiderait, alors ils en ont obtenu auprès d’autres patients, ou auprès de leur médecin traitant. Mais on les a laissés dans le groupe placebo.

Pire encore, le formulaire de rapport des cas a été falsifié. Des patients prenant de l’AZT et qui sont presque morts d’anémie ont été définis comme « n’ayant présenté aucun effet secondaire ». Ces patients ont subi de multiples transfusions sanguines pour leur sauver la vie (l’AZT induit une anémie parce qu’il détruit la moelle osseuse qui fabrique les cellules sanguines).

Un patient, qui était supposé être dans le groupe placebo, était en fait sous AZT prescrit par son médecin. Il est sorti de l’étude, mais a continué à prendre de l’AZT, et il est décédé peu après. Les auteurs de l’étude ont rentré ce décès dans le groupe placebo, comme si c’était le fait de ne pas prendre l’AZT qui l’avait tué. Si ce n’est pas de la fraude, alors on se demande ce qui peut bien l’être.

Et c’est sur la base de ces résultats qu’on a approuvé l’AZT et qu’on a commencé à le donner aux patients en 1987. Les hommes séropositifs pour le VIH sont devenus la cible d’une campagne publicitaire qui a coûté des millions de dollars à Wellcome. Des publicités en pleine page faisant la promotion de l’AZT sont parues dans le New York Times, et dans d’autres publications partout dans le monde. Les services de santé ont répandu l’idée selon laquelle l’AZT allait aider les gens à vivre plus longtemps.

Duesberg : Les médecins donnaient aux personnes séropositives pour le VIH des médicaments avant même qu’elles soient malades. A partir de 1993, les nouveaux critères du CDC avaient pour résultat qu’il n’était même plus nécessaire d’être malade pour être diagnostiqué comme ayant le SIDA. Si on était séropositif au test ELISA, qui n’est pas spécifique, et si on avait une seule fois un taux de cellules T inférieur à 200, le CDC affirmait que vous aviez les SIDA. Les médecins, sur la base de ces critères, prescrivaient des médicaments contre le SIDA à des personnes en bonne santé.

C’est ce que j’appelle le SIDA sur ordonnance. Imaginez que vous alliez voir votre médecin, et qu’on vous dit que vous êtes séropositif pour le SIDA. Vous êtes en parfaite santé, mais votre médecin vous dit que vous avez le SIDA parce que votre taux de cellules T est bas, et que vous feriez bien de prendre des médicaments pour stopper la progression de la maladie. Vous avez peur, vous ne comprenez pas bien, mais vous avez confiance en votre médecin, alors vous prenez les médicaments, qui détruisent votre tube digestif et votre système immunitaire. Vos cheveux tombent, vous devenez impuissant, et plus ou moins rapidement vous vous retrouvez avec la maladie que vous aviez essayé de prévenir. Et le médecin vous dit : « Si vous n’étiez pas venu me voir, ça vous serait juste arrivé 6 mois plus tôt. Je vous ai permis de vivre 6 mois de plus. »

Actuellement, comme il y a beaucoup de gens qui prennent de l’AZT, les médecins prescrivent des doses plus basses, ce qui retarde et rend moins visibles les dégâts faits à l’organisme.

L.S.: Qui prend de l’AZT ?

Duesberg : D’après le New York Times et Time Magazine, 45.000 américains prennent de l’AZT tous les jours de leur vie. De nombreux patients ne peuvent pas prendre les médicaments à cause de vomissements importants, mais ils essayent de suivre la prescription faite par leur médecin.

Lauritsen : 94% de tous les décès liés au SIDA sont survenus depuis que les gens ont commencé à utiliser l’AZT en 1987. Plus de personnes prenant de l’AZT sont mortes pendant la seule année 1993 que pendant les 6 premières années du SIDA.

L.S.: Est-ce que le SIDA a fait cesser l’utilisation des drogues récréatives ?

Lauritsen : Non, au début des années 90, les homosexuels masculins vivant à San Francisco et à New York en étaient revenus au taux de toxicomanie et à la promiscuité sexuelle qui sévissaient dans les années 70. En 1992, des milliers d’homosexuels ont assisté à une « morning party » (homonyme de "mourning party" - fête de la lamentation) sur Fire Island, organisée au bénéfice de la Gay Men’s Health Crisis. Au moins 95% d’entre eux en étaient à un stade avancé d’intoxication par l’ecstasy, les poppers, la cocaïne et l’alcool. L’auteur dramatique Larry Kramer a décrit la chose dans les termes suivants : « il y avait 4000 ou 5000 superbes gosses sur la plage, complètement défoncés en plein midi, qui passaient leur temps à rentrer et sortir des Sanisettes pour baiser. Tout ça au nom du GMHC. »

Darren Main : La prévalence de la toxicomanie est très élevée dans la communauté gay actuellement. Les grands festivals sont très populaires.

