Le Dr. Peter Duesberg à propos du sida
Quelles sont les causes du SIDA ?
Je propose que le SIDA n'est pas une maladie contagieuse provoquée
par un virus ou un microble classique, car aucun virus ou microbe ne mettrait
en moyenne 8 ans pour provoquer une première maladie, ni ne toucherait
de façon sélective uniquement les individus qui ont habituellement
un comportement à risque, ni ne serait capable de provoquer un
cumul de plus de 20 maladies dégénérescentes et néoplastiques.
Un virus ou un microbe classique ne pourrait pas non plus survivre s'il
était transmis de façon aussi inefficace que le SIDA et
tuait son hôte au cours du processus. Les virus classiques sont
soit hautement pathogènes et faciles à transmettre, soit
non-pathogènes et latents et par conséquent très
difficiles à transmettre. Il existe également des virus
ou des microbes classiques qui provoquent des maladies secondaires ou
même primaires longtemps après l'infection, mais seulement
lorsqu'ils sont réactivés dans de rares cas de déficiences
acquises du système immunitaire. De telles infections opportunistes
sont la conséquence plutôt que la cause de l'immuno-déficience.
Depuis que le SIDA est défini par de nouvelles combinaisons de
maladies classiques, il peut être provoqué par de nouvelles
combinaisons de facteurs classiques. L'administration répétée
du facteur VIII (transfusions sanguines) ou de drogues, l'activité
homosexuelle masculine fortuite chronique associée à la
consommation de drogues, de nombreuses infections parasitaires aigu's
et la malnutrition chronique - sur une durée moyenne de 8 ans -
sont des facteurs qui semblent apporter, sur le plan biochimique, des
bases plus tangibles et plus plausibles pour le SIDA qu'un rétrovirus
inactif.
En effet, la corrélation entre le SIDA et de tels facteurs est
de 95%. Parmi ces facteurs, l'EBV, le cytomégalovirus, le virus
de l'herpes simplex et l'administration de composants du sang et du facteur
VIII ont tous été identifiés comme des causes d'immuno-déficience,
non seulement chez les hémophiles séropositifs, mais aussi
chez les hémophiles séronégatifs. En fait, on a découvert
que la dose de facteur VIII reçue était directement proportionnelle
aux immuno-déficiences subséquentes. L'inhalation répétée
de toxines stupéfiantes semble jouer un rôle majeur aux Etats-Unis
et en Europe. Bien plus, le fait que le nombre de cas de sarcome de Kaposi
ait diminué en même temps que la consommation de nitrites,
au lieu de suivre avec un retard de 8 ans comme ce devrait être
le cas si l'on admet la période de latence de 8 ans du VIH, plaide
directement contre un rôle quelconque du VIH dans le sarcome de
Kaposi. Environ 30% des sidéens américains sont des consommateurs
invétérés de drogues injectées. A cause de
la difficulté d'évaluer les informations concernant la drogue,
il est probable que le pourcentage de consommateurs de drogues injectées
et/ou non-injectées soit même plus élevé. Par
exemple, neuf drogues différentes étaient utilisées
en combinaison par une cohorte d'homosexuels à San Francisco ayant
développé des anticorps du VIH. A nouveau, on peut constater
les corrélations quantitatives drogue - SIDA. Par exemple, la diminution
de la consommation d'inhalations de nitrite est en corrélation
avec la diminution de la fréquence du sarcome de Kaposi chez les
homosexuels. Bien plus, il a été documenté que la
malnutrition en protéines, les infections parasitaires et l'exposition
aux toxines sont les causes les plus communes de l'immuno-déficience
des cellules T de par le monde, particulièrement dans les pays
en voie de développement. Contrairement au VIH, les caractéristiques
de ces facteurs de risque fournissent une explication plausible à
la spécificité du risque dans les maladies du SIDA. Les
longs et imprévisibles intervalles entre l'apparition d'anticorps
du VIH et le début du SIDA reflèteraient alors les seuils
au-delà desquels ces facteurs provoquent les maladies du SIDA,
plutôt qu'un improbable mécanisme de pathogénèse
du VIH.
En réponse à cette opinion, on fait souvent remarquer que
les risques liés au SIDA existent depuis longtemps, alors que le
SIDA est censé être un nouveau syndrome. Cependant, cet argument
ne prend pas en considération le fait que les groupes à
risque principaux - homosexuels et consommateurs de drogue par voie intraveineuse
- sont devenus apparents et acceptables aux Etats-Unis seulement durant
les 10 à 15 dernières années, à peu près
au même moment où le SIDA a commencé à apparaître.
L'acceptabilité a facilité et probablement accru les comportements
à risque, d'où la fréquence des nombreuses maladies
maintenant appelées SIDA. Il a été signalé
que la consommation accrue de drogues avait fait augmenter le nombre de
décès liés à la drogue, même si l'interprétation
préférée était celle de contaminations par
le VIH non-confirmées. D'ailleurs, la permissivité particulière
à l'égard de ces groupes à risque dans les métropoles
a encouragé le regroupement des cas nécessaire à
la détection du SIDA. En outre, il a été indiqué
que le dépérissement, la fièvre et la diarrhée
en Afrique n'étaient pas une nouvelle épidémie, mais
des maladies anciennes sous un nom nouveau, provoquées par des
agents infectieux déjà connus et par la malnutrition.
Cette analyse offre plusieurs avantages. Elle met un terme à la
peur d'être contaminé par le VIH, et en particulier à
la peur de l'immunité au VIH, puisqu'elle prouve que le VIH seul
n'est pas suffisant pour provoquer le SIDA. Pour déterminer si
le VIH est nécessaire au SIDA, des études contrôlées
et sélectives doivent être entreprises, soit sur des preneurs
de risques qui diffèrent seulement par la présence d'anticorps
du VIH, soit sur des individus séropositifs qui diffèrent
seulement par les risques pris. En outre, la détermination d'un
potentiel pathogène du VIH dépendrait de la preuve que l'espérance
de vie de preneurs de risques séropositifs est plus courte que
celle des preneurs de risques séronégatifs. De plus, il
faudrait déterminer si, avant 1981, les preneurs de risques avaient
contracté ce qu'on appelle aujourd'hui des maladies du SIDA. Cette
analyse suggère également des études sur comment
la nature, la fréquence et la durée des risques pris entraînent
des maladies dûes à ces mêmes risques. De telles études
devraient inclure des personnes traitées à l'AZT avant et
après l'apparition des symptômes du SIDA, afin d'établir
les risques de SIDA représentés par l'AZT. A cette fin,
les maladies devraient être désignées par leurs noms
d'origine, plutôt que par l'appellation SIDA, à cause de
leur association aux anticorps du VIH. Enfin, cette analyse suggère
que les efforts de prévention du SIDA soient concentrés
sur les facteurs de risque liés au SIDA plutôt que sur la
transmission du VIH.
Extrait des "Proceedings of the National Academy of Sciences", vol. 80, pp. 755-764,
février 1989.
Dr. Peter Duesberg est membre de l'Académie Nationale des Sciences.
Dr. Peter Duesberg, MCB-SH/DL Stanley Hall, UC Berkeley, Berkeley, CA 94720.
Tel: 510 642 6549; Fax: 510 643 6455.
Professor Peter Duesberg website : www.duesberg.com
Université de Californie à Berkely.
email : peter@duesberg.com
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