Comprendre
l'Approche Centrée
sur la Personne
Voici cette
autre personne, mon client.
(Texte
de Carl Rogers)
J'ai un peu peur de lui, de pénétrer
ses pensées qui sont en lui, comme j'ai un peu peur des profondeurs
qui sont en moi.
Pourtant, en l'écoutant, je commence à
éprouver un certain respect pour lui, à sentir que nous sommes
parents.
Je devine combien son univers lui paraît
terrifiant, quelle tension il met à essayer de le contrôler.
Je voudrais sentir ses impressions, qu'il sache
que je le comprends.
Je voudrais qu'il me sache près de lui,
dans son petit univers compact et resséré, capable de regarder
cet univers sans trop de frayeur.
Je puis peut-être le lui rendre moins dangereux.
J'aimerais que mes sentiments dans ce rapport
avec lui soient aussi clairs et évidents que possible, afin qu'il
les reçoive comme une réalité discernable à laquelle
il pourra retourner sans cesse.
Je voudrais entreprendre avec lui cet effrayant
voyage en lui-même, au sein de la peur ancrée en lui, de la
haine, de l'amour qu'il n'a jamais réussi à laisser l'envahir.
Je reconnais que c'est un voyage très
humain, et imprévisible pour moi, aussi bien que pour lui, et je
risque, sans même savoir que j'ai peur, de me rétracter en
moi-même devant certains des sentiments qu'il découvre.
Je sais que celaimposera des limites dans
ma capacité à l'aider.
Je me rends compte que ses propres craintes
peuvent par moment l'amener à voir en moi un intrus, indifférent
et repoussant, quelqu'un qui ne comprend pas.
Je veux accepter pleinement ses sentiments
en lui, tout en espérant que mes propres sentiments éclateront
si clairement dans leur réalité qu'avec le temps, il ne pourra
manquer de les percevoir.
Et surtout, je veux qu'il rencontre en
moi une personne réelle.
Je n'ai pas à me demander
avec gêne si mes propres sentiments sont "thérapeutiques".
Ce que je suis et ce que je sens peut
parfaitement servir de base à une thérapie, si je sais "être"
ce que je suis et ce que je sens, dans mes rapports avec lui de façon
limpide.
Alors il arrivera peut-être à
être ce qu'il est, ouvertement et sans crainte.
Comment
puis-je établir une Relation d'aide
(Texte
de Carl Rogers)
traduction
Olga Kauffmann
sous-titres
: Yves Le Petit-Laborde
1
- Suis-je authentique ?
2
- Ai-je bien conscience de moi ?
3
- Suis-je capable de relations positives ?
4
- Ai-je la force d'être distinct ?
5
- Ai-je assez de sécurité intérieure pour laisser
l'autre libre ?
6
- Ma compréhension empathique : jusqu'où peut-elle aller
?
7
- Puis-je accepter l'autre tel qu'il est ?
8
- Puis-je lui apporter la sécurité dans notre relation ?
9
- Sans jugement ni évaluation ?
10
- Puis-je le voir "en développement" ?
11
- Conclusion
1
- Suis-je authentique ?
Puis-je avoir une
façon "d'être" qui sera profondément perçue
par l'autre personne comme digne de confiance, fiable ou conséquente?
La recherche et
l'expérience ont toutes deux montré que c'est très
important, et à travers les années, mes convictions me sont
apparues comme des moyens plus profonds et meilleurs pour répondre
à cette question.
J'avais l'habitude
de penser que si je remplissais toutes les conditions extérieures
de loyauté (maintenir les rendez-vous, respecter le caractère
secret des interviews, etc...) et si je me montrais conséquent
d'une façon constante durant les entretiens, alors les conditions
seraient remplies.
Mais l'expérience
m'a montré que, par exemple, pratiquer une acceptation conséquente,
alors qu'en fait je m'ennuyais ou j'étais sceptique, ou je ressentais
un autre sentiment non acceptant, était à coup sûr
perçu à la longue comme inconséquent et indigne de
confiance.
J'ai dû reconnaître
qu'être digne de confiance ne demandait pas que je sois conséquent
avec rigidité mais que je sois solidement authentique.
Le terme "congruent"
est un terme que j'ai pour décrire comment j'aimerais être.
Je veux dire par
là que quel que soit le sentiment ou l'état d'esprit que
je serais en train de vivre, il s'harmoniserait avec le conscience de cette
attitude.