L.S.: Qu’est-ce que c’est que ces grands festivals ?

Main : Ce sont de grandes fêtes qui ont lieu dans des endroits spécifiques, comme la « White Party » à Palm Spring, ou la « Black and Blue » à Montréal. Des milliers de personnes y assistent. Cela représente 4 à 5 jours d’utilisation intensive de drogues dures, à un point que vous ne pouvez imaginer, cristal meth, ecstasy, spécial K, poppers, drogues maison.

L.S.: Les gens utilisent encore des poppers ?

Main : Absolument. C’est une vrai pharmacie. Ces types restent là pendant quatre à cinq jours, à prendre des drogues et en pleine orgie sexuelle. En plus de ces grands festivals, il y a d’autres fêtes régulières. De nombreux hommes passent leurs week-ends à aller dans des boîtes et à se défoncer. Pendant ces fêtes, les drogues sont fréquemment combinées avec des antibiotiques, parce que ces hommes sont constamment exposés à la syphilis, à la gonorrhée, à l’herpes, aux amibiases et aux diverses MST qui sont toutes en augmentation dans la communauté gay.

L.S.: Cela ressemble à la première crise du SIDA.

Main : En effet. Un tas de gens pensent qu’ils sont protégés vis-à-vis des infections parce qu’ils prennent les nouveaux cocktails médicamenteux contre le SIDA, baptisés HAART (highly active antiretroviral therapy – thérapie antirétrovirale hautement active). Les HAART sont une combinaison des vieux analogues des nucléosides comme l’AZT, le DDI et le 3TC, et des nouveaux inhibiteurs des protéases, comme le Saquinavir et le Crixivan. (Les analogues des nucléosides agissent en stoppant la fabrication d’ADN ; les inhibiteurs des protéases agissent en stoppant l’assemblage des protéines dans les cellules).

L.S.: Quels sont les effets secondaires courants des inhibiteurs des protéases ?

Main : Les inhibiteurs des protéases causent des lipodystrophies – des déformations graisseuses. Les graisses du corps partent du visage, des bras et des jambes, qui deviennent très maigres ; le visage devient squelettique. La graisse se collecte pour faire une « bosse de bison » sur le haut du dos. Le ventre devient distendu et bouffi. Et ça, c’est juste ce qui se voit. Ces médicaments induisent une augmentation massive du taux de cholestérol, qui est souvent à l’origine de crises cardiaques. Ils provoquent aussi souvent des troubles de la glycémie et des diabètes. Les inhibiteurs des protéases sont les produits qui ont la toxicité hépatique la plus importante. En conséquence, l’insuffisance hépatique est actuellement la principale cause de mortalité chez les personnes souffrant de SIDA dans ce pays, bien que ce ne soit pas une maladie liée au SIDA.

J’ai constaté que lorsque vous commencez à prendre ces médicaments, les premiers symptômes sont des maux d’estomac et de la diarrhée. Dans l’année, cela commencera à se voir à votre visage. Les personnes dont je sais qu’elles ont pris les médicaments pendant quelques années sont visiblement marquées. Il n’y a aucun moyen de savoir si le fait d’arrêter de prendre les médicaments pourra permettre de réparer les dégâts. A Los Angeles, Sans Francisco et South Beach, il y a des chirurgiens esthétiques qui se consacrent exclusivement à la liposuccion de ces bosses de bison, et à la pose d’implants dans les joues.

L.S.: Vous voyez en consultation des personnes chez qui on a diagnostiqué le VIH et le SIDA. Que leur disez-vous ?

Main : Je leur apprend comment reconstruire et renforcer leur système immunitaire à l’aide de choses très simples : avoir une alimentation saine, dormir suffisamment, supprimer les drogues et les stimulants, prendre des suppléments appropriés. Si une personne prend des médicaments contre le SIDA, je l’encourage à « faire une pause dans son traitement ».

