MEDICALLY CORRECT

L'idéologie du sida, édition 1995

Il existe une alternative d'espoir qui s'oppose radicalement au discours officiel sur le sida. Elle s'y oppose par deux points de vue essentiels : a) le virus n'est (presque) rien, c'est le terrain biologique-émotionnel, donc la responsabilité de l'individu quant à son immunité, qui est (presque) tout. Et b) cette responsabilité peut s'acquérir qui est porteuse de solutions thérapeutiques et prophylactiques raisonnablement optimistes,  et elle démystifie fondamentalement la psychose d'épidémie (qui n'a d'ailleurs pas lieu).

Cette alternative est un appel pressant à l'autonomie fondatrice, celle qui renforce le système immuno-libertaire des individus alors que le discours orthodoxe de panique participe du désordre financier, médical et pharmaceutique totalitaire, dans sa logique de destruction finale du vivant.

Le discours univoque du sida officiel est celui de tous les médias, soumis à la loi  tutélaire des biens-pensants de la maladie des gens. On trouve ces derniers dans les conseils des-ordres qui ont fait depuis des décennies la preuve de leur nocivité par le délire médicamenteux, chirurgical, social-sécuritaire, vaccinal,  qu'ils réglementent et veulent imposer par les mesures d'intimidation ou de franche répression.

L'idéologie officielle du sida n'est en rien dans son principe différente d'autres doctrines médicales, par exemple celle du cancer, qui a fait largement les preuves de ses inefficacité et perversité depuis des décennies. À moins qu'il ne s'agisse vraiment de s'enrichir sur le dos de l'angoisse. Par leur fonction d'agences de pub à sens unique, les médias sont donc d'objectifs lobbyistes du trust médico-pharmaceutique. Ils n'ont de cesse de promouvoir une seule et unique perspective : trouver un médicament-miracle contre le sida. Alors que la conviction est faite depuis des années pour de nombreux chercheurs-découvreurs structurellement indépendants et libres d'esprit : il n'y a pas de miracle à attendre d'une drogue mythique extérieure à soi pour inverser le cours mortel de choses dont l'on est soi-même l'acteur principal. L'illusion miraculeuse renvoit à l'impérieuse nécessité d'accéder à l'indépendance intellectuelle et à la maturité émotionnelle. Un continuel développement de soi, aussi difficile que passionnant, avec ceux qui aspirent à l'infinie immensité de la liberté.

La pensée univoque ignore les empêcheurs de penser en ronds, qui se refusent de panser pour ce fric de la spéculation du mal-être. Ses menaces de conditionnement normatif obligent à une prise de conscience bénéfique, et conduisent à préciser : que penser autrement le sida ne rend pas insensible à la souffrance et au drame de gens en situation de victimes provisoires. Qu'il vaut mieux préférer toutefois la dynamisation à la compassion, cette dernière les enfonce dans leur état morbide, la première les en sort. Que cette exhortation n'est pas un délirant déni de réalité, pas plus qu'une interpellation imprudente de ses semblables trop estimés pour accepter la résignation, puis sombrer dans l'indifférence, pour finir dans l'automatisme précadavérique. Que ce n'est pas davantage de l'angélisme : il y a des limites, des seuils au-delà desquels mourir si possible en paix est le seul recours envisageable. Que les découvreurs du vivant ne parlent pas en théoriciens, mais d'abord en cobayes, démontrant par leurs confrontations réussies à de véritables ou soi-disant menaces de mort ou autres phobies contaminatrices, qu'une volonté assise sur la conscience de son statut immunologique-émotionnel, associée au plaisir partagé, représente le meilleur vaccin universel. Qu'il n'y a pas lieu de rejeter dogmatiquement les moyens d'intervention d'urgence, quand il y a effectivement urgence, soit quelques fractions de pour-cent des cas. Et qu'il faut s'insurger quand des organisations caritatives-humanitaires avalisent le seul programme pastorien, monolithique et iatrogène, des pontes médicaux aux ordres de l'ultra-libéralisme nécrophile, et refusent une approche émancipatrice d'autonomisation de l'être considéré non plus comme objet d'institutions, mais comme sujet de sa vie.

Depuis 1-2 ans, des gens qui n'avaient entendu que la sirène médiatique ont ressenti trouble et doute en écoutant ces voix discordantes et leur propre coeur. Ils ont admis la valeur intrinsèque de la provocation : aller chercher soi-même plus loin que ce que le discours dominant leur apporte prêt-à-consommer. D'autres ont reconnu à ces voix un certain mérite à énoncer avec clarté une pensée qu'ils avaient déjà en eux, mais désordonnée ou floue. D'autres enfin ont proféré des injures, ce sont généralement des spé   cialistes en sidologie ayant investis en fric et relations publiques dans l'optique d'un long cours, celui de vivre de la maladie d'autrui. La perplexité chez certains séropositifs est aussi légitime, on doit avec à propos les inviter à rencontrer ces témoins hautement démonstratifs que sont les survivants à long terme, expression un rien désuète pour désigner ceux qui vivent pas plus mal que les ìnormaux bien-portantsî depuis 10 ans voire plus après avoir été diagnostiqués séropositifs. La caractéristique, rappelons-le, de leur ìmiraculeuse résurrectionî tient à quelques décisions décisives : ne pas se laisser paniquer par l'annonce du test, accepter ce coup de semonce comme un signal d'alerte impératif pour réformer - révolutionner, au choix - son existence en modifiant  radicalement son mode de vie (suppression des intoxications, alimentation saine, engagement d'actions constructives), rejeter l'AZT et la télé. Opter farouchement pour la joie et le plaisir , souveraines prophylaxies de la peur qui nous tue à long ou petit feu.

Mais la peur nourrie de l'ignorance, et l'énormité de la monstruosité institutionnelle, sont telles qu'elles aveuglent, même ceux qui se targuent pourtant d'exigence critique et de lucidité hors du commun. On peut sûrement mourir de peur en se laissant faire, plus difficilement guérir de la peur de mourir puisqu'il faut lutter. L'obligation de nous battre pour vivre nous est faite par la déclaration de guerre des sidas actuels et programmés. S'assurer contre ces menaces sinistres n'est évidemment pas l'objectif des institutions sécuritaires, qui revendiquent sans vergogne ni retenue l'assistance miséricordieuse ou le droit du plus fort au plus fort profit. Et formulent unilatéralement leur droit de mort sur nos vies, au motif d'une inextinguible croissance cannibale érigée en loi divine d'inéluctable fatalité. Dans leur logique de dominance, les saigneurs n'ont plus besoin que de machines, plus fiables et perfectibles que les plus dociles et performants des salariés. Leur idéal vise l'esthétique d'éternité des nécropoles militaires. Leurs médias orchestrent cette inversion pathologique du vivant dans le spectacle des illusions et du faux-semblant, où chacun doit se modéliser en clone de clown de MacDonald's.

Il nous faut donc critiquer sans cesse les entreprises des apparences. Pourquoi celle du sida ferait-elle exception ? Il nous faut critiquer ces manoeuvres et subterfuges à vouloir nous faire croire, à commencer par notre propre assoupissement. Il nous faut être totalement pertinents pour arriver à la pertinence de notre totalité.   L'impertinence n'a cependant de sens que si elle est joyeusement contagieuse. Foin donc des éminences cafardeurses de l'inquisition autoritairement liberticide. Et merci aux âmes audacieuses de l'investigation authentiquement libertaire.

Gian LAURENS,  Paris, Tous Sains, 1er novembre 1995.


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