Quand cela est vrai,
je suis alors une personne unifiée ou intégrée,
à ce moment là, et de ce fait, je peux "être", quoique
profondément "je sois".
C'est une réalité
sur laquelle je compte autant que les autres expériences.
2
- Ai-je bien conscience de moi ?
Une question étroitement
liée à celle-là est la suivante :
En tant que personne,
puis-je être suffisamment expressif de façon à communiquer
sans ambiguïté ce que je suis ?
Je pense que la
plupart de mes échecs pour réaliser une relation d'aide
peuvent remonter à des réponses non satisfaisantes à
ces 2 questions.
Quand je m'ennuie
avec une autre personne mais que j'en suis inconscient, ma communication
contient alors des messages contradictoires.
Mes mots font passer
un message, mais je communique également, par des moyens subtils,
l'ennui que je ressens et cela trouble l'autre personne et le rend plus
méfiant, quoiqu'il puisse également être inconscient
de ce qui provoque la difficulté.
Quand, en tant que
parent, ou thérapeute, ou enseignant ou administrateur, j'échoue
dans l'écoute de ce qui se passe en moi, à cause de mes propres
défenses à ressentir mes propres sentiments, alors ce genre
d'échec semble se produire.
Il m'est apparu que
la part importante de l'apprentissage fondamental pour quiconque espère
établir n'importe quel type de relation d'aide, est le fait qu'il
n'est pas dangereux d'être authentique avec transparence.
Si dans une relation
donnée, je suis raisonnablement congruent, si aucun sentiment en
rapport avec la relation ne reste caché; soit à moi, soit
à l'autre personne, alors je peux être presque sûr que
la relation sera une relation aidante.
Une façon
d'exprimer celaqui pourrait vous paraître étrange est que
si je peux établir une relation d'aide avec moi-même (si
je peux être conscient de mes émotions et les accepter),
alors il y a de grandes chances pour que je puisse établir une
relation d'aide avec l'autre.
Maintenant, accepter
d'être ce que je suis, dans ce sens, et le montrer clairement
à l'autre, est la tâche la plus difficile que je connaisse
et que je ne réalise jamais pleinement.
Mais, réaliser
que ceci "est" une tâche, a été très gratifiant,
parce que cela m'a aidé à trouver ce qui n'a pas été
dans des relations interpersonnelles qui devenaient houleuses, et de
les remettre à nouveau sur une voie constructive.
Cela signifiait que
si je veux faciliter le développement personnel des autres en
relation avec moi, alors je dois me développer et quoique ce
soit souvent douloureux, c'est également enrichissant.
3
- Suis-je capable de relations positives ?
Une troisième
question est la suivante : puis-je me laisser aller à vivre des
attitudes positives envers l'autre personne, attitudes de chaleur, d'attention,
d'affection, d'intérêt, de respect ?
Ce n'est pas facile.
Je trouve en moi-même, et je sens que je vois souvent dans les autres,
un certain degré de peur de ces sentiments.
Nous avons peur de
nous laisser piéger si nous nous laissons aller à vivre
librement ces sentiments positifs envers une autre personne.
Nous pourrions faire
l'objet d'exigences ou nous pourrions être déçus dans
notre confiance et nous craignons ces issues.
Alors, en réaction,
nous essayons de construire une distance entre nous et les autres : Raideur,
une attitude "professionnelle", une relation impersonnelle.
Je sens très
fortement que l'une des raisons importantes de la professionnalisation
dans tous les domaines, est que cela aide à maintenir la distance.
Dans le domaine médical,
nous formulons des diagnostics en considérant la personne comme
un objet.
Dans l'enseignement
et l'administration, nous développons toutes sortes de procédures
d'évaluation de façon à percevoir, à nouveau,
la personne comme un objet.
Par ces différents
moyens, nous pouvons, je pense, fuir la possibilité de vivre l'expérience
de "l'attention à l'autre" qui pourrait exister si nous reconnaissions
la relation comme existante entre deux personnes.
C'est une véritable
réussite quand nous pouvons apprendre, même dans certaines
relations ou à certains moments dans ces relations, qu'il n'est
pas dangereux de prodiguer l'attention, qu'il n'est pas dangereux d'établir
un rapport avec l'autre en tant que personne pour laquelle nous avons des
sentiments positifs.
4
- Ai-je la force d'être distinct ?
Une autre question
dons j'ai appris l'importance dans ma propre expérience, est la
suivante :
Puis-je être
suffisamment fort en tant qu'individu pour être distinct de l'autre
?