De nombreuses personnes ont peur de cesser de prendre les médicaments ou de remettre en question ce que leurs disent les médecins et les laboratoires pharmaceutiques. J’ai un client que nous appellerons « Jack », dont le compagnon est décédé il y a une paire d’année suite à la toxicité des médicaments. Jack est séropositif pour le VIH et prend les médicaments. Il a présenté un effet secondaire sérieux à ces médicaments : il est devenu aveugle. Ses yeux ont cessé de fonctionner et ont commencé à s’autodétruire à cause des médicaments contre le SIDA. Les médecins qui le suivaient lui ont confirmé que sa cécité était indiscutablement provoquée par le cocktail médicamenteux, et pas par un quelconque virus ou une maladie du SIDA. Quand je l’ai rencontré, on venait juste de lui retirer les yeux. Il a maintenant des yeux en verre.

L.S.: Alors il a fini par arrêter les médicaments ?

Main : Non, il continue à les prendre. Je lui ai demandé s’il avait envisagé d’arrêter de les prendre. Il m’a répondu que non, parce qu’il ne se sent pas rassuré avec son taux de cellules T ou sa charge virale. Il préfère avoir perdu ses yeux que d’avoir arrêté les médicaments. Les inhibiteurs des protéases sont un peu moins toxiques que l’AZT, mais ils peuvent quand même être mortels. C’est juste une mort plus lente.

L.S.: Vous ne prenez pas ces médicaments alors qu’on vous a diagnostiqué comme ayant le SIDA. Comment vous portez-vous ?

Main : Parfaitement bien, je n’ai à ma connaissance aucun problème de santé. Je n’ai jamais eu d’infection opportuniste ou de maladie reliée au SIDA. On me dit que j’ai le SIDA à cause de mon taux de cellules T. Le mien est de 120. D’après le CDC, c’est la définition du SIDA : être séropositif pour le VIH et avoir un taux de cellules T inférieur à 200. Bien sûr, dans d’autres pays, je n’aurais pas le SIDA. C’est juste parce que c’est comme ça que le CDC définit le SIDA aux USA, et ce seulement depuis 1993. Mais je suis en parfaite santé, je fais de la varappe, de la randonnée, et je gagne ma vie en enseignant le yoga. A cause de mon diagnostic de SIDA, j’ai été harcelé par les médecins pour prendre les médicaments. « Frapper fort et frapper vite », me disent-ils.

D’après le Dr Amy Justice, de l’Université de Pittsburgh, des homosexuels meurent de prendre des médicaments contre le SIDA. Ils les prennent alors que la théorie du VIH est hautement contestable, et que d’autres alternatives de traitement existent.

L.S.: Pourquoi ces hommes acceptent-ils cette option de traitement si elle provoque tant de peines et de souffrances ?

Main : Si vous regardez de plus près l’histoire du mouvement gay, vous constaterez que le VIH et le SIDA ont, d’une façon assez ironique, rapproché les gens. Dans les premiers temps, le mouvement de libération gay consistait essentiellement en un groupe de types dont le principal objectif était de « faire la fête ». Lorsque les gens ont commencé à être malades, ces hommes, qui étaient rejetés par la majorité de la société, ont dû se soutenir les uns les autres. Ils ont pris soin les uns des autres et ont développé une réelle communauté. Ils se sont soutenus entre eux comme ils ne l’avaient jamais été par leurs propres familles ou par la société.

Le VIH et le SIDA sont devenus le ciment qui unissait ces personnes. Beaucoup de choses ont été investies dans le SIDA : des millions de dollars, des campagnes sur le SIDA, des milliers d’heures de bénévolat dans des centres communautaires, des emplois à temps plein, la création d’organisations, tout cela a été investi avec la notion que le VIH tuait les homosexuels. Il est très difficile pour les gens d’abandonner quelque chose dans quoi ils ont placé toute leur vie, leur cœur, leur âme et leurs convictions. C’est très difficile.

Ce serait bien que les homosexuels puissent trouver approbation, soutien et identité hors du VIH et du SIDA. Mais je pense que trop de gens sont trop attachés pour franchir ce pas. Ce qui est dommage, car cet attachement est en train de tuer de nombreuses personnes.

Il existe des organisations dont l’objectif est de traiter les maladies liées au SIDA sans utiliser les médicaments toxiques contre le SIDA. Pour une action et des traitements alternatifs, vous pouvez vous adresser à :

Dans la dernière partie de ce Débat sur le SIDA, nous passerons en revue le SIDA en Afrique : traiter la malaria et la malnutrition avec les médicaments mortels contre le SIDA.

Traduction F.R. 2004
Troisième partie
Afrique - Soigner la pauvreté avec des drogues toxiques

Liam Scheff, 2003
liamscheff@yahoo.com


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