Puis-je être
un solide défenseur de mes propres sentiments, mes propres besoins,
aussi bien que des siens ?
Puis-je posséder,
et si le besoin s'en fait sentir, exprimer mes propres sentiments comme
quelque chose qui m'appartient, quelque chose de distinct de ses sentiments
?
Suis-je suffisamment
fort dans ma propre distinction pour ne pas être démoralisé
par sa dépression, effrayé par sa peur, ou englouti par sa
dépendance ?
Mon moi intérieur
est-il suffisamment robuste pour réaliser que je ne suis pas détruit
par sa colère, envahi par son besoin de dépendance, ni asservi
par son amour, mais que j'existe distinctement de lui avec mes propres
sentiments et mes propres droits ?
Quand je peux librement
sentir cette force d'être une personne distincte, alors je me rends
compte que je peux me laisser aller à le comprendre et l'accepter
beaucoup plus profondément parce que je n'ai pas peur de me perdre.
5
- Ai-je assez de sécurité intérieure pour laisser
l'autre libre ?
La prochaine question
est étroitement liée à la précédente
:
Suis-je en moi-même
suffisamment en sécurité pour lui permettre sa distinction
?
Puis-je lui permettre
d'être ce qu'il est :
Honnête ou
faux, infantile ou adulte, au désespoir ou trop sûr de lui
?
Ou ai-je le sentiment
qu'il doit suivre mon conseil, ou rester d'une façon ou d'une autre
dépendant de moi, ou se couler dans le même moule que moi
?
A ce propos je pense
au petit travail intéressant de Farson qui a montré que le
conseil le moins adéquat et le moins compétent tend à
induire la conformité à sa personne, à avoir des clients
qui se modèlent à son image.
D'autre part, le
conseil le plus adéquat et le plus compétent peut avoir
des interactions avec un client à travers de nombreux entretiens
sans interférer avec la liberté du client à développer
une personnalité tout à fait distincte de celle de son
thérapeute.
Je préféreraisêtre
dans cette dernière catégorie en tant que parent, superviseur
ou conseil.
6
- Ma compréhension empathique : jusqu'où peut-elle aller
?
Une autre question
que je me pose est celle-ci :
Puis-je me laisser
aller à m'introduire pleinement dans le monde de ses sentiments
et de ses significations personnelles et les considérer comme
il le fait ?
Puis-je plonger
dans son univers privé si totalement que j'en perds tout désir
de l'évaluer ou le juger ?
Puis-je y pénétrer
avec tant de sensibilitéque je puisse m'y mouvoir librement sans
piétiner des significations qui lui sont précieuses ?
Puis-je le sentir
avec tant d'acuité que je puisse non seulement comprendre les significations
de son expérience qui son évidentes pour lui, mais aussi
ces significations qui sont seulement implicites, qu'il perçoit
vaguement ou comme de la confusion ?
Puis-je étendre
cette compréhension sans aucune limite ?
Je pense au client
qui a dit :
"Chaque fois que
je trouve quelqu'un qui comprend une "partie" de moi sur le moment,
alors ça ne rate jamais, j'atteins un point où je sais
que je ne suis "pas" compris encore une fois.... Ce que j'ai cherché
si âprement, c'est quelqu'un à comprendre".
En ce qui me concerne,
je trouve plus facile de sentir ce type de compréhension, et
de le communiquer à mes clients individuels, plutôt qu'aux
étudiants dans une classe ou aux membres du staff d'un groupe
dans lequel je suis impliqué.
Il y a une énorme
tentation à tenir les étudiants "sérieux" ou à
pointer à un membre du staff les erreurs de son raisonnement.
Cependant dans ces
situations, quand je peux me permettre de comprendre, c'est mutuellement
gratifiant.
Et avec mes clients
en thérapie je suis souvent impressionné par le fait que
même un minimum de compréhension empathique - une tentative
hésitante et incorrecte d'appréhender la confuse complexité
de la situation du client - est aidante, bien que sans aucun doute,
cela aide beaucoup plus lorsque je peux voir et formuler clairement
les significations de son vécu qui, pour lui, ont été
confuses et embrouillées.
7
- Puis-je accepter l'autre tel qu'il est ?
Encore une autre
question, c'est de savoir si je peux accepter chacune des facettes
que me présente cette autre personne.
Puis-je l'accueillir
telle qu'elle est ?
Puis-je communiquer
cette disposition ?
Ou ne puis-je l'accueillir
que conditionnellement ouvert à quelques aspects de ses sentiments
et silencieusement ou franchement désapprobateur sur d'autres aspects
?
D'après mon
expérience, lorsqu'une attitude est conditionnelle, elle ne peut
alors développer ou changer les aspects que je ne peux pleinement
accueillir.
Et quand - plus
tard et souvent trop tard - j'essaye de découvrir pourquoi je n'ai
pas été capable de l'accepter à tous les égards,
je découvre généralement que c'est parce que j'ai
été profondément effrayé ou que je me suis
senti menacé par quelque aspect de ses sentiments.
Si je dois être
plus aidant, alors je dois me développer et m'accepter à
ces égards.
8
- Puis-je lui apporter la sécurité dans notre relation ?
La question suivante
soulève un problème très pratique :
Puis-je agir avec
assez de sensibilitédans la relation de façon à
ce que mon comportement ne soit pas perçu comme une menace ?
Le travail que nous
commençons à entreprendre en étudiant les concomitants
psychologiques de la psychothérapie confirme la recherche de Dittes
en indiquant combien facilement les individus se sentent menacés
au niveau physiologique.
Le réflexe
psychogalvanique - la mesure de la conductibilité de la peau - pique
du nez quand la réponse du thérapeute est juste un peu plus
forte que le sentiment du client.
Et, à une
phrase de ce genre "My, tu as l'air triste", l'aiguille bondit presque
hors du papier.
Mon désir
d'éviter d'être menaçant même à une si
petite échelle n'est pas dû à une hypersensibilité
vis-à-vis de mon client.
Il est simplement
dû à une conviction, basée sur l'expérience,
que si je peux le libérer aussi complètement que possible
de la menace extérieure, il peut alors commencer à vivre
et s'occuper des sentiments et des conflits qui l'habitent et
dont il se sent menacé.
9
- Sans jugement ni évaluation ?
Un aspect spécifique
mais important de la précédente question est celui-ci :
Puis-je le libérer
de la menace du regard évaluateur des autres ?
Dans presque toutes
les phases de notre vie - à la maison, à l'école,
au travail - nous nous sommes trouvés sous les jugements extérieurs
exprimés sous forme de récompenses et punitions :
"C'est bien", "c'est
vilain", "ça vaut un A", "c'est un échec", "c'est un bon
conseil", "c'est un conseil minable".
De tels jugements
sont une part de notre vie de l'enfance à la vieillesse.
Je pense qu'ils
ont une certaine utilité sociale dans les institutions et dans les
organisations comme les écoles ou les corps professionnels.
Comme chacun de nous,
je me suis trouvé bien trop souvent en train de faire de telles
évaluations.
Mais mon expérience
m'a montré qu'ils ne marchent pas pour le développement personnel
et de ce fait je ne crois pas qu'ils soient un élément de
la relation d'aide.
Curieusement, une
évaluation positive est à la longue aussi menaçante
qu'une négative, du fait que dire à quelqu'un qu'il est "bien"
vous donne aussi le droit de lui dire qu'il est "mal".
J'en suis donc arrivé
à sentir que plus j'arriverais à maintenir une relation
exempte de jugement et d'évaluation, plus cela permettraità
l'autre personne d'atteindre un point où il reconnaîtrait
que le lieu de l'évaluation, le centre de la responsabilité
réside en lui-même.
La signification
et la valeur de son expérience est en dernière analyse
quelque chose qui dépend de lui et aucun jugement extérieur
ne peut changer cela
Je préférerais
donc uvrer dans le sens d'une relation dans laquelle je ne suis
pas, même dans les sentiments qui me sont propres, en train de
l'évaluer.
Je crois que ceci
peut lui donner la liberté d'être une personne responsable
d'elle même.
10
- Puis-je le voir "en développement" ?
Une dernière
question :
Puis-je rencontrer
cet autre individu comme une personne dans un processus " de développement"
ou vais-je être limité par son passé et par mon passé
?
Si, dans ma rencontre
avec lui, je le considère comme un enfant immature, ou un étudiant
ignorant, ou un névropathe, ou un psychopathe, chacun de ces
concepts qui m'appartiennent le limitera dans ce qu'il peut-être
dans la relation.
Martin Buber, le
philosophe existentialiste de l'université de Jérusalem,
a une phrase :
"Confirmer l'autre"
qui a eu une signification pour moi.
Il dit "Confirmer
veut dire... accepter tout le potentiel de l'autre... Je peux reconnaître
en lui, connaître en lui la personne qu'il a été...
créé pour se développer... je le confirme en moi,
puis en lui-même, en rapport avec cette potentialité que...
peut alors être développé, peut évoluer".
Si j'accepte l'autre
personne comme quelque chose de statique déjà diagnostiquée
et classée, déjà modelée par son passé,
alors je contribue à confirmer cettre hypothèse limitée.
Si je l'accepte
comme un processus "en développepent", alors je fais ce que je peux
pour confirmer ou rendre effectives ses potentialités.
C'est sur ce point
que je vois Verplank, Lindsley et Skinner, en travaillant sur le conditionnement
opérant, rencontrer Buber, le philosophe ou le mystique.
Tout au moins se
regroupent-ils en principe d'une étrange façon.
Si je considère
une relation uniquement comme une occasion de renforcer une certaine catégorie
de mots ou d'opinions chez l'autre, alors j'ai tendance à
le confirmer en tant qu'objet - un objet fondamentalement mécanique
ou manipulable.
Et si je reconnais
ce fait comme son potentiel, il aura tendance à agir dans le sens
de la confirmation de cette hypothèse.
D'autre part, si
je reconnais la relation comme une opportunité de "renforcer"
tout
ce qu'il est, la personne qu'il est avec toutes ses ressources existantes,
alors il aura tendance à agir dans le sens qui confirmera cette
dernière hypothèse.
Je l'aurai donc
- pour utiliser de Buber - confirmé comme une personne vivante,
capable d'un développement intérieur créatif.
Personnellement,
je préfère cette deuxième sorte d'hypothèse.
CONCLUSION
Dans la première
partie de cet article, j'ai examiné certaines contributions apportées
par la recherche à notre connaissance
sur les relations.
Essayant de conserver
en mémoire cette connaissance, j'ai alors abordé le genre
de questions qui émergent, de l'intérieur et subjectivement,
quand je m'engage en tant que personne, dans les relations.
Si en moi-même
je pouvais répondre par l'affirmative à toutes les questions
que j'ai soulevées, alors je crois que toutes les relations dans
lesquelles j'ai été impliqué auront été
des relations d'aide, auront entraîné le développement.
Mais, je ne peux
pas donner une réponse positive à la plupart de ces questions.
Je peux seulement
travailler dans la direction de la réponse positive.
Cela a soulevé dans
mon esprit un doute énorme :
La relation d'aide
optimale est le type de relation établie par une personne qui est
psychologiquement mûre...
En d'autres termes
ma capacité de créer des relations qui facilitent le
développement des autres en tant que personnes distinctes, est à
la mesure du développement que j'ai déjà accompli
en moi-même.
A certains égards,
c'est une pensée qui dérange mais c'est aussi une pensée
prometteuse et pleine de défis.
Cela voudrait dire
que si je suis intéressé à créer des relations
d'aide j'ai devant moi une perspective de vie professionnelle fascinante,
étendant et développant mes ressources dans le sens du
développement.
Je reste avec la
pensée inconfortable que ce que j'ai travaillé pour moi
dans cet article puisse n'avoir que peu de choses en commun avec vos
intérêts et votre travail.
Si tel est le cas,
je le regrette.
Mais je me sens au
moins partiellement conforté par le fait que nous tous, qui travaillons
dans le champ des relations humaines et qui essayons de comprendre l'ordre
de base de ce domaine, sommes engagés dans la plus cruciale
entreprise du monde d'aujourd'hui.
Si nous essayons
de comprendre, d'une façon réfléchie, nos tâches
d'administrateurs, enseignants, éducateurs, conseils professionnels,
thérapeutes, nous travaillons alors sur le problème qui
déterminera le futur de cette planète.
Car ce n'est pas
de la Physique que le futur dépendra.
Il dépendra
de nous qui essayons de comprendre et de nous occuper d'inter-actions
entre les êtres humains, de nous qui essayons d'établir
des relations d'aide.
Alors j'espère
que les questions que je me suis posées seront de quelque utilité,
pour vous, en vous aidant à comprendre davantage lorsque vous
tentez, à votre façon de faciliter le développement
dans vos relations.
(Extrait de "On becoming a person" - "Devenir une
personne" - 1961, Carl ROGERS, Houghton Mifflin Company, Boston.
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